Covid-19. 45% des salariés français sont en détresse psychologique
Après un an de pandémie, la santé mentale des salariés Français est inquiétante. C’est ce que révèle le 6e baromètre sur la santé psychologique des salariés français en période de crise, du cabinet Empreinte Humaine, spécialisé en prévention des risques psychosociaux (RPS) et en qualité de vie au travail (QVT).
Depuis un an, le cabinet Emprunte Humaine, spécialiste de la prévention des RPS, mesure régulièrement la situation psychologique des salariés français consécutive aux différentes mesures prises par le Gouvernement face à la crise sanitaire : confinements, télétravail, couvre-feu…
Son 6e baromètre vient d’être publié. Il a été réalisé en ligne du 1er au 12 mars 2021 par OpinionWay selon la méthode des quotas auprès d’un échantillon représentatif de 2004 salariés.
Vers la dépression
45 %
Bien qu’ayant légèrement diminué (- 5%) depuis le baromètre précédent effectué en décembre 2020, la détresse mentale des salariés français reste importante. En effet, 45% d’entre eux s’estiment en détresse psychologique.
36 %
Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est le taux de dépression nécessitant un accompagnement. Il atteint 36% des salariés (+15% depuis décembre).
«Le nombre de dépressions sévères a doublé. Les arrêts maladie vont continuer à augmenter très probablement si des actions ne sont pas mises en œuvre », déclare Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine.
Les populations les plus vulnérables
62 %
Ce sont d’abord les jeunes de moins de 29 ans qui sont le plus à risque. 62% d’entre eux sont en situation de détresse psychologique, dont 39% en risque de dépression. De plus, l’intégration des jeunes embauchés est plus complexe. En situation de télétravail, ils apprennent plus difficilement leur nouveau métier.
53 %
Les femmes suivent avec un taux de 53%. Selon Jean-Pierre Brun, co-fondateur d’Empreinte Humaine, « la santé psychologique des femmes a été mise à mal lors du premier confinement avec la fermeture des écoles. Mais on constate que les problèmes de double journée pèsent encore plus fortement sur elles. Ces inégalités continuent à se creuser ».
Le télétravail devient un facteur de RPS
49 %
Les télétravailleurs sont eux aussi très exposés. 49 % d’entre eux sont en situation de détresse psychologique. A noter que la taille de leur domicile est un facteur important. Si, en général, les salariés habitant dans un logement de moins de 40 m2 sont surexposés à la détresse psychologique (65 %), celle-ci atteint 75 % des télétravailleurs vivant dans ces surfaces.
D’ailleurs, 4 salariés sur 10 saturent du télétravail (+10 %). Pour la moitié des télétravailleurs, « le manque de lien social avec les collègues impacte négativement le sens qu’ils donnent à leur travail », souligne Empreinte Humaine.
Les spécialistes avaient pourtant annoncé l’émergence des risques psychosociaux (RPS) liés au télétravail dès le premier confinement de 2020.
Le ministère du travail a mis en place depuis novembre 2020 un numéro vert à destination des télétravailleurs pour les écouter, les soutenir et leur donner des conseils. Ce numéro vert, le 0800 13 00 00, est gratuit et fonctionne en permanence.
Les managers, eux aussi très exposés
48 %
Le baromètre met également en exergue la situation des managers. Ils sont plus exposés que les personnels qui n’ont pas de responsabilités managériales (48% contre 44%). En outre, 60% d’entre eux n’évoquent pas leurs difficultés avant d’avoir traité celles de leurs collaborateurs. « Et 4/10 se sentent isolés en tant que manager », pointe le cabinet.
« Les entreprises se doivent d’être attentives à la façon dont elles permettent à leurs managers de décrocher et de se ressourcer par des temps de pause et de récupération. Par exemple en arrêtant d’organiser des réunions entre midi et 14 h, ou en diminuant les circuits de décision dans l’entreprise ; car des process inadéquats peuvent aussi peser. »
Jean-Pierre Brun et Christophe Nguyen.
Le dispositif de la Fédération française de l’assurance
Le 22 mars 2021, la FFA a annoncé qu’elle mettait en place un dispositif inédit pour faire face à la multiplication des situations de souffrance psychique et psychologique. En effet, les assureurs vont prendre en charge le remboursement des consultations de psychologues au bénéfice de leurs assurés couverts par un contrat de complémentaire santé.
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Martine Porez – Journaliste
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