Interview Stéphane Volant. Le directeur sécurité, un collaborateur proche du dirigeant

8 décembre 20205 min

Fondé le 13 juin 1995, le Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE) a passé le cap des 25 ans en 2020. Nous avons interrogé Stéphane Volant, réélu à la présidence en septembre, pour faire le point sur l’activité du Club dans ce contexte troublé.

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Après plus de neuf mois de crise sanitaire, quel est l’état d’esprit au sein du CDSE ?

Stéphane Volant. Du point de vue des membres du CDSE, ce confinement a été une excellente occasion de resserrer leurs relations. Nous avons multiplié les réunions en présentiel ou à distance au cours desquelles nos membres ont échangé en toute franchise et toute discrétion autour de leurs préoccupations. Nous avons ainsi démontré que nos 150 membres, directeurs sécurité – sûreté des entreprises du CAC 40 et du SBF 120 dont la plupart étaient aussi momentanément directeur de la salle de crise COVID de leur entreprise, pouvaient échanger en confiance et en temps réel entre eux grâce à l’application cryptée Citadel, dans un groupe de discussion en forme de salle de crise virtuelle dédiée à la COVID-19.

A l’intérieur de leur entreprise, les directeurs de la sécurité ont ainsi montré leur caractère indispensable, à la fois sur leur propre champ de responsabilité, sur des thèmes comme les approvisionnements ou la présence de personnels à l’étranger, mais aussi sur le plan de la gestion de la crise, de la continuité et de la reprise d’activité. Indispensable, transverse et professionnel, le directeur de la sécurité est alors apparu comme l’un des collaborateurs les plus proches du dirigeant de l’entreprise.

Dans cette période, le CDSE en tant qu’institution a pesé de tout son poids. La crise révèle des forces et des faiblesses. En l’occurrence, elle a révélé la force des directeurs de sécurité du CDSE au sein de leur entreprise, et la force du Club pour faire circuler loyalement et discrètement des informations essentielles entre ses partenaires institutionnels au sein de l’Etat et ses membres à l’intérieur des salles de crise de leurs entreprises. Je n’ai pas vu de failles dans notre dispositif, sauf une : nous ne disposons pas aujourd’hui en France d’un outil de partage d’information en visioconférence qui soit souverain, qui offre des fonctionnalités multiples, qui soit facile d’utilisation et à un prix raisonnable. Bref, qui soit concurrentiel avec les offres étrangères.

Stéphane Volant, président du CDSE, à propos du Covid-19u CDSE

« Indispensable, transverse et professionnel, le directeur de la sécurité est apparu comme l’un des collaborateurs les plus proches du dirigeant. »

C’est la raison de votre tribune véhémente de juillet dernier, réclamant des actes à propos de la souveraineté numérique ?

S. V. Il faudrait d’abord s’entendre sur ce que doit être la souveraineté numérique. Aujourd’hui, je n’ai jamais entendu énoncées de règles précises à ce propos, c’est-à-dire à quels critères devraient répondre les offres dites “souveraines”? Ensuite, observons le marché. A l’exception du domaine de la défense nationale, les solutions prétendument “souveraines” ne sont utilisées que par 10 ou 15 % des clients en France. Le reste des acteurs place dans un “nuage étranger” des milliards de datas. Doit-on considérer que les dirigeants de ces entreprises sont des traîtres à la patrie et qu’ils ne se soucient pas de la souveraineté ? Non, ce sont simplement des clients qui n’ont pas trouvé de solutions vraiment souveraines, à un prix raisonnable, avec des fonctionnalités cohérentes et avec une ergonomie aisée. Dans la loi du marché, quand le client se trompe, c’est probablement que l’offre n’est pas de niveau. Dans cette crise, en tant que directeurs de sécurité, nous trouvons extrêmement navrant de devoir mettre ainsi en copie de chacune de nos conversations soit Pékin, soit Moscou, soit Washington… Un journaliste belge a bien réussi récemment à s’introduire dans une réunion à distance des ministres des Armées européens.

La loi sur la sécurité globale est actuellement débattue au Parlement. En quoi ce projet de loi est-il important pour vous ?

S. V. La loi sur la sécurité globale reprend différentes propositions exposées par le CDSE, notamment auprès des députés Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue au moment des travaux de leur rapport sur le continuum de sécurité. Elle introduit ainsi une série de mesures qui permettront à termes de mieux structurer le secteur de la sécurité privée et valoriser cette filière pour une plus grande qualité de prestation. Je note en outre qu’au moment où la sécurité est une valeur de plus en plus partagée, et donc globale, l’entreprise est reconnue comme devant prendre toute sa part. En son nom, le directeur de la sécurité est identifié comme un partenaire de confiance et un acteur indispensable. Je trouve intéressant qu’aujourd’hui la loi, sur la sécurité globale ou sur le séparatisme, ou les textes réglementaires au travers du Livre blanc sur la sécurité intérieure, s’imprègnent de nos réflexions et prennent en compte ce maillon de directeur de la sécurité comme l’un des maillons essentiels d’une chaîne de sécurité globale

Quelles vont être les priorités de votre prochain mandat ?

S. V. Malgré la crise du coronavirus, elles n’ont pas changé. Vingt-cinq ans après sa création, la raison d’être du Club est toujours la même : être utile à ses membres, aux entreprises, à l’Etat et à ses partenaires institutionnels et ainsi contribuer à la sécurité nationale.

Bernard Jaguenaud, rédacteur en chef

Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef

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