Risques psychosociaux n° 4 – Conduire les entretiens et compléter le DU
Le présent article donne des clés pour mener à bien un diagnostic RPS grâce à des entretiens et intégrer les risques psychosociaux dans le document unique (DU) d’évaluation des risques.
Les documents INRS ED 6139 et 6140 « Évaluer les facteurs de RPS, l’outil RPS-DU » nous donnent la méthodologie à suivre pour effectuer un diagnostic RPS à l’aide d’entretiens et intégrer les risques psychosociaux dans le DU. Elle comporte cinq étapes :
1/ Définir les unités de travail. Elles ne sont pas forcément les mêmes que pour les risques physiques. Par exemple un opérateur et un chef d’équipe qui travaillent dans le même atelier sont soumis aux mêmes risques sonores, mais pas aux mêmes RPS. L’opérateur peut par exemple être soumis à des cadences élevées avec une faible autonomie. Alors que le chef d’équipe a beaucoup d’autonomie mais une plus grande amplitude horaire.
2/ Faire des groupes de travail de 5-6 salariés exposés au même risque. Les salariés retenus doivent être volontaires, refléter la composition de l’unité de travail, être à l’aise pour parler en groupe et porter la parole de leurs collègues.
3/ Échanger avec chaque groupe pour identifier les facteurs de risques psychosociaux. Les 26 questions du document de l’INRS explorent les 7 familles de RPS :
- intensité et complexité du travail ;
- horaires de travail difficiles ;
- exigences émotionnelles ;
- faible autonomie au travail ;
- rapports sociaux au travail dégradés ;
- conflits de valeur ;
- insécurité de l’emploi et du travail.
4/ Identifier les actions préventives et curatives. Pour chaque risque, on échange avec le groupe sur les actions préventives ou correctives à mettre en place. Le document de l’INRS donne de nombreux exemples d’actions.
5/ Compléter le document unique en intégrant les facteurs de RPS et les actions à mettre en place par risque.
Le document de l’INRS se veut autoporteur, c’est-à-dire que les entreprises doivent pouvoir l’utiliser en toute autonomie. Dans la pratique, elles ont du mal à mener ce diagnostic en interne et font souvent appel à un intervenant extérieur car :
- elles n’ont pas forcément une ressource en interne suffisamment compétente sur le thème des RPS. Et quand elles ont une ressource, celle-ci n’a pas forcément le temps de le faire, vu le nombre de sujets à traiter au niveau HSE et RH ;
- l’animation par un intervenant extérieur permet aux salariés de parler plus librement, ils savent que la restitution sera anonyme.
Comment animer ce groupe ?
Le piège d’un travail en groupe est que ceux qui sont le plus à l’aise prennent la parole au détriment des plus timides. Pour l’éviter, on peut donner au début de la réunion les 26 questions de l’INRS auxquelles chacun répond en indiquant des exemples concrets dans son travail. Cela permet d’enrichir les échanges au sein du groupe et d’aboutir plus vite à un consensus.
Entretiens collectifs ou individuels ?
L’INRS préconise d’effectuer des entretiens collectifs. Quand les entreprises ne peuvent pas libérer plusieurs salariés en même temps, on fait des entretiens individuels. La parole est encore plus libérée qu’en groupe. Le choix des salariés interrogés doit être fait par le groupe projet selon des critères objectifs : le plus ancien et le plus récent dans le poste, des salariés ayant eu des arrêts de travail liés au stress… Concernant le temps que prend cette démarche, comptez :
- pour des entretiens collectifs, une demi-journée par unité de travail, plus autant de temps pour en faire la synthèse ;
- pour les entretiens individuels, une heure par entretien, plus autant de temps pour en faire la synthèse.
In fine, un diagnostic sous forme d’entretiens individuels ou collectifs permet d’identifier de manière très fine les facteurs de RPS par unité de travail, de les coter (vert, orange, rouge) et de faire un plan d’actions pour les prévenir et les réduire.
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Evelyne Barbier
Spécialisée en prévention et gestion des RPS (Risques psychosociaux), Evelyne Barbier accompagne des entreprises dans leur démarche de prévention es RPS (diagnostic, plan d’actions) et anime des formations. Elle est également IPRP (Intervenant en prévention des risques professionnels), habilitée par l’INRS pour animer en son nom la formation « S’initier à la prévention des RPS », et référencée par la Carsat Hauts de France pour les démarches RPS.
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