Tour d’horizon des drones dans la sécurité-sûreté

6 novembre 20238 min

Aide à l’intervention sur les incendies, aide à la gestion de foule, surveillance de sites, inspection en espaces confinés ou sur des éoliennes, largage de matériel de secours… les types de missions et les modèles de drones continuent de se diversifier dans le milieu de la sécurité-sûreté.

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Fotokite, un cas particulier

Contrairement à beaucoup d’autres drones présents sur le marché de la sécurité et de la sûreté, l’entreprise suissesse Fotokite propose un drone relié à sa base par un câble d’attache. Un moyen pour cet engin de disposer d’une durée de vol illimitée car il n’est pas dépendant d’une batterie. Dès l’instant où la base est branchée sur secteur, le drone peut alors être utilisé sans discontinuer si besoin.

À noter que le câble de ce drone peut par ailleurs atteindre une hauteur de 45 mètres et résister à la pluie ainsi qu’à des rafales allant jusqu’à 40 km/h, de jour comme de nuit.

Fotokite Sigma in snow - Crédit : Fotokite
Le drone de Fotokite, relié à sa base par un câble, peut aussi mener des missions sous la neige.
Fotokite Live and rugged tablet - Crédit : Fotokite
Les images captées par le drone de Fotokite sont visibles en direct depuis une tablette, qui sert également de commande de bord pour régler la hauteur de vol du drone ou l’angle de la caméra.

Comme certains autres drones, la solution proposée par Fotokite permet également d’intervenir sur plusieurs champs d’action, aussi bien comme outils d’aide pour une intervention lors d’un incendie (en repérant l’origine du foyer par exemple par le biais de sa caméra thermique et sa diffusion en direct des images sur la tablette), que pour assurer des missions de surveillance ou de gestion de foule lors d’événements rassemblant un nombre conséquent d’individus.

L’un des derniers cas d’usage de ce drone à des fins de surveillance de foule a eu lieu lors de l’Armada en juin 2023 à Rouen, à l’occasion des concerts qui se déroulaient en soirée.

Incendie, chantiers et sûreté

Entreprise française née en 2009, à une époque où aucune réglementation n’encadrait l’usage des drones dans l’Hexagone, Flying Eye propose également des drones pouvant servir à la réalisation de missions dans le milieu de l’incendie. Par le biais de caméras thermiques, ces machines sont ainsi capables de détecter les points chauds, comme lors de l’inspection d’une installation photovoltaïque.

Flying Eye nous a par ailleurs fait savoir que des industriels utilisaient ses solutions pour des missions de sûreté ou encore de suivi de chantiers. Selon les capteurs adossés au drone, il est par exemple possible d’effectuer des reconstitutions en 3D des images captées.

À noter enfin que, comme Fotokite, Flying Eye a récemment conçu un drone pouvant être relié à une station d’alimentation filaire afin de lui permettre de voler de manière illimitée dans le temps.

Le vol en espaces confinés

Fondé en 2017, Multinnov était à l’origine un fabricant de cage de protection pour drone existant. L’entreprise s’est depuis spécialisée dans la conception d’un drone pour les missions en espaces confinés. Sa clientèle se compose ainsi essentiellement d’entreprises spécialisées dans l’assainissement, l’énergie ou dans le gaz et les hydrocarbures.

Pour permettre à ses drones de résister aux chocs dans ces espaces restreints, Multinnov a procédé à un retour aux sources en l’équipant d’une cage en carbone.

« Cela permet au drone de résister aux chocs. Pour le stabiliser dans l’espace démuni de GPS, des caméras odométriques permettent de réaliser la tâche de stabilisation dans l’espace », nous confie Anton Kravchenko, représentant commercial au sein de cette structure. Le drone, grâce à sa caméra 4K, permet de réaliser une modélisation 3D avec les images captées lors de la mission de reconnaissance.

Pour des missions en espaces confinés, le temps moyen d’autonomie est de 12 minutes et la connexion peut s’établir jusqu’à une distance de 200 à 250 mètres (cela varie selon que le lieu se compose d’une ligne droite ou de virages).

Crédit : Multinnov
Entouré par une cage de protection, le drone conçu par Multinnov permet d’effectuer des missions de reconnaissance en espaces confinés.

Espaces confinés, inspection industrielle, surveillance…

Née en 2012, Pilgrim Technology était à l’origine une entreprise dédiée aux inspections industrielles. Sans oublier ses racines, la société s’est spécialisée dans la conception et l’usage de drone à destination des professionnels en espaces confinés.

Crédit : Pilgrim Technology
Pilgrim Technology a conçu des modèles de drones pouvant effectuer des missions sur des bâtiments de toutes sortes. Ici le drone intervient sur une éolienne.

Il ne s’agit pas de son seul domaine de prédilection puisque les appareils de Pilgrim Technology s’adressent également aux entreprises spécialisées dans l’inspection industrielle, la surveillance ou encore dans le milieu logistique. « Le point commun de toutes ces missions est qu’elles peuvent être à risque pour les professionnels », précise Anne- Marie Haute, CEO de l’entreprise.

Ces drones disposent d’une option de retour automatique au point de départ en cas d’incident, de perte de signal ou de batterie faible. En fonction des capteurs qu’ils embarquent, les appareils de cette entreprise peuvent varier les missions du vol (inspection, surveillance, reconnaissance, largage, levée de doute…).

Ils peuvent par exemple être utilisés pour larguer du matériel de secours, mesurer l’épaisseur d’une structure ou détecter du gaz. S’agissant de leur autonomie, notre interlocutrice ajoute que « le nombre de capteurs et leur poids jouent sur la durée du temps de vol du drone ». Autrement dit : moins un drone embarque de capteurs, plus il aura d’autonomie pour son temps de vol.

Crédit : Pilgrim Technology
Certains des drones conçus par Pilgrim Technology permettent d’assurer des missions de sauvetage comme le largage de matériel de secours.

Protéger les zones à risque des oiseaux

Pilgrim Technology est également distributeur de certains fabricants de drones. Cela est notamment le cas de modèles du concepteur français Parrot ou du néerlandais The Drone Bird Company. Celui-ci a mis sur le marché des modèles en forme d’oiseau.

Le but de ces modèles néerlandais, qui peuvent atteindre la vitesse de 75 km/h, est notamment d’éloigner les oiseaux des zones à risque comme les aéroports ou de zones industrielles tels que les sites de stockage de produits chimiques.

Les drones automatisés (ou drone-in-a-box)

Créée en 2012, Azur Drones se place comme l’une des marques françaises de référence sur les drones automatisés, bien qu’elle ne soit pas la seule. Par exemple, Flying Eye dispose d’un modèle automatisé équipé d’un logiciel de gestion souverain.

Les drones hautement automatisés déployés à partir de stations d’accueil ne sont pas des drones autonomes qui, eux, sont interdits en France et en Europe. En d’autres termes, le produit proposé par Azur Drones permet de planifier des vols de reconnaissance ou d’inspection, dont le suivi est assuré par la supervision d’un opérateur.

Ces drones sont notamment destinés à intervenir sur des divers sites industriels. Sur l’industrie portuaire, les appareils de la société girondine peuvent par exemple inspecter les grues mobiles ou exécuter des missions de comptage de conteneurs. Sur des sites d’hydrocarbures, ils sont en capacités de détecter des fuites d’huile ou de gaz et de remonter l’alerte afin de permettre une intervention au plus vite. En termes de sûreté, la détection d’intrusion ou de présence humaine reste l’une des constantes, qu’importe le type de site à surveiller.

Quid des zones Atex ?

Comme nous l’a confié l’un de nos interlocuteurs concernant les atmosphères explosives (Atex), il n’existe aujourd’hui aucun drone sur le marché conçu pour effectuer des missions dans les zones les plus sensibles (zone 0).

Il reste toutefois possible d’en réaliser certaines dans les zones les moins sensibles (zones 2 et 1), sous certaines conditions très strictes. Parmi les nombreuses dispositions à prendre, il faut notamment s’assurer que ces zones ne sont pas en production au moment de la mission, qu’elles soient donc en arrêt total.

Une évolution réglementaire en cours

Le 1er janvier 2024, le règlement européen sur les drones évoluera dans les pays membres, dont la France. De cette date jusqu’au 31 décembre 2025, la réglementation française et la réglementation européenne cohabiteront.

Au 1er janvier 2026, la réglementation européenne sera la seule en vigueur dans les pays membres de l’Union européenne. Avec le changement de réglementation, le marquage CE sera obligatoire sur les drones.


Article extrait du n° 596 de Face au Risque : « Plan de continuité d’activité : mode d’emploi » (octobre 2023).

Eitel Mabouong – Journaliste

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