Un référentiel Afnor pour fabriquer des masques barrières
L’épidémie Covid-19 a révélé la pénurie de masques de protection respiratoire, notamment en France. Afin de pallier le manque, l’Afnor a publié un guide gratuit. Il contient des conseils pour fabriquer et utiliser des masques barrières non-destinés aux personnes exposées, afin de pouvoir poursuivre un minimum d’activité sociale.
Même s’il est difficile d’y voir clair dans les statistiques en cette période troublée de pandémie, une chose est sûre : la France manque de masques de protection respiratoire.
Lors de la conférence de presse du 21 mars 2020, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a déclaré que le pays avant l’épidémie « ne disposait que d’un stock d’Etat de 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes et aucun stock stratégique d’Etat de masques FFP2 ».
Une consommation hebdomadaire décuplée par le Covid-19
L’arrivée de la vague du Covid-19 sur le sol français a fait décupler la consommation de masques. Elle est passée de « 4 à 40 millions par semaine pour le seul personnel soignant » (modèles chirurgicaux et FFP2 confondus), comme le rappelait France Info en citant le président Macron le 31 mars.
Les origines de ce manque de masques protecteurs ont été dévoilées dans un article du site The Conversation, qui revient notamment sur l’épisode de grippe H1N1 vécu par la France en 2009.
Face à la pénurie, la stratégie du Gouvernement a été de rechercher les stocks épars dans les entreprises et les administrations sur le territoire, tout en passant massivement commande à l’étranger. Ensuite, des solutions ont été cherchées pour produire davantage en France. Parfois en réorientant la production principale d’une entreprise.
Hormis pour le personnel soignant et exposé, le port d’un masque en période de crise Covid-19 n’a pas été recommandé par les autorités en France. Une position qui a évolué récemment, par rapport au moment où a été rédigé cet article. Dans les pays asiatiques, la pratique est courante dans les populations en présence d’un risque sanitaire. C’est dans ce contexte qu’il faut considérer la publication de ce guide édité par l’Afnor.
Un guide gratuit établi en 7 jours
Mobilisant près de 150 experts (fabricants, organismes techniques…), ce guide a été établi en pas moins de 7 jours pour répondre à l’urgence. L’objectif de ce référentiel est double :
- aider les organisations publiques et privées, hors personnel soignant ou exposé en continu au public, à continuer ou à reprendre leurs activités en protégeant à la fois leurs salariés et les utilisateurs de leurs produits et services ;
- réduire le flux des malades vers les hôpitaux en proposant une mesure simple de protection à destination des populations les moins exposées et les moins vulnérables.
Ce référentiel AFNOR Spec S76-001 est intitulé « Masques barrières : guide d’exigences minimales, de méthodes d’essais, de confection et d’usage – fabrication en série et confection artisanale ». Comprenant 36 pages, il est accompagné de trois annexes. Elles détaillent notamment les matériaux recommandés, les patrons accompagnés de leurs mesures et les laboratoires français pouvant réaliser les essais.
Il est à noter que la conception d’un masque barrière selon les prescriptions de ce guide par un fabricant est réalisée sous son entière responsabilité.
Un masque « maison » : quelle protection pour quel public ?
Nous avons déjà exposé dans un précédent article les différents types de masques existant sur le marché et les niveaux de protection associés, ainsi que leurs destinations privilégiées.
Dans son communiqué l’Afnor précise que le masque barrière répond à « un niveau de performance moins ambitieux que celui fixé au plan européen pour les masques chirurgicaux et FFP2 ».
En clair leur niveau de protection est beaucoup plus faible, mais néanmoins réel s’il est accompagné des gestes barrières. « Le dispositif « masque barrière » est destiné à compléter les gestes barrières et les règles de distanciation sociale, précise l’Afnor. Il est destiné au grand public, et notamment à toute personne saine et asymptomatique. Ce dispositif n’est ni un dispositif médical au sens du Règlement UE/2017/745, ni un EPI au sens du Règlement UE/2016/425. »
Un sixième geste barrière
Autrement dit, le masque barrière ne doit pas exonérer des cinq mesures barrières individuelles (se laver les mains, ne pas se toucher le visage…). Ni affranchir des dispositions collectives de protection (distanciation sociale…) qui doivent être adoptées en priorité. A cet effet, il est utile de consulter l’avis de l’Anses à propos de la prévention à l’exposition au virus Covid-19 en milieu professionnel.
Le port du masque barrière doit s’accompagner de règles strictes. Son étanchéité doit être contrôlée. La durée d’utilisation maximale est préconisée à 4 heures. Il est conçu pour être réutilisable (donc lavable selon un protocole bien défini). Enfin son élimination comme déchet doit s’accompagner de précautions particulières.
Permettons-nous de recycler un slogan connu concernant cette initiative salutaire de l’Afnor : en France, on n’a pas de masques, mais on a des idées…
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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