Interview. « Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les pompiers se font caillasser »

13 octobre 20204 min

Le tome 20 de la série de BD Les Pompiers (Bamboo Édition) sort ce 14 octobre 2020. Ce nouvel album intitulé
« Sauve qui peut » traite de la difficile question des incivilités et des agressions envers les soldats du feu.
Rencontre avec l’auteur, Christophe Cazenove, qui nous explique comment il a abordé ce thème.

Article extrait du n°566 de Face au Risque : « Lithium-ion – Faut-il craindre l’emballement ? » (octobre 2020).

Comment travaillez-vous pour rester proche de la réalité du métier de sapeur-pompier ?

Christophe Cazenove. Je connais des pompiers donc il m’est déjà arrivé d’aller en caserne pour des petites précisions sur du matériel par exemple. Ou sur la manière dont ils interviennent. Mais c’est vraiment très ponctuel. Je m’informe par l’actualité ou des forums sur internet.

Mais je ne veux pas trop me documenter pour que la BD ne soit pas trop technique, trop pointue, trop précise. Ce n’est pas une BD officielle des pompiers. Le but n’est pas de s’adresser uniquement à des pompiers mais de parler de leur univers. Il faut que ça reste accessible au grand public et aux enfants.

J’essaie d’avoir un regard extérieur sur le métier de pompier et sur la passion que ces hommes et ces femmes ont de leur métier. Surtout j’essaie d’être fantaisiste.

« Le but n’est pas de s’adresser uniquement à des pompiers mais de parler de leur univers. »

Agressions verbales, guet-apens, caillassages. Le thème retenu pour ce nouvel album n’est pas particulièrement drôle. Quelle a été votre démarche pour parvenir à faire rire avec de telles situations ?

C. C. Avec Stédo, le dessinateur de la BD, ce n’est pas la première fois que nous abordons l’agression dans la série. On a déjà évoqué, sur une page ou deux, le souci de l’incivilité. Mais l’album « Sauve qui peut » est complètement consacré à ces nouveaux risques. Cette fois-ci, j’ai travaillé différemment. Un dossier parlant des incivilités et du mauvais accueil réservé parfois aux pompiers accompagne l’album. Il est écrit par un professionnel de la sécurité. Par son intermédiaire, j’ai pu poser une vingtaine de questions sur cette thématique à des spécialistes de la protection et à des pompiers qui m’ont remonté plusieurs anecdotes. Je suis parti de ces situations vécues.

Au début, je n’arrivais pas à trouver la tonalité. J’étais gêné d’être léger avec un thème aussi lourd. Parce que dans la réalité, il y a des pompiers qui sont blessés. Évidemment, dans la BD, je n’aborde pas brutalement ces situations mais je les évoque en les détournant pour que ce soit humoristique. Par exemple, lors d’une intervention, un type assez agité avait donné un coup de tête à un pompier. J’ai utilisé cette anecdote mais je l’ai inversée : le type a donné un coup de tête mais comme le pompier avait un casque, il s’est retrouvé à l’hôpital…

On joue aussi avec le caractère des personnages de la série. Ils sont une quinzaine dont deux sont un peu les idiots de service. C’est eux qu’on met en avant sur certains gags en leur faisant mal comprendre les situations.

« Au début, je n’arrivais pas à trouver la tonalité. J’étais gêné d’être léger avec un thème aussi lourd. »

Tous les gags de la BD proviennent-ils de véritables histoires ?

C. C. Je me suis toujours appuyé sur les réponses des pompiers au questionnaire. Il n’y a pas eu beaucoup d’anecdotes complètes mais pratiquement tous les gags viennent d’un des éléments de réponse. Par exemple, concernant leur matériel qui n’est pas toujours à la hauteur, j’ai écrit un gag sur les caméras piétons que certains pompiers peuvent porter lors d’interventions. J’en ai écrit un autre sur la résistance des pare-brise de leurs véhicules. Encore un autre sur le port de l’uniforme…

D’ailleurs, parmi les anecdotes, certaines m’ont choqué, notamment une qui était un véritable guet-apens : lors d’une intervention pour un feu de poubelle, un scooter auquel été accrochée une bouteille de gaz était positionné à côté de la poubelle… Je ne réalisais pas que des pièges de ce niveau-là étaient tendus aux pompiers. J’ai appris beaucoup en faisant cet album, notamment que s’il n’y avait pas beaucoup de blessés chez les pompiers en intervention, c’est parce qu’ils savent gérer les risques. En écrivant mes gags, je pensais souvent aux réelles difficultés qu’ils rencontrent.

« En écrivant mes gags, je pensais souvent aux réelles difficultés que les pompiers rencontrent. »

Martine POREZ

Martine Porez
Journaliste

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