Incendie Lubrizol : le ministère de la Transition écologique publie son rapport d’inspection et fait 17 recommandations

12 mars 20203 min

Le 10 mars 2020, le CGEDD (Conseil général de l’Environnement et du Développement durable) et le CGE (Conseil général de l’Économie) publient leur rapport d’inspection sur l’incendie de Lubrizol survenu le 26 septembre 2019 à Rouen (Seine-Maritime).

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Le CGEDD et le CGE dépendent respectivement des ministères de la Transition écologique et de l’Économie. Dès le 9 octobre 2019, ces deux organisations ont été chargées d’une mission d’inspection de l’incendie de Lubrizol par Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. Leur rapport vient d’être publié. C’est d’ailleurs sur ses premières conclusions que la ministre avait dévoilé, le 11 février 2020, un plan d’actions pour améliorer le traitement du risque industriel.

L’analyse de l’incendie

Si l’origine de l’incendie n’était pas connue au moment de la rédaction du rapport, le départ de feu est localisé dans une zone mitoyenne entre Lubrizol et NL Logistique. « Il est établi qu’au moment de la constatation initiale, l’incendie, très “installé“, concernait déjà les deux sites. » 

Selon le rapport de la mission, plusieurs facteurs ont contribué au développement rapide de l’incendie :

  • une grande proximité des stockages de Lubrizol et de NL Logistique ;
  • l’utilisation d’IBC en matière plastique qui se sont percés sous l’effet du puissant rayonnement thermique puis ont explosé, libérant les produits combustibles qu’ils contenaient ;
  • une rétention de ces IBC insuffisante ;
  • l’insuffisance de la détection incendie doublée de l’insuffisance des moyens d’extinction ;
  • l’insuffisance des dispositifs de collecte des eaux d’extinction.

Les recommandations de la mission

Au regard de ces constatations, et compte tenu que ces fragilités peuvent se rencontrer sur d’autres sites industriels, la mission propose 17 recommandations regroupées en 7 familles.

  1. Mieux prendre en compte le risque incendie des produits combustibles. Notamment en élaborant des prescriptions spécifiques pour les stockage en IBC de liquides combustibles.
  2. Améliorer la sécurité des installations. Les établissements anciens bénéficiant du droit d’antériorité pourraient démontrer que leur exploitation peut se poursuivre sans risque, en apportant des mesures correctives si besoin.
  3. Réexaminer les études de dangers avec une meilleure prise en compte du risque incendie.
  4. Mieux gérer les impacts consécutifs à un accident industriel. À cet égard, il est indispensable que les exploitants mettent à disposition en temps réel les listes et quantités de produits présents sur leur site.
  5. Améliorer la confiance dans la parole publique en temps de crise. Celle-ci doit se construire avant la crise. Par exemple en communiquant sur les succès ou sur les améliorations à apporter concernant les ICPE.
  6. Vérifier l’absence de fragilités observées sur les sites impliqués par un incendie sur d’autres sites industriels. Un plan d’actions d’inspections serait élaboré et confié aux Dreal. La mission insiste également sur la poursuite d’exercices de crise à organiser à intervalles réguliers.
  7. Créer un bureau d’enquête des accidents industriels intégrant les équipes du Barpi.

Quelques chiffres clés de cet incendie hors-normes relevés dans le rapport

  • 276 sapeurs-pompiers engagés
  • 46 engins mobilisés
  • 9 500 tonnes de combustibles brûlés
  • 500 « formulations commerciales » différentes détruites sur le site de Lubrizol
  • 30 000 m² couvert par l’incendie
  • 20 000 m3 d’eau d’extinction

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Martine Porez, journaliste à FAR

Martine Porez
Journaliste

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