La reconnaissance faciale en chasse d’un nouveau terrain de jeu
Si le RGPD lui dresse encore certaines barrières, la reconnaissance faciale ne cesse pourtant de se développer. La conquête de la voie aérienne, par l’intermédiaire de drones, pourrait rapidement devenir la prochaine avancée majeure de ce système controversé.
C’est une technologie qui reste perfectible à beaucoup de points de vue. Aussi bien technique – où de nombreuses erreurs d’identification font les gros titres -, éthique que politique, sur le plan législatif. En dépit de cela, la reconnaissance faciale continue de gagner du terrain. Ces avancées se font d’ailleurs remarquer sur chacun des domaines précédemment cités.
Une première avancée politique
D’un point de vue politique, Cédric O – secrétaire d’État au numérique – ouvrait d’ailleurs la porte le lundi 14 octobre 2019 dans les colonnes du quotidien Le Monde.
À cette occasion, il constatait ainsi que « la technologie est en avance sur la régulation. Aujourd’hui, la reconnaissance faciale entre dans nos vies sans que son cadre d’utilisation n’ait encore été clarifié » … Ajoutant par ailleurs qu’une expérimentation « est nécessaire pour que nos industriels progressent ».
Une reconnaissance faciale en mouvement et aérienne ?
Et ces progressions n’ont pas attendu l’approbation législatif pour être visibles. Preuve en est avec l’entreprise française Azur Drones, qui pourrait prochainement être la première à instaurer cette technologie sur une caméra en mouvement.
« On travaille sur des fonctionnalités qui sont déjà en test chez nous », confie ainsi Grégoire Thomas, directeur général adjoint ventes et stratégie pour Azur Drones. « Les premiers résultats sont très satisfaisants », rajoute notre interlocuteur.
En d’autres termes, la prochaine étape pourrait ainsi d’embarquer un dispositif de reconnaissance faciale par la voie aérienne. À bord d’un drone. Celui de la firme française, baptisé Skeyetech, dispose en tout cas des outils nécessaires pour permettre cette potentielle avancée.
Notamment par l’intégration de Security Center, le VMS (système de gestion vidéo) de Genetec, déjà rodé en matière de reconnaissance faciale. L’article sur le sujet, publié dans le numéro 555 de Face au Risque (septembre 2019) tend d’ailleurs à le prouver.
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En attendant de réussir cet éventuel tour de force, et devenir un pionnier sur ce domaine, l’entreprise française a d’ores et déjà gravi de nombreuses marches sur son propre produit.
Le drone de surveillance Skeyetech approuvé par les autorités
Elle est en effet à l’heure actuelle l’une des rares au niveau européen à disposer d’un système autonome sur son drone. Rendant du même coup obsolète la présence « à bord » d’un télépilote pour les rondes périmétriques.
Aujourd’hui, Skeyetech se prédestine essentiellement à la surveillance aérienne – par deux caméras optique et nuit – de sites sensibles (sites industriels, Seveso, zones portuaires, sites de stockage ou autres installations pétrolières…).
Le drone Skeyetech au salon APS 2019, avec Nicolas Billecocq, directeur général Azur Drones
(à droite sur la photo), et Grégoire Thomas (directeur général adjoint ventes et stratégie).
Cela de manière tout à fait légale grâce à l’accord de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), rattachée au ministère de la Transition écologique.
Et si cet accord s’étendait au milieu urbain…
À la lecture des propos de Cédric O, il pourrait désormais être envisageable de voir la fenêtre de la reconnaissance faciale s’ouvrir – législativement – pour le grand public. Cela dans un futur qui paraît de plus en plus proche… Comme lors du test grandeur nature réalisé durant l’édition 2019 du Carnaval de Nice.
Dans ce cas de figure précis, où technologie et législation trouveraient un accord, il serait alors imaginable de voir un drone survoler les rues pour un besoin d’identification.
Un système de surveillance qui ne serait d’ailleurs pas pour déplaire à certains élus… À commencer par ceux d’Élancourt (Yvelines), qui ont déjà fait le pari de la technologie pour la surveillance de leur ville en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024.
« Un complément homme – machine »
Dans l’attente de cet éventuel futur marché, qui ne reste qu’hypothétique pour le moment, Azur Drones a d’ores et déjà déployé sa nouvelle stratégie.
Le récent salon APS, qui se tenait dans la capitale début octobre, a en effet été l’occasion pour la firme d’officialiser son partenariat avec Onet Sécurité. Une signature qui offre ainsi aux deux groupes l’opportunité de développer une « solution complémentaire homme – machine en matière de sécurité » comme l’annonce Nicolas Billecocq, directeur général d’Azur Drones.
Concernant une future complémentarité « voie terrestre – voie aérienne » pour la reconnaissance faciale, une bonne partie du chemin reste encore à parcourir. Aussi bien d’un point de vue technique… que politique et éthique.
Eitel Mabouong – Journaliste
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