Protéger les œuvres hors-normes du feu et des flammes, mission périlleuse

3 mai 20193 min

Protéger les œuvres hors-normes du feu et des flammes, mission périlleuse

L’incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019 a soulevé la question de la conservation des œuvres en cas de sinistre majeur. La charpente était en feu, des gouttes de plomb tombaient jusqu’à ce que la voûte s’effondre et que des restes des poutres fumantes s’écrasent dans la cathédrale. Dans ces conditions extrêmes, comment évacuer, conserver ou protéger les œuvres inestimables ?

Qu’il s’agisse d’une exposition temporaire ou d’une exposition permanente, un plan de sauvegarde des œuvres doit être élaboré. Il permet de recenser les œuvres prioritaires, de les localiser dans la bâtisse et d’indiquer aux secours la manière de les manipuler.

Protéger les œuvres, un travail en commun

Cette opération ne peut être réalisée qu’avec le conservateur de la structure à protéger. Il faut prendre en compte l’effectif prévisible des secours ou personnel d’astreinte et vérifier leur adéquation avec les tâches à accomplir.

Prévoir l’évacuation

Dans l’idéal, il faudrait pouvoir répéter les opérations pour avoir une idée de leur durée et ainsi séquencer l’évacuation. Ce n’est pas toujours possible. Un contact avec d’autres organisations ayant déjà élaboré ce document peut se révéler pertinent.

L’exemple d’une toile monumentale

Dans un article publié le 1er mai 2019, le New York Times (en anglais) évoque le déménagement hors-normes de la toile « la Jeunesse de Bacchus » (notre photo) réalisée par William-Adolphe Bouguereau en 1884.

La toile, estimée entre 22 et 32 M€ mesure 6 mètres de long sur plus de 3 mètres de large.
Autant dire que le déménagement depuis l’appartement du 6e arrondissement de Paris, où la toile est accrochée depuis 135 ans, jusqu’à la salle des ventes Sotheby’s de New York est une opération hors-norme. Pas moins de vingt personnes ont été nécessaires pour effectuer l’opération.

Une succession d’opérations délicates

Le quotidien Newyorkais les détaille, photos à l’appui. Décrochage, enlèvement du cadre et du support de la toile. L’opération la plus surprenante est ensuite le roulage de la toile… À la manière d’un tapis, dans plusieurs épaisseurs de plastiques. Le tout est ensuite empaqueté dans d’immenses caisses de bois, extraites  de l’appartement par une grue avant d’être envoyé par avion.

L’expédition méritait bien un tel soin mais on imagine sans mal que ces opérations ne peuvent pas être conduites en cas de sinistre.

Que faire en cas de sinistre ?

Dans ce cas précis, au vu des dimensions, il n’est pas possible de la transporter. Sa valeur indique qu’il est préférable de la protéger, aussi faudrait-il opter pour un système de protection local et réserver à la toile. Avant la ruine de l’édifice (et du possible support du tableau), c’est d’abord la chaleur et les fumées qui constituent les principaux risques.

Des solutions techniques

Pour les prévenir, il existe des moyens techniques. Comme les rideaux textiles. Constitués de fibres de verres renforcés avec de l’acier, ils peuvent être faits sur-mesure, se dérouler en moins d’une minute et protéger des fumées. Pour bloquer la propagation des flammes et de la chaleur, certains pourront même être irrigués. En effet, un système peut prévoir l’arrosage de la face exposée à l’incendie. Reste que dans le cas d’un sinistre majeur, ces mesures permettront surtout de gagner du temps pour intervenir sur le cœur de l’incendie.

David Kapp
Rédacteur en chef

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