Marché de l’assurance IARD : la fin de la chute ?
Jeudi 22 novembre 2018, l’Amrae, l’association pour le management des risques et de l’assurance en entreprise présentait sa 14e enquête annuelle sur le marché de l’assurance IARD. Depuis 2013, c’est la première fois qu’une pause est observée sur ce marché. Une bonne nouvelle pour la prévention.
Côté chiffre, l’année 2017 aura été marquée par les catastrophes naturelles constate d’emblée l’auteur du rapport, Léopold Larios de Piña, pilote de l’Observatoire des primes et des assurances de l’Amrae.
Et de détailler la figure : le réassureur Swiss Ré a chiffré à plus de 377 milliards de dollars les dommages économiques. Parmi eux, les dommages assurés ont atteint le seuil des 144 milliards de dollars de sinistres assurés. Ce qui a représenté moins de 43% des dommages occasionnés. Plus étonnant encore, trois sinistres “seulement”, trois ouragans, sont responsables de 64 % des sinistres assurés (92 Mds). Le coût global s’élevant, lui, à 200 milliards de dollars.
Trois ouragans, responsables de 64 % des sinistres assurés
Harvey, Maria et Irma ont créé une situation tout à fait inédite pour l’assurance.
Au niveau français, Irma aurait occasionné près de 2 Mds d’euros de destruction sur les Antilles françaises. C’est plus du double des montants “normaux” observés dans la branche Catastrophe naturelle sur la période 1982 -2016.
Un niveau bas de rentabilité
Malgré ces chiffres, l’enquête de l’Amrae, réalisée depuis 14 ans tous les étés auprès des courtiers, observe, pour la première fois depuis 2013, a minima “une pause dans le marché et peut-être le début d’une baisse” précise Léopold Larios de Piña.
La raison vient directement des charges de sinistres issues des catastrophes naturelles et qui ont impactées négativement la profession.
Cependant, c’est une bonne nouvelle pour la prévention puisqu’il n’y a plus de concurrence dé-raisonnée, qui pouvait s’accompagner parfois de l’acceptation à des prix très bas de risques peu ou mal protégés.
“Les assureurs atteignent un point bas dans leur rentabilité”, croit savoir Léopold Larios de Piña. “Tout le monde est donc très vigilant par rapport à ce qui est souscrit.”
Au global, il y a donc une augmentation des primes observées par l’ensemble des acteurs.
40 à 60% des biens perdus ou détruits par les catastrophes naturelles, n’étaient pas assurés, rappelle Léopold Larios de Piña. Il y a donc un effort pédagogique à porter, sur la nécessité de s’assurer… Y compris dans un pays comme le nôtre où il n’est pas évident d’imaginer un si faible taux de couverture.
Le marché de la fraude sous tension
Autre fait marquant de l’étude, les arnaques au président sont de plus en plus difficile à assurer… Ou bien les garanties se réduisent. Malgré beaucoup de formations et d’informations sur les techniques d’ingénierie sociale à l’origine de ces faux virements, la sinistralité reste importante.
“Les assureurs semblent essayer de limiter leur exposition à ce risque. Or nous sommes typiquement sur un risque d ‘entreprise, avec un véritable aléas. c’est un peu dommage” regrette Léopold Larios de Piña.
De leur côté les entreprises se voient obligées de mettre en place et formaliser des mesures et des tests de procédures internes. Malgré tout, cela se traduit par une stabilité des prix mais des “garanties assez souvent revues à la baisse.”
2017, année du risque Cyber
Dans certains cas, ces risques de fraude peuvent être liés ou accompagnés par le risque cyber. De ce côté l’année 2017 a été “épouvantable en termes de sinistralité avec à la fois un niveau historique en termes de coûts et de nombre de sinistres. Notamment avec la vagues d’attaques pendant l’été.”
Une prise de conscience
“La demande d’assurance est très forte de la part des entreprises qui ont conscience qu’il faut s’assurer sur ces risques digitaux.”
Du côté de l’assurance, l’offre se structure, se prépare et est ouverte. Toutes les organisations se sont structurées sur ce risque mais n’ont pas toutes le même niveau de maturité sur le sujet.
“La capacité n’a pas augmenté. Mais on peut constater que les assureurs ont envie de prendre du risque aux côtés des entreprises. Et c’est très bien, car on est sur une véritable zone d’incertitude” constate l’auteur du rapport.
La démarche prévention valorisée
Les courtiers assurance sont sollicités de plus en plus sur les risques cyber et disposent tous d’équipes dédiées. Tout comme les assureurs.
D’ailleurs, pour ces derniers, les leaders du marché de l’assurance ont même des ingénieurs métiers qui peuvent aider les entreprises à comprendre leur risque informatique. Et cette connaissance leur permet de valoriser les démarches mises en place sur l’ensemble des lignes de prévention : organisation humaine, sécurité physique et évidemment sécurité logique.
Quant à l’Amrae, elle souhaite renforcer le dialogue entre risk manager et responsable de la sécurité des systèmes d’informations. Un thème qui sera sans nulle doute abordé lors des prochaines Rencontres du risk management, les 6 et 8 février 2019 à Deauville.
David Kapp – Journaliste
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