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Sécurité maritime : les incendies sur les grands navires augmentent

2 juin 2023•Martine Porez•4 min•

Si la perte des grands navires a globalement baissé en 2022 au niveau mondial, les incendies constituent la deuxième cause de sinistre. C’est ce que révèle la nouvelle étude d’AGCS sur la sécurité maritimes.

La perte des navires de plus de 100 tonnes brutes est à son plus bas niveau depuis 12 ans selon le rapport sur la sécurité maritime de l’assureur Allianz Global Corporate & Specialty SE (AGCS). Voici quelques chiffres issus de cette nouvelle étude publiée en mai 2023.

Moins de navires totalement perdus

C’est le nombre de navires perdus en 2022, contre 109 en 2013 (première étude sur la sécurité maritime d’AGCS). Le rapport note qu’il y a 30 ans, la flotte mondiale perdait plus de 200 navires par an.

Selon Rahul Khanna, directeur mondial du conseil en risques maritimes chez AGCS, cette baisse « reflète l’efficacité des programmes de sécurité, des formations, des changements introduits dans la conception des navires et de la réglementation ».

Pertes par le fond

La perte par le fond constitue la première cause de disparition des navires, avec 20 navires qui ont sombré en 2022 (soit 52% des pertes totales). Elle était de 69 en 2013.

Incendies et explosions

Les incendies et explosions ont causé la perte totale de 8 navires en 2022. C’est la deuxième cause recensée. Sur les 5 dernières années, on compte 64 pertes provoquées par un incendie.

Les véhicules électriques et les batteries lithium-ion transportés représentent un nouveau risque dû à l’emballement thermique des batteries. Ces feux de batteries sont particulièrement difficiles à éteindre et peuvent se rallumer spontanément. Le Felicity Ace, qui transportait des véhicules électriques, en a fait les frais. Il a sombré au large des Açores le 1^er mars 2022 à cause d’un incendie qui s’était déclaré deux semaines plus tôt.

« Pour atténuer les risques, il faut développer les mesures de prévention et les plans d’intervention d’urgence, notamment par la formation du personnel, l’accès aux équipements de lutte contre l’incendie et l’amélioration des systèmes de détection précoce », conseille Rahul Khanna. Il préconise même d’utiliser des navires spécialement conçus pour transporter les véhicules électriques.

Les événements déclarés

3 032

C’est le nombre d’événements de mer déclarés en 2022. Il est resté stable par rapport à 2021 qui en comptait 3 000.

Les bris et pannes de machines sont la premières cause d’incidents (48,7%). Les incendies représentent quant à eux près de 7% des événements avec 209 incidents en 2022. C’est le taux d’incendie le plus élevé depuis 10 ans.

Des sinistres coûteux

18 %

Les incendies et explosions sont aussi la cause de sinistre la plus coûteuse. Ils représentant 18 % du montant total des 244 451 demandes d’indemnisation analysées par AGCS.

Déclaration irrégulières de marchandises

25 %

C’est le taux d’incidents graves à bord des porte-conteneurs qui serait dû à une déclaration irrégulière de marchandises dangereuses.

« L’étiquetage d’une marchandise dangereuse est plus coûteux. C’est pourquoi certaines entreprises tentent de réduire la facture en déclarant les feux d’artifice comme des jouets ou les batteries Li-ion comme des pièces d’ordinateur, par exemple », explique Rahul Khanna.

Navires fantômes

600

À la suite des sanctions sur le pétrole russe mises en place après l’invasion de l’Ukraine, la Russie et ses alliés ont remis en circulation environ 600 navires vieillissants. Clandestinement, ceux-ci naviguent pour transporter leur pétrole. Mais cela « constitue une menace pour la flotte mondiale et l’environnement », s’inquiète Justus Heinrich, directeur mondial des produits d’assurance maritime chez AGCS.

Tout récemment, début mai 2023, le pétrolier Pablo construit en 1997, non assuré, a pris feu en Asie du Sud-Est, note le rapport. Trois membres d’équipage ont été tués et du pétrole s’est échoué sur les côtes voisines. Le Pablo aurait transporté 16 millions de barils de pétrole iranien, atteste le media spécialisé Splash247.

Le rapport met également en lumière la hausse des montants des sinistres due à l’inflation. Selon ses conclusions, la pression sur les coûts pourrait impacter les objectifs de décarbonation et de sécurité dans le transport maritime.