Assurance des entreprises : vers une stabilisation du marché ?
Le 26 octobre 2023, l’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (Amrae) a présenté son analyse de l’état actuel du marché de l’assurance. Malgré un contexte toujours tendu et des perspectives incertaines pour 2024, les experts de l’Amrae notent de légères améliorations.
Comme tous les ans au moment des renouvellements des contrats, l’Amrae a fait le point sur les grandes tendances du marché de l’assurance des entreprises. Cet exercice est mené grâce à la collecte d’informations auprès de courtiers d’assurance implantés en France, représentant les petites, moyennes et grandes entreprises.
L’analyse de l’Amrae porte sur quatre dimensions d’un contrat d’assurance : les capacités offertes (garanties et limites définies), la tarification (qui dépend de l’évaluation du risque), la prime et la franchise.
Malgré quelques signes de détente comparé à la situation de 2022, sous la forme d’une hausse des capacités ou d’un tassement des hausses de primes, le marché de l’assurance pour les entreprises reste en tension. Certains risques, comme le risque cyber, ou certains secteurs d’activité de la branche assurance dommage ou responsabilité civile, comme le bois, les déchets et le traitement de surface restent compliqués à assurer.
Un marché de l’assurance toujours sous tension
L’an dernier à la même époque, le constat n’était pas très optimiste avec notamment des primes revues à la hausse et des contrats aux conditions durcies par les assureurs directs. Comme anticipé fin 2022 dans le précédent rapport, ce sont à présent les réassureurs qui sont à la manœuvre et qui font pression à leur tour.
« Les bouleversements du monde, qu’ils soient géopolitiques, climatiques ou digitaux ont des conséquences particulières pour les branches dommage aux biens, responsabilité civile, automobile, construction et risques politiques », constate l’Amrae.
Le contexte inflationniste, même si la hausse des prix tend à ralentir en France, entraîne mécaniquement de grosses variations d’indices et une augmentation des valeurs assurées.
L’Amrae souligne encore que « certains facteurs techniques spécifiques peuvent conduire à des hausses de tarif et de franchises, notamment sur les lignes exposées aux conséquences du changement climatique ».
Assurance dommage aux biens : tendance à la stabilisation
Concernant les quatre dimensions étudiées, l’analyse est la suivante :
- Des capacités qui semblent se stabiliser après deux ans de baisse, notamment du fait de l’arrivée de nouveaux acteurs. Cependant certains événements naturels font l’objet de limites plus basses que par le passé. Le risque « grèves, émeutes et troubles civils » fait face à une offre en baisse. D’autre part, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie subissent des exclusions territoriales, impliquant le recours à des courtiers locaux ;
- Une tarification qui reste globalement sur des taux identiques, sauf pour certains secteurs « sinistrés » : les secteurs du bois, du papier, de l’agroalimentaire, des déchets et du traitement de surfaces « restent particulièrement impactés et très peu souscrits par le marché, relève l’Amrae. Il en est de même des activités avec stockage ou recyclage de batteries li-ion, des stockages automatisés non sprinklés conformément aux attentes des assureurs ». Les sites comportant des panneaux photovoltaïques en toiture partagent également ces difficultés ;
- Des primes en augmentation : si les risques jugés les plus « méritants » peuvent bénéficier de baisses, la majorité des dossiers est renouvelée « entre 0 et 15 % de hausse ». En particulier, « certains dossiers très complexes, sinistrés ou jugés fortement exposés, subissent encore de fortes majorations, analyse l’Amrae. Ces majorations sur les risques sensibles devraient être accentuées par l’impact des émeutes de juin 2023 sur les renouvellements à venir ».
- Des franchises qui restent stables, sauf en ce qui concerne les événements naturels (relevant du régime Catnat ou autre, comme la grêle) et les « grèves, émeutes et troubles civils ».
Autres tendances
- Construction (garanties décennale, dommage ouvrage…) : si les capacités semblent stables, les trois autres indicateurs sont à la hausse. Quelques secteurs font l’objet de restriction ou de difficultés à l’assurance : le photovoltaïque, la géothermie, les énergies renouvelables, les matériaux réemployés et les constructions en bois ;
- Responsabilité civile : si le marché reste dynamique et capacitaire, l’Amrae fait observer que « la position des assureurs sur les PFAS (composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés) devrait encore se durcir pour les prochains renouvellements » ;
- Risque cyber : le marché reste fragile, avec des capacités en baisse (malgré un regain de dynamisme de certains acteurs), une tarification en augmentation, des primes et franchises stables. Certains secteurs d’activité sont plus en difficulté que d’autres : les hôpitaux et cliniques, les collectivités territoriales, les pure players de l’internet, les sociétés ne disposant pas d’un niveau de sécurité informatique élevé (ETI/PME).
En conclusion, l’Amrae rappelle que « la qualité des données de souscription, de la prévention et de la gestion des risques sont critiques et clés pour la renégociation du contrat », quel que soit le secteur d’activité ou la branche d’assurance considérés.
Et quand bien même l’investissement dans la prévention d’une entreprise ne saurait convaincre aucun assureur, l’association mentionne la solution de la captive de réassurance, qui bénéficie en France d’une belle dynamique depuis l’évolution réglementaire récente avec la parution du décret n° 2023-449 du 7 juin 2023.
En savoir plus
L’étude complète est disponible sur le site de l’Amrae, rubrique « actualités ».
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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