Interview. Le déploiement des détecteurs de piétons Blaxtair chez Suez vu par Franck Gayraud

19 mars 20218 min

Il y a quelques semaines, Arcure et Suez communiquaient sur la poursuite du déploiement des dispositifs Blaxtair et Blaxtair Connect au sein des sites du groupe Suez. Retour sur cet événement avec Franck Gayraud, directeur général d’Arcure.

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Dans son n°561 (avril 2020), Face au Risque évoquait la solution Blaxtair dans un article consacré aux caméras intelligentes. Directeur général d’Arcure, Franck Gayraud a accepté de répondre à nos questions, revenant ainsi sur le déploiement généralisé de ces détecteurs de piétons chez Suez et la récente sortie du Blaxtair Connect.

Face au Risque. Quelle est la différence entre le Blaxtair Connect et le Blaxtair classique ?

Franck Gayraud. La version classique est un détecteur de piétons qui se monte sur les véhicules industriels, comme des chariots élévateurs, et qui repose sur des caméras intelligentes permettant de freiner le véhicule et d’alerter le conducteur en cas de détection d’un piéton. C’est ce qu’on appelle un système « stand alone ». C’est à dire qu’il n’a besoin de rien pour fonctionner : il est monté sur le véhicule et fonctionne de manière complètement autonome.

Le Blaxtair Connect est une option qu’on ajoute sur le produit. C’est une fonctionnalité supplémentaire. Le Connect permet de connecter le Blaxtair à un serveur de données sur internet, via la 4G ou le wifi, pour ajouter des fonctionnalités. Parmi celles-ci, il y a le fait de disposer d’une interface web sur laquelle on va visualiser l’ensemble de la flotte de chariots équipée avec Connect.

Par exemple, si vous avez une usine avec des chariots élévateurs équipés de Blaxtair, vous pouvez voir en temps réel leur localisation sur la carte de votre site. Et si vous cliquez sur un véhicule, vous pourrez voir son historique des détections piétons avec les images de ces détections. Cela permet au directeur du site ou au responsable sécurité d’avoir en temps réel le fonctionnement de sa flotte de chariots, ainsi que l’historique des détections piétons sur la journée, la semaine ou le mois pour chacun des véhicules.

La zone rouge virtuelle indique la présence de piétons sur un site Suez. (Crédit Suez - Arcure).La zone virtuelle rouge indique la présence de piétons relevée par le Blaxtair sur un site Suez (vue drone). Crédit SUEZ - Arcure.

Sur ce site Suez, la zone rouge virtuelle au sol indique au conducteur la présence de piétons relevée par le Blaxtair. (Crédit Suez – Arcure).

Au niveau du site en lui-même, donc de l’usine, vous pouvez avoir une « heat map » qui permet de détecter les points chauds de l’usine, ceux où il y a le plus de détections de piétons, afin de pouvoir modifier la circulation des personnes sur le site… Ou éventuellement apporter des compléments de formation du personnel de l’usine, pour réduire l’accidentologie ou le risque d’accident. Cela apporte un complément d’information au directeur sécurité pour lui permettre de prendre les mesures d’amélioration de la sécurité sur le site.

Un passage à la 5G a-t-il été anticipé ?

F.G. Le hardware est compatible 5G. On n’en a pas vraiment besoin à ce stade. Pour transmettre les images, la 4G est suffisante, mais c’est compatible avec la 5G. Cela fonctionne même avec la 3G pour les sites où la 4G n’est pas accessible. Et si vous êtes dans une zone blanche, vous disposez du wifi en local. C’est pour cela que nous avons proposé le wifi, notamment pour les mines ou les chantiers très éloignés.

Pour quelles raisons avoir conçu une version Connect ?

F.G. Il a été développé tout au long de l’année 2020 en partenariat avec nos clients qui avaient des demandes dans ce domaine-là et souhaitaient bénéficier d’options de connectivités. Avant le Connect, il était possible avec la version classique d’enregistrer les images de détection, avec l’heure des détections et le diagnostic permanent relevé par le produit. Il fallait ensuite se brancher sur le Blaxtair pour récupérer toutes les données. Ce qui n’était pas suffisamment pratique pour certains de nos clients.

« Aujourd’hui la flotte est de l’ordre de 10 000 Blaxtair dans le monde. »

Suite à cette demande, nous nous sommes dit : « pourquoi ne pas installer directement une connexion sans fil pour brancher le produit et tant que nous y sommes, ajouter un GPS pour disposer à la fois des données du Blaxtair et de la localisation de chacune des détections pour que les directeurs sécurité puissent les exploiter par la suite et ainsi disposer d’un outil supplémentaire pour améliorer la sécurité sur leur site… »

C’est un déploiement qui a été assez court, une année. Les premiers bêta tests ont été effectués durant l’été chez certains clients utilisateurs, dont Suez qui a rapidement déployé le bêta test sur le site de Gennevilliers en Île-de-France pour tester les fonctionnalités et les améliorer avec nous. Aujourd’hui la flotte dans le monde est de l’ordre de 10 000 Blaxtair… Et autant de véhicules qui sont susceptibles d’être équipés du Connect.

Un écran de contrôle dans un véhicule fait un retour image au conducteur d’une détection piéton par le Blaxtair. (Crédit Arcure).

Un écran de contrôle dans un véhicule faisant un retour image d'une détection par le Blaxtair. (Crédit Arcure).

En parlant de Suez, il est question d’un partenariat depuis 2016. Y a-t-il un retour comparatif sur l’accidentologie avant et après le déploiement de ces systèmes sur leurs sites ?

F.G. Ce ne sont pas des choses pour lesquelles nous sommes autorisés à communiquer à la place des utilisateurs. Plusieurs de nos clients utilisateurs mènent des études comparatives en interne. Mais ces données restent confidentielles. Même nous n’avons pas accès à ces études. Mais le signe qui montre que l’étude s’est bien passée, c’est lorsque la décision est prise de déployer ces systèmes sur l’ensemble de leur flotte. C’est le cas de Suez mais aussi d’industriels comme Faurecia, qui procède à un déploiement mondial de ces systèmes.

« Quand une politique d’équipement s’appuie sur un renouvellement de flotte, un déploiement total prend plusieurs années »

Les statistiques que nous avions faites au tout début de la création du Blaxtair montraient que cette technologie permettait de réduire d’un facteur 60 le risque d’accident pour les véhicules équipés. C’était une étude générique, effectuée sur des sites de plusieurs pays, dans plusieurs domaines industriels et sur plusieurs types de véhicules.

Comment s’est effectué le passage du Blaxtair d’un site test à l’ensemble de la flotte de Suez ?

F.G. En général, c’est testé sur un site – quelques fois sur deux – et piloté par le pôle « santé, sécurité et environnement » central du groupe. Ce qui a par exemple été le cas chez Suez. Cela se fait d’abord sur un véhicule pour un site. Puis on généralise sur les véhicules de ce premier site en regardant bien évidemment les faits. Pour qu’une politique de sécurité soit cohérente, il faut que l’ensemble de la flotte d’un site donné dispose de données équivalentes. Après quelques semaines ou quelques mois d’essais, la décision au niveau du groupe a été prise de déployer ce dispositif.

Ces déploiements prennent plusieurs années. D’ailleurs c’est encore en cours chez Suez. Généralement c’est à l’occasion du renouvellement d’une flotte de véhicules qu’un client déploie le produit sur un site donné. Donc sur ce site, au moment du renouvellement de sa flotte de chariots élévateurs, ils livrent les nouveaux chariots avec cette option. Ce qui facilite la commande de cette option.

Ce qu’on observe souvent dans ce type d’industrie là, c’est que le cycle des chariots élévateurs varie entre 3 et 5 ans. Et entre 5 et 10 ans pour des engins de construction. Donc quand une politique d’équipement en Blaxtair s’appuie sur un renouvellement de flotte, un déploiement total prend plusieurs années.

Quelles sont vos prochains objectifs ? De nouveaux marchés sont-ils ciblés ?

F.G. Nous raisonnons beaucoup en termes de déploiement géographique dans un premier temps. Nous sommes désormais relativement bien connus en France. Des implantations à l’étranger ont commencé comme en Grande-Bretagne, en Allemagne ou aux États-Unis depuis deux ans.

Ces deux pays-là, en tant que grands pays industriels, représentent un marché considérable avec une flotte de chariots élévateurs vraiment très importante. Nous attendons des croissances très importantes dans les 2,3 ou 4 prochaines années. Nous sommes au tout début, dans une phase de conquête de notoriété. Les clients dans ces pays sont encore en phase d’essais, avec pas mal de grands groupes qui ont des pilotes sur un ou plusieurs sites.

« La connectivité est un axe très important pour tous les industriels »

L’axe principal de croissance, c’est l’axe géographique, avec l’Allemagne et les États-Unis en tête, mais également l’Asie même si ça prend un peu plus de temps. Nous avons déjà eu un premier déploiement en Australie cette année. Nous continuons avec le Japon.

Sur la partie produit, comme nous avons ajouté des fonctionnalités avec Blaxtair Connect. Nous avons une feuille de route pour continuer de proposer des fonctionnalités nouvelles à nos clients et leur permettre de mieux utiliser le Blaxtair, d’intéresser plus de gens également… Au cours de l’année 2021, nous devrions proposer des évolutions allant vers plus de performances de détection et encore plus de fonctionnalités, notamment avec la connectivité qui est un axe très important pour tous les industriels.

Eitel Mabouong – Journaliste

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