La Seine-Saint-Denis, un département au cœur des Jeux
Bénéficiant de nombreuses infrastructures sportives ou d’accueil comme le Stade de France et le village des athlètes, la Seine-Saint-Denis est un territoire clé dans l’organisation des JOP 2024. À la fois pour le bon déroulement des Jeux et la continuité de ses missions de service public, le département a effectué un gros travail d’anticipation et de préparation.
Les Jeux en Seine-Saint Denis, c’est six sites de compétition, deux villages dédiés (athlètes et médias) répartis sur quatre communes différentes et onze sites d’entraînement. Sans compter les manifestations périphériques destinées à associer à la fête la population du plus jeune département de France métropolitaine.
Située au nord de la Métropole du Grand Paris, la Seine-Saint-Denis possède la caractéristique originale d’être doublement concernée par les JOP 2024 : d’une part, elle est fortement impliquée dans leur bon déroulement. Et d’autre part, elle doit garantir la continuité de ses missions de service public durant les compétitions.
Malgré ces contraintes, Yannis Wendling, directeur de l’Inspection générale au sein du pôle de la Direction générale des services du département, préfère raisonner en termes d’opportunité en rappelant que « la Seine-Saint- Denis concentre 80 % des investissements pour les Jeux, soit 3,5 milliards d’euros. »
« Nous avons dû cartographier les risques liés aux différents projets. Nous avons ensuite veillé à la bonne tenue des plans d’actions pour remédier aux risques identifiés. »
Yannis Wendling, directeur de l’Inspection générale de la Direction générale des services du département.
Une organisation spécifique créée en amont
Une délégation JOP a été spécialement créée au sein du département durant la dernière olympiade, il y a 4 ans. Sa mission : préparer les Jeux et surtout coordonner les différents services autour de cet événement inédit. L’un des premiers volets a été de livrer à temps les infrastructures confiées au département en tant que maître d’ouvrage, comme le centre aquatique d’entraînement de Marville ou la passerelle du village des athlètes.
Cette première phase, rendue compliquée par le Covid, a été finalement menée à bien. « À notre niveau, nous avons dû cartographier les risques liés aux différents projets, explique Yannis Wendling. Nous avons ensuite veillé à la bonne tenue des plans d’actions pour remédier aux risques identifiés, en rendant compte aux autorités de contrôle sur le sujet. »
Assurer le bon déroulement des JOP 2024
Ce premier volet achevé et les échéances approchant, il a fallu passer au second volet : la vie du département durant les Jeux, avec notamment une forte implication afin de garantir leur bon déroulement. Ce volet comporte plusieurs dimensions parmi lesquelles :
- La gestion des voies olympiques, autrement dit l’aménagement d’une portion du réseau routier départemental retenue pour la circulation des délégations olympiques ;
- La gestion des feux tricolores. Le département doit garantir sa bonne exploitation aux mains du préfet, tout en veillant à la fluidité de la circulation sur un réseau marqué par la densité de son trafic ;
- La gestion des eaux. Un impératif : que les eaux de ruissellement ne viennent pas polluer la Seine en cas d’orage. Pour ce faire, ces eaux devront être dirigées correctement vers les stations d’épuration ou les bassins de rétention spécialement conçus à cet effet.
Le département de la Seine-Saint-Denis est un territoire situé au coeur des Jeux.
Il est doublement concerné par leur organisation : à la fois pour garantir leur bon déroulement (gestion des voies olympiques, des feux tricolores, des eaux…) mais aussi pour le maintien des services publics durant la compétition.
Le personnel affecté aux routes ou à l’assainissement, déjà rompu à un régime d’astreintes en temps normal, ne pourra prendre de congés durant les Jeux que dans le cadre du plan de continuité et sera mobilisé sur des horaires étendus. Si les effectifs concernés sont faibles au regard des 8 000 agents employés par le département, « des négociations ont commencé très tôt avec les représentants du personnel afin d’envisager les récupérations, les compensations, le travail de nuit dans le cadre légal », expose Yannis Wendling.
Cybersécurité et régime de travail dérogatoire
En prévision d’éventuelles attaques cyber, la gestion des feux tricolores et la gestion des eaux sont asservis à deux systèmes informatiques indépendants. Identifié comme une zone de risques, le premier a fait l’objet d’un audit de l’Anssi, tandis que le second a été soumis à des tests de la direction des systèmes d’information. Le tout accompagné par une sensibilisation de l’ensemble des agents à la cybersécurité dans cette période à hauts risques.
Le dernier aspect de l’implication du département dans les Jeux est lié à l’organisation d’événements festifs, afin que la population de la Seine-Saint-Denis soit largement associée à l’événement. Le parc départemental Georges-Valbon à La Courneuve, un site de 400 hectares, accueillera ainsi des animations quotidiennes durant 17 jours.
Les équipes des parcs, de l’événementiel et de la communication du département, mobilisées de manière exceptionnelle sur ces animations périphériques, bénéficieront d’un régime de travail dérogatoire.
Maintenir les services publics
Un troisième et dernier volet concerne l’impact des JOP 2024 sur les missions de service public délivrées par le département : la continuité du service public. « Il a fallu garantir que le service public demeure ouvert durant la période des JOP, affirme Yannis Wendling. Il a été décidé que ce serait une période normale. Nous avons engagé tout un travail de recensement. Des sites d’abord : nous aurons 400 sites qui resteront ouverts et qui, pour certains, sont situés en zone grise ou rouge. Des agents impactés ensuite. Sur le plan des ressources humaines, nous avons capitalisé sur les enseignements de la période Covid. Nous gérerons l’incertitude et l’exception en jouant sur l’accompagnement des agents, avec une bonne dose de flexibilité. »
Il est envisagé une gestion au cas par cas et au jour le jour avec, si besoin, des horaires décalés et des jours de télétravail supplémentaires.
Jeux paralympiques : une période délicate
La fermeture d’un certain nombre de services publics gérés par le département durant la période des congés estivaux, comme les crèches et les collèges, va permettre de limiter l’impact des JOP 2024 sur les agents durant les Jeux olympiques. En revanche, la période des Jeux paralympiques, en pleine période de rentrée scolaire et de réouverture des entreprises, s’annonce plus délicate.
Là encore, le travail de recensement des sites selon les périmètres de sécurité et les déclarations en préfecture pour autoriser les accès, notamment aux services d’action sociale, devraient éviter la fermeture de services publics. Du côté des agents, la flexibilité sera rendue plus difficile du fait des horaires fixes imposés par les collèges et les crèches. « Ce sera plus compliqué, c’est évident, anticipe Yannis Wendling, notamment pour les personnels du département qui sont parents. L’un des enjeux importants sera aussi la communication de l’information aux usagers, afin de les prévenir d’un changement d’horaire ou de la fermeture temporaire d’un service. »
Article extrait du n° 601 de Face au Risque : « JOP 2024 : à vos marques, prêts ? » (mai-juin 2024).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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