Pourquoi l’incendie de Notre-Dame est très certainement accidentel et non criminel ?
Comme à chaque drame d’ampleur national,
la théorie du complot refait surface. L’incendie de Notre-Dame de Paris n’échappe pas aux affabulations à l’ère du tribunal en 140 signes.
Certains ont vu une heureuse coïncidence pour le président de la République dans le timing de l’incendie de la cathédrale… dont le feu a eu la bonne idée de se déclencher un peu plus d’une heure avant son allocution télévisée. Malgré ce timing idoine aux yeux de certains, la thèse criminelle connaît de sérieuses limites.
Les MacGyver du net se sont pourtant succédé afin de tenter de prouver qu’il était impossible que l’incendie de Notre-Dame, débuté dans la charpente, ait pu se déclarer de manière accidentelle. Plutôt que de chercher à connaître tous les éléments dont était constituée la cathédrale avant l’incident, ces «savants» ont ainsi préféré essayer d’allumer une planche en bois dans leur jardin pour mettre au grand jour « l’effroyable mensonge »… Dans des conditions qui ne se veulent en aucun cas comparables avec les circonstances spécifiques de l’incendie de Notre-Dame.
Dans la vidéo ci-dessous, Le Monde s’est amusé à reprendre « le meilleur » de ces tentatives d’incendie sur planche de bois. Le tout en s’appuyant sur l’avis de Anthony Collin, enseignant à l’Université de Lorraine et chercheur au CNRS-Lemta. Ce dernier explique, au cas par cas, pour quelles raisons ces tentatives d’incendie s’avèrent infructueuses.
Des câbles électriques potentiellement en cause dans l’incendie de Notre-Dame
Outre l’incapacité technique de ces pyromanes en herbe, un autre élément appuie la thèse de l’accident au détriment de la piste volontaire. Le Canard Enchaîné rappelait ainsi récemment que le bois n’était pas l’unique élément dont étaient constitués la charpente et les combles de Notre-Dame peu avant l’incendie. Des cloches électrifiées, au nombre de trois, étaient ainsi disposées dans les combles de l’édifice. De même que trois cloches supplémentaires au niveau de la flèche. Celles-ci étaient par ailleurs reliées entre elles par des câbles alimentés en électricité.
En principe, l’électricité servant à alimenter les cloches devait être coupée après une précédente rénovation, remontant à 2012. En dépit de cela, ces cloches ont bel et bien raisonné par le biais d’un mécanisme électrique le lundi 15 avril 2019. Aux messes de 8h, 9h… et à 18h04 donc, comme le confie le média. 18h04… Soit 12 minutes précisément avant la première alerte incendie. Et une vingtaine de minutes avant que l’alerte incendie ne soit officiellement déclarée.
La question de savoir si les ouvriers chargés de la rénovation de l’édifice ont, malencontreusement, pu abîmer les câbles rattachés aux cloches dans la flèche reste ouverte à l’heure actuelle. Si tel était le cas, l’idée que l’incendie de Notre-Dame de Paris puisse avoir été déclenché par un court-circuit électrique ne serait alors pas à exclure.
Les travaux toujours suspectés
De plus dans le même article du Canard Enchaîné, on apprend que les enquêteurs ont retrouvé des mégots de cigarette – ce qui a minima n’était pas en accord avec les règles de sécurité (et la loi Evin). Le travail des enquêteurs s’avère fastidieux.
L’autre argument en faveur d’un allumage accidentel provient du retour d’expérience : en général dans les incendies volontaires, il y a plusieurs départs de feu. On retrouve aussi assez rapidement des traces d’accélérants (hydrocarbures, notamment) dont les traces ne disparaissent pas avec les flammes.
L’idée du complot
Enfin rappelons que ce n’est pas parce que quelqu’un a intérêt à ce qu’un événement se produise qu’il en est l’auteur- comme le rappelait le journaliste et historien Thomas Snégaroff à propos de la mort de JFK et des théories du complot (à revoir dans la vidéo ci-dessous).
Lorsqu' Abraham Zapruder prend sa caméra avec lui le matin du 22 novembre 1963, il n'a aucune idée de ce qu'il s'apprête à filmer. Son film dure moins de 30 secondes et va être le point de départ de théories qui contredisent la thèse officielle de l'assassinat de John F. Kennedy pic.twitter.com/XcQjdoYAzo
— France Culture (@franceculture) 22 novembre 2018
Eitel Mabouong
Journaliste
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