FR-Alert, premier retour d’expérience

4 juillet 20224 min
Le nouveau système FR-Alert permet d’envoyer des notifications sur le téléphone mobile des personnes présentes dans une zone confrontée à un grave danger. Photo SFIO CRACHO/AdobeStock

Le nouveau dispositif d’alerte et d’information des populations FR-Alert, officiellement déployé le 21 juin 2022, a été testé pour la première fois en conditions réelles un mois plus tôt lors de l’exercice européen Domino 22 dans le secteur de l’Étang de Berre. Jean-Michel Budynek, administrateur au sein de l’Association des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs (Amaris) et adjoint à la transition écologique à la mairie de Solaize, dans la Vallée de la chimie, a pu assister à l’exercice.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’exercice Domino et le dispositif FR-Alert ?

Jean-Michel Budynek. L’exercice européen Domino 22 s’est déroulé en mai 2022 dans le bassin industriel de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Avec des scénarios s’intensifiant crescendo (forte pluie, inondation, accidents industriels…), il a permis de tester la montée en puissance des dispositifs de sécurité civile jusqu’au recours des secours européens.

C’était aussi l’occasion pour le ministère de l’Intérieur de tester pour la première fois en grandeur nature le dispositif FR-Alert.

Il permet par diffusion cellulaire, ou cellbroadcast, d’envoyer des notifications sur le téléphone mobile des personnes présentes dans une zone confrontée à un grave danger, qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle, d’un accident chimique ou industriel, d’un attentat…

L’alerte se fait via les réseaux de télécommunications, il n’est donc pas nécessaire de s’inscrire au préalable sur une liste, comme c’est le cas pour les automates d’appel des communes, ni même de télécharger une application.

Jean-Michel Budynek, administrateur au sein de l'Amaris

Quel premier bilan tirez-vous ?

J.-M. B. On a constaté lors de l’exercice que le dispositif FR-Alert permet d’avoir une grande souplesse avec la possibilité de cibler une zone concernée. Ce qui a très bien fonctionné, c’est notamment la traduction des messages en langue étrangère ou l’adaptation pour les personnes malvoyantes en message vocal. Ce système vient compléter les outils d’alerte déjà existants, notamment les sirènes, les messages par automates d’appel, les communications sur les réseaux sociaux. C’est un outil de prévention et d’alerte qui manquait, surtout pour les personnes en transit. Ou par exemple des personnes qui n’habitent pas dans la zone concernée par l’accident mais qui viennent pour travailler ou dans les zones commerçantes…

Un exemple type où ce système aurait été utile est l’accident qui a eu lieu sur l’autoroute A7 à hauteur de Chasse-sur-Rhône début juin 2022. Un poids-lourd transportant des matières dangereuses s’est couché sur l’autoroute qui a été bloquée presque 20 heures. Le système aurait pu permettre de prévenir les usagers en amont pour délester la zone et éviter que tout le monde ne s’engage sur le secteur et se retrouve bloqué.

Quelles sont les limites de cet outil ? Quels points restent à améliorer ?

J.-M. B. Techniquement, le dispositif reste à peaufiner pour qu’il soit plus efficace. Cela a notamment été le cas entre l’exercice Domino, pendant lequel l’alerte n’a pas fonctionné sur les iPhone, et d’autres expérimentations qui ont eu lieu en juin, où ce problème a été résolu.

On sait aussi que le dispositif n’est accessible, pour le moment, qu’aux smartphones équipés de la 4G (5G à l’avenir). Pour les autres, le ministère travaille sur un système de SMS géolocalisé qui sera déployé ultérieurement.

Par ailleurs, ce qu’on peut regretter pour l’instant, c’est que le dispositif soit réglementairement aux mains de l’État : c’est la préfecture qui déclenche le message. Ce qui serait souhaitable pour une meilleure efficacité, c’est que la commune puisse déclencher les alertes pour éviter les sur-accidents dans la zone. Un des enjeux est de gagner en rapidité pour limiter l’exposition des populations. Il semble pertinent de s’interroger sur l’acteur le mieux placé pour utiliser cet outil. FR-Alert pourrait aussi être lié aux PICS, les plans intercommunaux de sauvegarde, dont on parle beaucoup en ce moment.

Notification FR-Alert envoyée lors d'un exercice à Rouen le 28 juin 2022.
Notification FR-Alert envoyée lors d’un exercice à Rouen le 28 juin 2022.

Article extrait du n° 584 de Face au Risque : « Reconnaissance faciale » (juillet-août 2022).

Gaëlle Carcaly
Journaliste

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