Dispositifs antichute, une sécurité à plusieurs étages

22 septembre 20228 min

Travail en hauteur. Selon un rapport de l’Assurance maladie (Ameli) du 15 mars 2022 intitulé « Les chutes au travail », les chutes de hauteur sont – après les risques routiers – la principale cause de mortalité au travail en France. Elles sont par ailleurs la troisième cause « d’incapacité permanente et d’arrêts de travail ». Des solutions pour se prémunir de ce type d’accidents existent cependant. Focus sur les dispositifs antichute.

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Trois types de dispositifs antichute

Toitures, charpentes, passerelles, échafaudages, pylônes, façades d’immeubles, fosses, falaises… les lieux comportant des risques liés aux chutes de hauteur ne manquent pas.

S’il existe des protections collectives pour prévenir ce type d’accidents (rambardes de sécurité, filets de protection ou autres garde-corps), celles-ci peuvent parfois s’avérer insuffisantes. Il devient alors nécessaire d’opter pour des équipements de protection individuelle (EPI).

Sur son site internet, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) répertorie trois types d’EPI contre les chutes : les systèmes d’arrêt des chutes, les systèmes de retenue et les systèmes de maintien au poste de travail.

Chef de produit groupe chez Tractel, fabricant de dispositifs antichute, Patrick Vieux nous apporte quelques précisions sur les cas d’utilisation de chacun de ces systèmes.

  • Les systèmes d’arrêt des chutes

« Ils vont empêcher la chute de l’utilisateur qui travaille en hauteur, en retenant la personne pendant la chute ».

En complément, l’INRS rappelle que « ces systèmes sont destinés à permettre à un utilisateur d’atteindre des zones ou des positions où il existe un risque de chute ».

Leur rôle consistent à « arrêter cette chute si elle se produit, puis assurer la suspension de l’opérateur après l’arrêt de la chute ».

Un travailleur équipé d'un dispositif antichute. (Crédit photo Tractel).

Il existe plusieurs dispositifs d’arrêt des chutes mais ils comprennent toujours au minimum un point d’ancrage, un système antichute et un harnais antichute relié au point d’ancrage avec une fonction d’absorption d’énergie. Crédit photo : Tractel.

  • Les systèmes de maintien au poste de travail

« Ils permettent à l’opérateur de se positionner à son poste pour travailler avec les mains libres. L’opérateur doit s’équiper d’un système d’arrêt des chutes en plus de son système de maintien s’il y a risque de chute ».

Sur le site de l’INRS, il est précisé que « ce mode de protection est destiné à limiter les mouvements de l’utilisateur afin de l’empêcher d’atteindre des zones où une chute pourrait se produire ».

  • Les systèmes de retenue

« L’opérateur est accroché à un point d’ancrage avec un système de retenue qui ne lui permet pas de dépasser la périphérie de son aire de travail ». L’INRS ajoute à ce sujet que « l’utilisateur peut travailler en appui ou en suspension : il ne peut glisser ou tomber en contrebas de la zone où il travaille ».

Focus sur les systèmes d’arrêt des chutes

Il existe plusieurs dispositifs d’arrêt des chutes. Quel que soit le dispositif utilisé, il se compose toujours au minimum « d’un point d’ancrage, d’un système antichute et d’un harnais antichute comme dispositif d’arrêt du corps, relié au point d’ancrage par un élément de liaison comportant une fonction d’absorption d’énergie », mentionne l’INRS.

À cela s’ajoutent d’autres éléments de compléments indispensables tels que le casque, les gants ou encore les combinaisons de protection. Parmi les principaux dispositifs d’arrêts des chutes, on retrouve les systèmes mobiles, ceux qui sont à rappel automatique et les longes avec absorbeur d’énergie.

Ils coulissent sur un support flexible ou rigide tels que les cordes, les câbles ou les rails. En cas de chute ou d’accélération violente, ils se bloquent automatiquement sur le support afin de stopper la chute de l’opérateur.

Ils se déroulent et s’enroulent automatiquement avec un câble, une corde ou une sangle dans un carter. Ils laissent à l’opérateur une grande liberté de mouvement. En cas de chute ou d’accélération violente, le mécanisme intégré dans le carter bloque automatiquement l’antichute afin de stopper la chute de l’opérateur.

D’une longueur maximale de deux mètres, les absorbeurs d’énergie peuvent être équipés d’une longe en corde, en sangle, en câble ou en chaîne. En cas de chute, l’absorbeur d’énergie se déchire et stoppe la chute en absorbant l’énergie supérieure à 600 daN (décanewtons).

L’utilisation d’une longe absorbeur oblige l’opérateur à vérifier constamment le tirant d’air sous ses pieds afin qu’il ne rentre pas en contact avec le sol ou la structure pendant sa chute libre.

Chef de marché sur les dispositifs antichute chez Petzl, Arnaud Paressant insiste sur l’importance de ces dispositifs : « Dans les règles du travail en hauteur, il faut toujours une redondance. En cas de défaillance, il y a toujours un système qui assure la sécurité de l’utilisateur. Il faut fournir aux utilisateurs le produit le plus sûr possible. Le plus important reste la sécurité de l’utilisateur. »

Des normes européennes strictes

La sécurité des utilisateurs étant primordiale, l’ensemble des éléments constituant les dispositifs pour les travaux en hauteur sont strictement encadrés. Une réglementation européenne, dont les normes sont revues tous les cinq ans, définit ainsi les obligations des fabricants. Les employeurs et les utilisateurs sont également concernés par ce cadre normatif.

« Il y a une dizaine de normes qui touchent ce domaine d’activité, que cela soit pour les harnais de sécurité, les dispositifs antichute à rappel automatique, les points d’ancrage, les lignes de vie, les connecteurs… nous confie-t-on chez Tractel. Les fabricants ont l’obligation de concevoir des produits conformes à ces normes. Le fabricant doit passer par un laboratoire notifié “européen” qui, à la suite des essais, donnera ou non un “certificat de conformité”. Ce n’est qu’après cela que le fabricant aura le droit de mettre ses produits sur le marché. »

S’agissant des distributeurs, il leur est tout simplement impossible de mettre sur le marché des produits qui n’ont pas préalablement fait l’objet d’une certification au label « européen ». Les employeurs, ou utilisateurs, n’ont par ailleurs pas le droit d’acheter ou de se servir de produits n’ayant pas été jugés conformes à la réglementation européenne.

Un travail de sensibilisation

Outre la conformité du matériel, la compréhension de son usage est aussi indispensable. De même que le confort des utilisateurs. « On doit rendre l’utilisation de nos produits tellement simple et évidente que le travail d’origine de nos clients ne sera pas entravé, déclare-t-on chez Petzl. On doit leur permettre de travailler dans les meilleures conditions avec un maximum de sécurité. »

Mis à part les utilisateurs finaux, Petzl a également souhaité que les revendeurs – dont le rôle est d’aiguiller les acheteurs de ces dispositifs – puissent avoir une approche globale des situations auxquelles sont confrontés les travailleurs en hauteur.

« On a un centre de formation pour sensibiliser les revendeurs aux risques et à nos produits. On essaie de leur donner des outils pour comprendre les produits et les problématiques des utilisateurs », confie Arnaud Paressant.

Systèmes de progression sur cordes et d’arrêt des chutes. (Crédit photo Petzl).

Systèmes de progression sur cordes et d’arrêt des chutes.
Crédit photo Petzl.

Cette initiative a d’autant plus d’importance que, selon lui, « le milieu des travaux en hauteur ne va cesser d’augmenter au fur et à mesure des années puisque la densité des villes s’intensifie. Il y a donc de plus en plus besoin de travaux en hauteur. C’est notre mission de les aider à comprendre les problématiques qu’ils vont rencontrer. »

Quelques recommandations

L’INRS dresse une liste de dispositions à prendre avant de débuter un travail en hauteur.

Ces vérifications concernent tout aussi bien l’équipement sélectionné que le lieu sur lequel la mission doit être réalisée.

« Une évaluation préalable doit être effectuée pour identifier les moyens de prévention les mieux adaptés, y compris les moyens d’accès. La reconnaissance des points d’ancrage doit permettre de vérifier leur accessibilité et leur résistance. Ils doivent être accessibles en sécurité », précise de fait l’Institut.

Celui-ci ajoute en outre que l’utilisateur de l’équipement ne doit, à aucun moment, se retrouver seul au moment de sa mission.

Aux dispositifs antichute, s’ajoutent des EPI indispensables tels que le casque, les gants, les vêtements de protection… (Crédit photo : Tractel).

Aux systèmes antichute, s’ajoutent des EPI indispensables tels que le casque, les gants, les vêtements de protection… Crédit photo : Tractel.

Du côté de Petzl, on ne manque pas d’ajouter que « quel que soit le domaine d’activité, le point de base du travail en hauteur reste une analyse de risques, une analyse poussée de l’environnement. Des dispositifs se mettent alors en place pour protéger au maximum l’utilisateur. Il faut avoir conscience que les travaux sur cordes sont réalisés en dernier recours ».

Ce repérage ne doit pas s’effectuer simplement au moment de la mission, mais bien en amont comme le résume Arnaud Paressant. « Un système structurel de protection des chutes doit être mis en place au moment de sa conception », conclut-t-il en guise d’ultime recommandation.


Article extrait du n° 584 de Face au Risque : « Reconnaissance faciale » (juillet-août 2022).

Eitel Mabouong – Journaliste

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