L’évolution de la fonction sécurité sûreté au menu des Securi’days

25 février 20195 min

Pendant deux jours, les 20 et 21 février 2019, plus d’une centaine de décideurs et exposants spécialisés dans la sécurité et sûreté se sont retrouvés à Deauville pour évoquer les grands virages à venir dans la profession.

Pour la troisième année consécutive, à l’initiative de MDC et en partenariat avec MeetandCom, les responsables sécurité et sûreté étaient appelés à se réunir à l’hôtel du Golf de Deauville pour deux jours consacrés à des rendez-vous d’affaires et des ateliers thématiques.
Au menu, ces 20 et 21 février 2019, l’actualité de la profession et l’évolution de la fonction.

La percée du risque numérique

Particulièrement cette année, le sujet du numérique est présent avec à la fois des exposants et certains responsables informatiques qui se voient confier de nouvelles tâches, la sûreté et la sécurité, quand ce ne sont pas justement leurs homologues sécurité et sûreté qui doivent se familiariser avec une nouvelle forme de menace.

Des ateliers pour prendre le pouls de la profession

Dans une ambiance cosy, proche de la confidence, les responsables sécurité ont l’occasion de confier avec leur pairs les difficultés et les nouveaux challenges qui se posent à leur profession.

Les ateliers sont ainsi un très bon moyen de prendre le pouls d’une profession, elle-aussi, disruptée.

Il faut ainsi tout le talent de Marc Dumas, ancien journaliste et dirigeant de MDC, pour aller chercher les invités et les faire parler sur leurs métiers.

Une évolution sociétale

Cybersécurité, nouvelles technologies, gestion de crise, supply chain, gardes armés ou encore fraude. Les sujets d’actualité ne manquent pas.

La société elle-même évolue et fait apparaître de manière aigüe de nouveaux risques. Le télétravail (Home office dira un participant) se développe et induit de nouvelles pratiques : le Shadow IT, le fait d’utiliser des outils et des services personnels (comme les cloud privés) à des fins professionnelles est l’une des expressions de ces sphères, pro et perso, qui se confondent.

Darktrace a fait les comptes, selon une étude de l’entreprise, 53 % des failles viennent des parties tierces, ce sont les clients ou les sous-traitants multiples qui sont autorisés à venir sur le réseau et qui disposent parfois de droits trop importants ou mal contrôlés.

La culture du silo

Côté responsable sécurité, on s’interroge sur le rattachement du RSSI. Son supérieur doit-il être le DSI ? Il y a alors risque que le RSSI devienne juge et partie et n’aille jamais à l’encontre de son chef. Sans surprise, les responsables sécurité verraient bien un rattachement à leur fonction.

Mais il faudrait alors que les responsables de la sécurité soient plus proactifs et mis dans la boucle au moment des incidents. ” Pour le moment, confie un brin désabusé l’un d’entre eux, c’est la culture du silo qui triomphe et il est impossible d’avoir des informations, y compris lorsqu’on vient d’être touché par un incident.”

Le numérique est complexe

Le responsable de la sécurité est bien évidemment toujours occupé sur le risque “physique”. Mais son métier se numérise : “la digitalisation” bat son plein avec la peur, chez certains, qu’une casse sociale s’opère.

Sur ce sujet, donneurs d’ordre et acheteurs se retrouvent : le numérique d’accord, mais il faut que cela apporte un plus à l’agent. Surtout il faudrait que cela soit intuitif et conçu pour un usage humain. En un mot “ergonomique”.

Là encore, certains ne mâchent pas leurs mots : “en payant moins de 10 € de l’heure un agent, on ne peut pas s’attendre non plus à ce qu’il puisse maîtriser un système numérique très complexe.”

Investir dans l’humain

C’est pour cela qu’il faut investir dans l’humain et former. Former à l’usage des technologies comme les mains courantes qui permettent de dérouler plus facilement une ronde.

Trackforce, acteur du secteur a d’ailleurs choisi “d’accompagner ses entreprises clientes pour qu’elles puissent s’approprier l’outil.”

“Cela ne vient pas tout seul, il faut du temps, mais cela permet d’avoir des compte-rendus de ronde plus complet”, confirme l’une d’elles.

Autre sujet particulièrement d’actualité, la gestion de crise.

La crise des gilets jaunes a renforcé les liens

À peine le sujet entrevu, les responsables sécurité présents, dont beaucoup sont dans des ERP, des établissements publics ou dans l’industrie, avouent vivre en état de gestion de crise permanent depuis 14 semaines maintenant.

La crise des gilets jaunes a permis de roder les mécaniques. Son caractère récurrent, tous les week-ends, a permis d’entretenir des contacts étroits avec les autorités. Un mal pour un bien.

Des discussions Whatsapp avec les autorités

Ils sont plusieurs à avouer qu’ils partagent désormais un fil Whatsapp avec les policiers et d’autres responsables sécurité. “Cela nous permet d’être prévenu bien en amont et de suivre les mouvements”, se justifie-t-on.

Indiscutablement, si la menace terroriste a montré la nécessité d’un travail en commun entre le public et le privé, la crise des gilets jaunes a rendu ce partenariat possible.

Plus personne ne peut gérer une crise seul

Qu’ils travaillent dans des banques ou des musées, ils utilisent tous des réseaux sociaux privés pour se coordonner et obtenir des informations en temps réel. Comme les gilets jaunes, en définitive !

“Oui mais il faudrait que nous puissions nous aussi opérer une veille des réseaux. Et pour le moment, dans les entreprises, ce sont surtout les directions communications et marketing qui s’en chargent. Et elles n’ont pas toujours, voire très rarement, l’œil sûreté”, précise un autre participant.

Alain Juillet, ancien directeur du CDSE et actuel président de l’ALCCI, Association de Lutte contre le commerce illicite, résume les choses : “plus personne ne peut régler une crise seul”, ce que confirme de son côté le Préfet honoraire Roger Marion.

À noter que Face au Risque était partenaire presse de cette édition.

David Kapp
Rédacteur en chef

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