Interview. Eurofeu répond à l’interdiction de mise sur le marché d’extincteurs

26 juin 20237 min

Le 12 mai dernier était publié au Journal officiel un arrêté du 3 avril 2023 portant sur l’interdiction de mise sur le marché d’un extincteur “1 kg à poudre à pression permanente” et prescrivant la mise en conformité d’autres extincteurs. Concerné par ce texte Eurofeu répondait quelques jours plus tard par un communiqué officiel, relayé sur LinkedIN. Directeur général adjoint chez Eurofeu, Dany Rousselot a accepté de répondre à nos questions sur le sujet.

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Face au Risque. Pouvez-vous nous expliquer pour quelles raisons Eurofeu a été mis en demeure par la Dréal ?

Dany Rousselot. La Dreal a initialement procédé à des prélèvements de nos extincteurs en GSB (grandes surfaces de bricolage), dans plusieurs enseignes. Dans cette affaire, la Dreal adopte une approche « marché » et souligne qu’il y a des produits qui sont commercialisés sur le sol français, proposés et vendus en tant que produits français, alors que ce sont des productions asiatiques. Il faut savoir qu’historiquement, pour pouvoir apposer la marque NF sur nos produits fabriqués par un tiers, nous étions habitués à obtenir un agrément avec un numéro de certification en propre. Cela permettait d’identifier l’origine du produit et d’apposer sa propre marque sur le produit. C’est ce qu’on appelle le « portage de marque ». Cet arrêté révèle qu’appliquer les exigences liées à l’obtention de la marque NF ne permet pas de répondre à toutes les exigences commerciales du marquage CE.

Pourquoi y a-t-il eu une interdiction pour l’extincteur « 1 kg pression permanente » ?

D.R. Parce que c’est le produit le plus distribué en GSB (Grande surface de bricolage) à destination du grand public.

Il existe donc un deuxième passage de certification sur les produits importés, une fois qu’ils sont arrivés en Europe, pour permettre leur commercialisation sur le marché français ?

D.R. Tout à fait. Les produits qui ont été sélectionnés en Asie étaient déjà certifiés CE. Et nous avons procédé à des homologations NF. Nous les avons réhomologués pour la France, bien qu’ils étaient déjà homologués au niveau européen. Mais il est clair que pour ce qui est d’Eurofeu, nous ne souhaitons pas commercialiser en France des produits qui ne soient pas conformes à la marque NF. Comme nous le défendons au sein des organismes professionnels, nous voulons mettre en avant la marque NF, qui est un gage de sécurité pour les industriels et les clients. Nous avons donc réhomologués ces produits, sans difficulté puisqu’il y a des audits et des prélèvements tous les ans. Il y a un suivi régulier.

S’agissant de votre rôle au sein de la commission de la marque NF 074 – Extincteurs, les éléments de l’arrêté sur les marquages pourraient-ils devenir obligatoires pour toutes les marques par la suite ?

D.R. De fait, ce sujet est commun à la plupart de nos confrères. De toute façon, il faut aussi que nous jouions notre rôle pour éclaircir ou amender le NF 074 afin qu’il y ait une compatibilité entre les deux référentiels (CE et NF). Ils n’ont pas tout à fait la même vocation. Quand le NF 074 a été créé, nous n’étions pas confrontés à de l’importation de produits, ou en tout cas pas avec des importations hors d’Europe. Ce sont des points qui n’avaient pas vraiment été considérés par les professionnels à l’époque.

C’est l’occasion de faire preuve de transparence et d’améliorer le référentiel NF.

Dany Rousselot
Directeur général adjoint Eurofeu

Dany Rousselot, directeur général adjoint Eurofeu. (Crédit photo - Eurofeu).

Le point positif que nous pouvons en tirer, cela va nous faire progresser car l’environnement a évolué, avec notamment l’importation de produits extincteurs depuis les années 2010. C’est assez récent finalement, bien que les textes n’aient pas forcément suivis. C’est l’occasion de faire preuve de transparence et d’améliorer le référentiel NF. Notre projet est d’inscrire ces sujets dans les prochains ordres du jour des commissions de telle sorte que l’on puisse réfléchir sur la manière de modifier nos textes et nous accorder pour bien prendre en compte cette situation. Au final, tout le monde y gagnera.

Allez-vous continuer d’importer une partie de vos produits depuis des pays asiatiques ou allez-vous passer à une fabrication 100 % française ?

D.R. Nous continuerons de proposer deux gammes (la gamme France et la gamme Asie). En tant qu’industriel, je préférerais bien entendu que nos clients optent pour des produits que nous fabriquons à Senonches (Eure-et-Loir). Mais certains préfèrent des technologies moins chères fabriquées en Asie. Malgré tout, ce en quoi les clients ont confiance, c’est la marque NF.

Revenons à l’arrêté : pourquoi une interdiction de mise sur le marché pour le modèle « 1 kg à poudre à pression permanente » est-elle prononcée ?

D.R. Parce que le « 1 kg pression permanente » est celui qui a été prélevé dans la grande distribution.

Cette interdiction de mise sur le marché du produit de 1kg concerne uniquement la France ou s’étend-elle au marché européen ?

D.R. C’est purement français, car la Dreal a autorité sur le sol français. Le même produit est distribué dans d’autres pays en Europe. La Dreal n’a pas jugé nécessaire d’aller plus loin avec des démarches qui seraient européennes. On prend acte. La règlementation fait partie de notre environnement de travail, donc nous savons que nous devons nous y conformer. Il n’y a pas d’impact sur la distribution de nos produits.

Dany Rousselot, directeur général adjoint Eurofeu. (Crédit photo - Eurofeu).

Nous espérons que le dossier sera clos courant juillet et nous reprendrons nos importations dès lors que nous aurons un retour formel de la Dréal.

Dany Rousselot
Directeur général adjoint Eurofeu

Ce modèle d’extincteur de 1 kg à poudre ne rencontre donc aucun problème particulier, il n’est pas défaillant ?

D.R. Tel que mentionné dans l’arrêté, il n’y a aucun problème technique. Les extincteurs pourront être utilisés et maintenus tout à fait normalement, leur durée de vie reste inchangée. Ils ne présentent aucun risque pour les utilisateurs et les mainteneurs.

Y a-t-il une date en prévision pour un passage devant la Dreal en vue d’une nouvelle mise à disposition de cet extincteur sur le marché ?

D.R. Nos interlocuteurs de la Dreal disposent d’ores et déjà des différents éléments qui devraient permettre la levée d’interdiction de l’extincteur 1kg concerné. Nous espérons que le dossier sera clos courant juillet et nous reprendrons nos importations dès lors que nous aurons un retour formel de la Dreal. Dans cette attente nous proposons un autre produit équivalent afin de satisfaire nos clients.

Sur le plan économique, la publication de l’arrêté au Journal officiel a-t-elle eu un impact sur vos ventes ?

D.R. Nous n’observons pas d’impact sur nos ventes, nous avons expliqué à nos clients la teneur de cet arrêté et les avons rassurés sur la pérennité et la non-dangerosité de nos équipements. Notre large gamme d’appareils nous permet de répondre à l’ensemble des besoins exprimés par nos clients. En outre, nos clients distributeurs sont autorisés à commercialiser leur stock.

Eitel Mabouong – Journaliste

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