Manipulation des extincteurs : quels sont les personnels concernés et la fréquence de la formation ?

21 septembre 20207 min
Manipulation des extincteurs. Photo CNPP

Le code du travail impose une formation à la sécurité incendie de l’ensemble du personnel comprenant notamment
des exercices pour apprendre à se servir des moyens de premier secours.

L’article R.4227-38 du code du travail précise que la consigne de sécurité incendie indique :

  • le matériel d’extinction et de secours qui se trouve dans le local ou à ses abords ;
  • les personnes chargées de mettre ce matériel en action ;
  • pour chaque local, les personnes chargées de diriger l’évacuation des travailleurs et éventuellement du public ;
  • les mesures spécifiques liées à la présence de personnes handicapées, et notamment le nombre et la localisation des espaces d’attentes sécurisés ou des espaces équivalents ;
  • les moyens d’alerte ;
  • les personnes chargées d’aviser les sapeurs-pompiers dès le début d’un incendie ;
  • l’adresse et le numéro d’appel téléphonique du service de secours de premier appel, en caractères apparents ;
  • le devoir, pour toute personne apercevant un début d’incendie, de donner l’alarme et de mettre en œuvre les moyens de premier secours, sans attendre l’arrivée des travailleurs spécialement désignés.

Lieu d’affichage de la consigne

L’article R.4227-34 précise que cette consigne doit être établie dans :

  • les établissements dans lesquels peuvent se trouver occupées ou réunies habituellement plus de cinquante personnes;
  • les établissements, quelle que soit leur importance, où sont manipulées et mises en œuvre des substances ou préparations classées explosives, comburantes ou extrêmement inflammables, ainsi que des matières dans un état physique susceptible d’engendrer des risques d’explosion ou d’inflammation instantanée.

Formation

L’article R.4227-39 impose une formation de l’ensemble du personnel. Et il précise que la consigne de sécurité incendie doit prévoir des exercices au cours desquels le personnel apprend à :

  • reconnaître les caractéristiques du signal sonore d’alarme générale ;
  • utiliser les espaces d’attente sécurisés ou les espaces équivalents ;
  • se servir des moyens de premier secours ;
  • exécuter les diverses manœuvres nécessaires.

Ces exercices doivent avoir lieu au moins tous les six mois. Par ailleurs, cette formation de tous les travailleurs à la manipulation est également exigée au regard de l’article R.4227-28 selon lequel l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour que tout commencement d’incendie puisse être rapidement et efficacement combattu dans l’intérêt du sauvetage des travailleurs.

Les écarts réglementaires

Dans la pratique de la sécurité incendie, la périodicité de six mois n’est pas nécessairement respectée. Une formation annuelle est généralement rencontrée, avec un roulement du personnel ce qui peut conduire à un recyclage tous les trois ans. Cependant, il importe que la première formation intervienne au plus près de la date d’embauche du salarié.

Ces écarts rencontrés dans la pratique de la sécurité incendie ne sont pas explicitement admis par la réglementation.

Le seul écart réglementaire est mentionné dans la circulaire DRT n° 95-07 du 14 avril 1995 relative aux lieux de travail concernant l’exercice d’évacuation :

« La périodicité des exercices a été fixée à 6 mois. Le contenu des exercices au cours desquels le personnel apprend à reconnaître les caractéristiques du signal sonore d’alarme générale, à se servir des moyens de premiers secours et à exécuter les diverses manœuvres nécessaires, conduit à réaliser périodiquement un exercice d’évacuation. Mais, cette évacuation n’est pas forcément réalisée à chaque exercice. Car, notamment dans les établissements importants, situés en centre urbain, une telle évacuation peut générer des problèmes de sécurité sur la voie publique. Tel est le cas des établissements pour lesquels l’exercice d’évacuation pourrait présenter des risques pour la sécurité des personnels, (établissements bancaires par exemple). Il est important que les exercices intègrent l’organisation de l’évacuation, vérifient que l’encadrement chargé de l’évacuation est bien opérationnel, sans pour autant que l’évacuation soit menée chaque fois à son terme. »

Les équipiers de première intervention

Les notions d’équipiers de première intervention (EPI) et d’équipiers de seconde intervention (ESI) ne sont pas prévues par la réglementation mais par la pratique de la sécurité incendie. Notamment par le référentiel APSAD R6 « Maîtrise du risque incendie – Organisation et système de management ».

Ce référentiel (lire ci-dessous) donne à la première intervention pour mission :

  • de donner l’alarme pour déclencher les secours intérieurs et prévenir le poste de surveillance (qui alertera les secours extérieurs) ;
  • d’intervenir immédiatement dans la zone de travail, avec les moyens disponibles sur place (avec les extincteurs et les robinets d’incendie armés [RIA]).

Les compétences attendues, le programme de formation et la fréquence de recyclage des EPI sont définis à l’annexe 5 du référentiel.

Les équipiers de seconde intervention

De son côté, la seconde intervention a pour mission de renforcer la première intervention avec, le cas échéant, des moyens complémentaires (autres que les extincteurs et RIA), en attendant l’arrivée des secours extérieurs. Les compétences attendues, le programme de formation et la fréquence de recyclage des ESI sont définis à l’annexe 5 du référentiel.

Les obligations de l’employeur

En matière de prévention et de lutte contre l’incendie issues du code du travail, les obligations de l’employeur correspondent à la première intervention (articles R.4227-28 à R.4227-39 : manipulation des extincteurs et le cas échéant des autres moyens d’extinction disponibles sur place, alarme sonore, consigne de sécurité incendie). Ainsi, réglementairement en ce qui concerne la première intervention, il y a lieu de se référer aux règles de formation en matière de manipulation des extincteurs : ensemble du personnel et périodicité de six mois, incluant les remarques ci-dessus en termes de tolérances.

La seconde intervention n’est pas imposée par le code du travail. La réglementation nationale des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) ne traite pas des ESI. Cependant, la mise en place et la formation des ESI peut être imposée au cas par cas dans le cadre de l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter du site ou par le biais d’un arrêté préfectoral de prescriptions complémentaires.

Il définit les pratiques suivantes en termes de constitution des équipes de première et seconde intervention et de périodicité de formation.

Nombre d’EPI

« Les équipiers de première intervention sont choisis en tenant compte des séquences de travail et de la configuration des locaux. Ils sont regroupés par zone géographique et par séquence de travail, en équipes constituées et désignées sur les panneaux de consignes et le registre de sécurité. L’effectif est défini afin de répondre simultanément aux deux critères suivants:

  • leur répartition géographique est telle qu’il soit possible de réunir en tout point d’une zone un effectif minimal de deux personnes en moins d’une minute;
  • au moins un employé sur dix par secteur (par secteur il faut comprendre une entité géographique cohérente – un atelier, un étage, une cellule de stockage, etc.).

En concertation avec l’assureur et en fonction du risque, l’effectif peut être augmenté, en particulier pour les petites entreprises. »

Nombre d’ESI

« Les équipiers de seconde intervention sont choisis en tenant compte de la nature des risques, des séquences de travail et de la configuration des locaux. Ils sont regroupés en équipes constituées et désignées sur les consignes et le registre de sécurité. L’effectif de base est de cinq équipiers (deux binômes d’intervenants et un contrôleur) et d’un chef d’équipe d’intervention par séquence de travail afin de pouvoir mettre en œuvre les moyens de secours minimum prévus au § 3.4. L’annexe 6 “Effectif des équipiers d’intervention” détaille les missions de ces équipiers. »

Périodicité de la formation

« Le recyclage consiste à organiser des séances d’entraînement pratique en situations (avec des exercices sur feux à combustibles réels pour les EPI et les ESI), au moins tous les ans. »

Ces formations concernent l’ensemble des équipiers.

Morgane Darmon

Morgane Darmon

Depuis 2011, consultante Assistance réglementaire – CNPP (Vernon). De 2007 à 2011, Morgane Darmon a exercé comme avocate en droit de l’environnement – Cabinet Hertslet Wolfer & Heintz (Paris)

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