Des technologies pour détecter l’emballement ou contenir l’incendie

Conçue par Honeywell, la solution « Li-ion Tamer Rack Monitor » a comme objectif de détecter « les signes précurseurs de défaillances » de batteries lithium-ion (« détection d’effluents gazeux – vapeurs d’électrolyte de batterie ») comme cela est indiqué sur le site internet de l’entreprise. La solution dispose également de capteurs permettant de mesurer la température ou le taux d’humidité de l’environnement dans lequel elle se trouve.

Cette technologie se destine aux industries dont certaines applications comprennent le stockage de batteries lithium-ion. Honeywell rappelle que sa solution « n’empêche ni les incendies ni l’emballement thermique ».

L’entreprise allemande Asecos fabrique des produits répondant à des normes strictes pour le stockage de produits dangereux (NF EN 14470-1 et EN 13363-1). Elle a lancé plusieurs générations d’armoires de recharge pour les batteries lithium-ion amovibles ou portatives. Comme l’explique Laurent Mauvoisin, expert sécurité batteries lithium pour Asecos France, la finalité de ces armoires est d’éviter une propagation de l’incendie.

Les portes de l’armoire sont fermées durant la phase de charge des batteries. Une alerte est émise en cas de détection de fumée ou de montée anormale de température à l’intérieur de l’armoire lors de la charge. Lorsque la température dépasse les 50°C, l’alimentation de charge des batteries s’interrompt.

Quand la température atteint les 70 °C, signifiant un possible emballement thermique sur l’une des batteries, les portes se verrouillent pour contenir le potentiel futur incendie au sein de l’armoire et éviter sa propagation.

La solution Fike Blue, conçue par l’entreprise américaine Fike Corporation, permettrait d’éteindre les incendies dans les systèmes de stockage de batteries lithium-ion en refroidissant directement les cellules touchées par un emballement thermique.

« Lorsqu’une anomalie de chaleur ou de gaz est détectée sur une batterie lithium-ion, un panneau de déclenchement active le cylindre pour faire circuler l’agent liquide Fike Blue dans tout le réseau de tuyauterie. C’est seulement dans le module où se trouve l’incendie que la buse s’ouvrira et déchargera le produit, qui immerge les cellules surchauffées à l’intérieur du module », explique ainsi le fabriquant sur son site internet.

La prudence reste cependant de mise concernant l’efficacité de cette solution innovante qui n’a pas encore été définitivement éprouvée dans les centres de certification européens.

Il s’agit d’un ensemble de solutions dont le but est de tenter de contenir un début d’incendie de batterie lithium-ion, ou d’en éviter la propagation. Ce pack est proposé par l’entreprise française FMS Incendie et comprend notamment :

• une couverture anti-feu ;
• une lance d’inertage pour le stockage stationnaire ;
• une lance perforante conçue par Rosenbauer (système Best) ;
• ou encore un container pour immerger les véhicules électriques (cellule d’intervention pour véhicules électriques) fabriqué par FMS Incendie.

L’objectif est de pouvoir mettre à disposition des sapeurs-pompiers l’ensemble de ces solutions au moment de leur départ pour une intervention sur un feu de batterie lithium-ion. En fonction de la situation lors de leur arrivée sur place, les sapeurs-pompiers optent alors pour les solutions de ce pack qui leur semblent les plus adaptées pour intervenir.

Concernant les feux de véhicules électriques en parkings couverts, Desautel propose sa solution EV-Protec, un brouillard d’eau déluge conçu pour protéger les emplacements de recharge. Responsable développement activités systèmes chez Desautel, Philippe Germain précise que cette solution n’a pas « pour objectif d’éteindre l’incendie, mais d’éviter la propagation du feu et faciliter l’intervention des pompiers ».

Cette technologie est pilotée par une détection électronique constituée d’une détection précoce de fumée, confirmée par une détection thermo-vélocimétrique (en cas de forte augmentation de chaleur). Sur double détection, le brouillard d’eau est émis sur l’ensemble des emplacements d’un même îlot pour éviter la propagation du feu aux autres véhicules stationnés à proximité. Le système permet également d’atténuer la température et les fumées pour faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers.

Dans un rapport de mai 2024, l’Ineris récapitule les conclusions de tests menés sur certaines des technologies présentées auparavant. Cheffe d’équipe essais batteries à l’Ineris et coauteure du rapport, Amandine Lecocq nous confie en premier lieu que « plusieurs paramètres sont à étudier et à prendre en compte comme la taille des batteries, la “chimie” des cellules Li-ion, l’état de charge des batteries… ».

Pour les couvertures anti-feu par exemple, elles peuvent être utiles à titre préventif ou « pour limiter la propagation de l’incendie à un véhicule adjacent » est-il expliqué dans le rapport. Mais la déployer seule lorsque l’incendie est déjà en cours « n’apporte pas de valeur ajoutée significative ».

Concernant les solutions à base d’eau (notamment les dispositifs fixes de type sprinkleurs ou brouillard d’eau), la principale difficulté réside dans la possibilité du refroidissement efficace du pack batterie. À défaut d’extinction, les sprinkleurs et brouillards d’eau s’avèrent efficaces pour mettre l’incendie « sous contrôle ». S’agissant des lances perforantes, l’un des principaux risques est que leur mise en action peut déboucher sur une possible augmentation de l’emballement thermique si des cellules non impliquées initialement par l’incendie sont perforées par la lance lors de son utilisation.

Du côté des extincteurs, les agents liquides aqueux (eau ou eau avec additifs) disposent d’un plus grand « pouvoir de refroidissement » et s’avèrent plus efficaces que les agents liquides à base de vermiculite (AVD).

Enfin, les dispositifs d’immersion s’avèrent efficaces si la pénétration de l’eau est possible dans le pack batterie.

Article extrait du n° 606 de Face au Risque : « Batteries au lithium : l’emballement thermique » (mars-avril 2025).