Reconstruction de Notre-Dame : la question du plomb

19 avril 20223 min

Sur le chantier de reconstruction de la cathédrale, la maîtrise des conséquences de l’utilisation du plomb comme matériel de couverture est un enjeu majeur.

Ceci est une légende Alt

La question du plomb dans la cathédrale, c’est à la fois le plomb sur le chantier et son utilisation comme matériau de reconstruction.

Sur le chantier, si la présence de plomb alourdit les protocoles d’accès et les conditions de travail, la protection des compagnons reste la priorité absolue, explique l’établissement public en charge de la restauration. Ce dernier a désigné un assistant à maîtrise d’ouvrage pour l’aider à piloter les actions de maîtrise du risque plomb sur le chantier.

Protection des compagnons

Chaque intervenant travaillant sur le chantier est régulièrement contrôlé et « un effort considérable a été entrepris pour mettre au meilleur niveau les protections collectives, avec notamment la mise en place de tenues de travail spécifiques (combinaisons et masques) et de douches en sortie de chantier », souligne-t-on à l’établissement public.

Les compagnons les plus exposés travaillant dans les zones émissives – telles que les opérations de dépose de l’échafaudage sinistré, le chantier des chapelles-tests (voir paragraphe suivant) ou bien encore sous les barnums où étaient triés et entreposés les vestiges – ont porté un masque à ventilation assistée.

Pour toute personne voulant accéder au chantier, une consultation médicale, incluant la mesure initiale du taux de plomb dans le sang, est imposée, tout comme une formation au risque plomb.

Nettoyage de la cathédrale

Des nettoyages réguliers des sols intérieurs et extérieurs ont été réalisés et ont permis, entre avril 2019 et mi-2021, de diviser presque par 20 les taux moyens de plomb dans et à proximité de la cathédrale, d’après l’établissement public.

Le parvis, qui avait pu rouvrir au public en mai 2020, avait été à nouveau fermé en mai 2021, suite à une élévation de la concentration de poussières de plomb. L’ARS a autorisé sa réouverture en juillet 2021, après des actions spécifiques de nettoyage et une opération de réfection de la résine posée sur le parvis, détériorée à certains endroits.

Une opération de dépoussiérage global des intérieurs (voûtes, murs et sols) est par ailleurs en cours depuis l’automne 2021 et devrait se poursuivre jusqu’au printemps 2022 pour réduire les poussières de plomb.

Enfin, entre septembre 2020 et avril 2021, des chantiers-tests ont été menés sur deux chapelles pour définir un protocole de nettoyage approfondi permettant de faire baisser les niveaux de plomb à l’intérieur de la cathédrale. « Le protocole de nettoyage défini permet de faire baisser de plus de 90 % la concentration moyenne en plomb sur les sols et de 98 % la concentration moyenne en plomb sur les murs, soit des divisions de 10 à 50 », indique l’établissement public. Ce protocole sera appliqué à l’ensemble de l’édifice, du printemps 2022 à fin 2023.

Pollution des eaux

Concernant l’impact environnemental des eaux de ruissellement des couvertures qui vont être reconstruites avec du plomb, l’établissement public a lancé une étude avec le Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes urbains (Leesu) de l’école des Ponts Paris-Tech pour mesurer précisément la teneur en plomb de ces eaux. Des bancs d’essai (à savoir des plaques de plomb d’un mètre carré) ont été mis en place dans l’emprise du chantier pour recueillir et analyser les eaux de ruissellement.

Parallèlement, l’établissement public étudie avec la maîtrise d’œuvre l’amélioration du dispositif de recueil des eaux de ruissellement et examine les dispositifs de stockage et de filtration des eaux de ruissellement, pour prendre les mesures d’accompagnement nécessaires en fonction des résultats de l’étude du Leesu.


Article extrait du n° 581 de Face au Risque : « Notre-Dame sous les deux de la rampe » (avril 2022).

Gaëlle Carcaly – Journaliste

Les plus lus…

Inscrivez-vous
à notre
newsletter

Recevez toutes les actualités et informations sûreté, incendie et sécurité toutes les semaines.