Élancourt pionnière d’une smart city à la française à l’aube de Paris 2024

24 septembre 20195 min

La ville d’Élancourt a officialisé son partenariat avec le groupe canadien Genetec le vendredi 20 septembre 2019. Cet accord n’est pas le premier entre la multinationale et la ville. Celui-ci se veut toutefois stratégique dans l’optique des Jeux olympiques de Paris 2024.

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Il n’y a pas que l’Etat qui tirera profit des retombées politico-économiques des Jeux olympiques de Paris 2024. Les collectivités locales qui accueilleront cet événement ne sont en effet pas en reste. Preuve avec le cas de la ville d’Elancourt, qui entend franchir un cap en matière de sécurité urbaine grâce aux Jeux. La ville accueillera notamment quatre épreuves de cette olympiade.

Sous l’impulsion de Jean-Michel Fourgous, maire la ville et président de l’agglomération de Saint-Quentin-en- Yvelines (SQY), Élancourt a ainsi décidé d’élargir son partenariat avec Genetec en matière de sécurité numérique et de vidéosurveillance.

« Tous les secteurs vont être touchés par le numérique. Le numérique n’est pas seulement une évolution… C’est une rupture », a ainsi lâché l’élu (au centre sur la photo) au moment de la signature du contrat, qui fait de la firme canadienne l’équipementier officiel du futur centre de surveillance urbain (CSU) de l’agglomération de SQY.

Dans les faits, ce sont d’ores et déjà plus de 100 caméras de vidéosurveillance qui sont installées de manière stratégique à travers la ville… Essentiellement dans les zones repérées pour leur sensibilité face aux risques de malveillance ou criminalité. Mais également dans l’ensemble de l’hyper centre de la ville.

Dans la lignée des J.O. 2024, ce sont près de 300 caméras qui seront bientôt à disposition du futur CSU d’Élancourt et SQY.

Sécurité urbaine ou hypersurveillance ?

En attendant le futur CSU, dont la date de livraison est prévue pour 2023 (avec en ligne de mire les J.O de Paris 2024), une question reste en suspens : faut-il considérer la mise en place d’une centaine de caméras (pour une ville de seulement 26 000 habitants) comme de la simple sécurité urbaine… ou plutôt comme de l’hypersurveillance ?

Police municipale armée, brigade canine, brigade équestre, drones (déjà à disposition mais dont l’usage reste pour le moment interdit pas la loi) … Les élus n’avaient déjà pas lésiné sur les moyens de lutte contre l’insécurité. Pourquoi alors avoir misé sur la vidéosurveillance en 2011, et sur Genetec en 2014 ?

Pour le maire de la ville, cette question ne fait pas l’objet d’un quelconque débat. « Il faut s’adapter aux délinquants. S’adapter, c’est ne pas rester aux vieilles techniques. Nous devons être innovants », argue-t-il. C’est en ce sens que le numérique est venu s’ajouter aux autres plans d’action.

Quant au choix de Genetec, venu remplacer un précédent prestataire, c’est le fait que le groupe propose une plateforme de sécurité unifiée qui a fait la différence.

Système Lapi, contrôle d’accès, cartographie de visualisation des agents de la police municipale sur le terrain, système de communication entre les agents… Le système « Security center » proposé par Genetec va bien au-delà de la simple caméra de vidéosurveillance.

« Ce n’est pas de la technologie pour de la technologie », annonce André Baudoui, conseiller municipal délégué à la sécurité d’Élancourt. « Grâce à Security center, toutes les solutions de surveillance sont synchronisées et accessibles depuis la même interface. Par exemple, lorsqu’un incident de contrôle d’accès se produit, comme l’ouverture d’une porte qui devrait rester fermée, nos agents peuvent afficher sur le même écran les images de la caméra de vidéosurveillance la plus proche et voir ce qu’il se passe exactement », ajoute-t-il.

« Big mother, pas big brother »

Si la question de l’efficacité du produit n’est plus à démontrer, tant elle est reconnue outre-Atlantique (voir le cas de Chicago dans l’article « Reconnaissance faciale made in Genetec » publié dans le numéro 555 de Face au Risque, daté de septembre 2019), pourquoi en faire usage dans une ville dont le taux de criminalité est loin d’être le plus élevé du territoire français ?

Pour Pierre Racz , président de Genetec (à droite sur la photo), Élancourt fera office de « chef de fil » en France – de précurseur – d’une « Smart city » qui paraît de plus en plus inéluctable… Avant de voir, très probablement, d’autres villes ou agglomérations de l’Hexagone s’équiper de pareils dispositifs dans les années à venir.

Il n’a par ailleurs pas manqué de rappeler, lors du point presse du vendredi 20 septembre, que c’est la France qui avait déjà « servi de tremplin sur le monde » pour le groupe canadien au début des années 2000, lorsque les Aéroports de Paris avaient accordé leur confiance pour renforcer la sécurité des lieux sur le plan technologique.

Selon l’intéressé, il ne s’agit pas pour autant d’utiliser à outrance la technologie mais simplement de s’en servir correctement.

« En matière de technologie, on a fait des progrès… mais aussi quelques faux-pas », concède volontiers Pierre Racz. Elle reste cependant un moyen « d’améliorer la vie et la sécurité des citoyens tout en assurant la préservation de leur vie privée », rappelle-t-il. « Ce n’est pas big brother, c’est big mother », image ainsi le président de Genetec.

Une autre manière de dire que les progrès en matière de vidéosurveillance, qui incluent la reconnaissance faciale, ne sont pas faits pour sanctionner les individus mais  avant tout pour assurer leur sécurité.

Reste désormais à savoir si la « big mother » d’Élancourt saura ne pas outrepasser les fonctions pour lesquelles elle est initialement programmée.

Eitel Mabouong, journaliste à FAR

Eitel Mabouong
Journaliste

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