Mettre en place un système de vidéosurveillance efficace

« Rien ne sert de courir après pléthore de caméras si on n’a pas bien dimensionné ses besoins. Ce qui est important, c’est d’adapter le système à son site et ses risques et de se demander comment on va l’exploiter », prévient Marc Pichaud, fondateur de Just Do IP, organisme de formation et de conseils spécialisé dans la vidéosurveillance sur IP et les architectures réseaux. Lors de ses visites sur site, c’est le principal problème rencontré : les objectifs n’ont pas été clairement définis par l’exploitant et le système ne correspond donc pas à ses attentes. Il existe pourtant des critères clés à prendre en compte pour éviter les mauvaises surprises.

Pour éviter les écueils, l’analyse fonctionnelle, qui détermine de quelles fonctions doit être équipé le système et comment ce dernier va être exploité, est indispensable. En vidéosurveillance, comme pour toute installation d’ailleurs, une analyse des risques liés au site est nécessaire.

« Un établissement dont l’activité ne représente intrinsèquement pas de risques élevés pourra se contenter de peu de caméras (2 à 8), sur quelques entrées, parking et endroits de passage, illustre le spécialiste. Un site possédant une activité ou des stocks de produits attractifs devra bien évidemment envisager des tentatives d’intrusion ou de malveillance plus importantes et devra couvrir plus sérieusement les accès secondaires, les locaux techniques (TGBT, chaufferie…), voire la périphérie du site. »

Le maître d’ouvrage, à savoir l’entreprise qui veut s’équiper d’un système de vidéosurveillance, doit définir avec précision ses objectifs minimums et optimums, les modes d’exploitation du système, les fonctions permettant de répondre aux scénarios de risques, le niveau de performance attendu en exploitation, le niveau de résilience attendu (résistance pannes et malveillance). Si possible dans un schéma directeur global sûreté multi-technologies. Il faut entrer dans le détail, conseille Marc Pichaud.

Une fois cette analyse réalisée, le maître d’ouvrage doit définir des objectifs clairs. Marc Pichaud nous donne quelques exemples :

• couvrir toutes les entrées principales (public, employés) en qualité identification (jour et nuit) en enregistrement continu ;

• pouvoir lire les plaques en entrée de site (jour et nuit) sur enregistrement mais uniquement en cas d’enquête ;

• détecter par l’opérateur en temps réel les comportements anormaux en journée dans des linéaires sensibles en qualité reconnaissance afin de prévenir l’agent de sécurité en sortie de magasin ;

• générer une alarme sonore et stroboscopique dissuasive en cas d’intrusion sur le périmètre, de 21 h à 6 h du matin et notifier les deux PC de sécurité ;

• détecter tout stationnement de véhicules ou de personnes au-delà de 5 min à moins de 10 m de la clôture de site de 23 h à 5 h du matin, même en cas de brouillard, et générer une alarme au PC sécurité, opérer un zoom de levée de doute par caméra PTZ ;

• signaler à l’opérateur de jour comme de nuit, en qualité de reconnaissance en direct sur écran, toute personne ouvrant une porte de local technique de la cour logistique (asservissements en lien avec contrôle d’accès/intrusion) et générer une notification dans le journal d’activité et des alarmes.

Une analyse fonctionnelle détaillée et des objectifs précis, inscrits au cahier des charges (CCTP), permettront d’éviter les mauvaises surprises lors de l’extraction des vidéos : sur ou sous exposition à la lumière, sur exposition aux infrarouges la nuit, caméra trop haute, bruit, flou, vibrations dans l’image, portée IR insuffisante, lecture de plaque floue la nuit, caméra trop horizontale qui prend la pluie…

Elle est aussi primordiale. Il faut vérifier que :

• les caméras stratégiques qui doivent fournir des vidéos exploitables le font réellement, qu’il fasse jour ou nuit, sous la pluie… ;

• les risques majeurs à forte probabilité sont couverts dans les délais, sans faux négatifs et avec peu de faux positifs ;

• le serveur fonctionne confortablement, les enregistreurs ne sont pas saturés, la durée de stockage est respectée ;

• le système est conforme avec la législation et la sécurité informatique ;

• l’alimentation réseau est correcte et un peu surdimensionnée, câblage et switch fournissent les débits et l’alimentation POE nécessaires et sans latence ;

• concernant l’alimentation électrique, il n’y a pas de micro-coupures et le système est ondulé en cas de travaux ou malveillance ;

• le système répond aux fonctions demandées, les opérateurs sont satisfaits.

« Bien réceptionner permet d’éviter par exemple les caméras qui voient trop le ciel, les caméras mal placées, de l’eau sur l’optique, ou encore des films plastiques qui n’ont pas été enlevés des caméras, conclut Marc Pichaud. Le maître d’ouvrage doit contrôler dans le détail, sur plusieurs jours, voire semaines, que le système correspond bien à ses besoins et que les bons réglages ont été effectués. Je vois trop souvent des entreprises qui ont fait confiance à l’intégrateur et pensé que les pré-réglages étaient les bons. Or, dans beaucoup de cas, les réglages d’usine sont laissés et ils peuvent être mauvais, notamment la nuit. »