Brigitte Bouquot : “L’entreprise ne doit pas devenir une somnambule de sa performance”

6 février 20194 min
Brigitte Bouquot : l'entreprise ne doit pas devenir la somnambule de sa performance aux 27e rencontres de l'AMRAE Deauville (crédits AMRAE/artephoto)

A l’occasion de l’ouverture des 27e rencontres du risk management à Deauville, le 6 février 2019, Brigitte Bouquot, la présidente de l’Amrae, l’association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise est revenue sur le rôle et la responsabilité des entreprises dans la transformation, thème retenu cette année

Certes le “cadre est magnifique et hors du temps” concédait Brigitte Bouquot, présidente de l’Amrae et Directeur des assurances et de la gestion des risques de Thales, en ouverture des 27e rencontres du risk management qui se tiennent du 6 au 8 février 2019 à Deauville. Mais ce cadre n’empêche pas le regard lucide et le constat.

Les 25e éditions, deux ans plus tôt, se tenaient au même endroit, mais le monde depuis, a changé constate la présidente : ” Il est toujours prometteur mais déchiré par la montée des populismes, l’Europe est contestée à la veille d’une échéance majeure, la France se trouve face à un point d’inflexion, de rupture même.”

Le climat et la technologie, principaux défis

Brigitte Bouquot y voit deux grands défis à venir : “d’une part, le défi climatique et écologique d’une planète devenue limitée et d’autre part, le défi de la maitrise par l’homme, c’est-à-dire par (…) tous, de la technologie, cette puissance inouïe.”

Face à ces défis, la transformation est partout : “La transformation a été le « maître mot » de cette année 2018, tant pour les entreprises que pour les États, une injonction permanente”, mais cela ne doit pas, pense-t-elle, “être une fin en soi, ni un déterminisme”.

Une approche par les risques s’impose

Revenant sur la place qui échoie aux entreprises, elle constate que “l’approche par les risques s’est installée au cœur de la gouvernance”. le Risk Management a lui aussi évolué : “de technique, [il] devient prospectif et éthique.” Et de mettre en garde les risks manageurs sur les dangers à venir :

“L’entreprise ne doit pas devenir une somnambule de sa performance, emportée dans une course contre la montre. Le plus grand risque pour les entreprises est de ne plus comprendre le monde. Un monde, dont les comptes à rebours sont lancés.”

Pour la présidente, “l’injustice sociale remet en cause le capitalisme. Le populisme remet en cause la démocratie.” Et de s’interroger sur les grands modèles qui pourraient être disruptés eux-aussi.

Prendre part aux transformations

Puisque les “entreprises sont plus puissantes que les États”, elles ne doivent pas attendre que le “ciel leur tombe sur la tête” et prendre elle-aussi part aux transformations.

La réponse tient donc dans la responsabilité : “L’éthique et les valeurs ne sont pas que de l’ornementation quand on parle de responsabilité sociétale et de performance extra-financière ” affirme-t-elle.

Et d’appeler à un réveil :” Honnêtement, il ne me parait pas plus compliqué d’habiter mieux notre monde et d’y demeurer que d’aller sur Mars, toutes les technologies existent, à commencer par la nature elle-même.”

L’exemple d’Axa

Comme pour lui faire écho, Thomas Buberl, p-dg d’Axa, patron d’un groupe de 160 000 salariés, appelé lui-aussi à inaugurer ces rencontres expliquait comment il avait transformé l’entreprise, notamment en modifiant son portefeuille pour la faire basculer des risques financiers vers les risques techniques.

Elle est ainsi devenue le premier assureur mondial des entreprises, a-t-il commenté.

Et le risque de disruption

Interrogé par Nicolas Beytout, le directeur de L’opinion, sur les risques de disruption de son activité, et la crainte “que des petits génies puissent les concurrencer” Thomas Buberl, le patron d’Axa, s’est voulu confiant : “nous ne sommes pas dans une logique de concurrence, mais plutôt de partenariats.” Et d’ajouter, “ce sont plutôt des opportunités que des menaces et il faut aussi être un peu joueur.”

De ce jeu et des autres, les risks managers ont trois jours pour en faire le tour et avoir un aperçu des règles à travers notamment des ateliers et des séances plénières.

David Kapp
Rédacteur en chef

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