La sûreté au cœur des débats de l’Acses

4 décembre 20185 min

L’association des chargés de sécurité des établissements de soins se réunissait jeudi 29 novembre 2018 pour son colloque régional à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), l’occasion de revenir sur les évolutions du métier et les nouvelles menaces

“Lieu ouvert et de liberté”, “mini-société”, c’est par ces mots que Vincent Delivet, directeur du centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde a défini l’hôpital et introduit les débats du 18e colloque régional de l’Acses.

Des réponses collectives

La société a beaucoup évolué ces dernières années, a-t-il rappelé, au point d’interroger et de remettre en cause la culture du soignant (porter secours et prendre soin) et soulever d’innombrables questions éthiques. À ces différents défis, il a opposé le travail collaboratif, la recherche de l’équilibre et “lorsqu’il est difficile de dégager des marges d’investissements, il faut pouvoir adapter la bonne réponse. Les structures se construisent à plusieurs” a-t-il confié.
En ce sens, le colloque de l’Acses, auquel un peu plus de 80 personnes participaient, répondait parfaitement à ces vœux en montrant à la fois la diversité des menaces qui pèsent sur le monde médical et social et l’ingéniosité des réponses, souvent collectives, qui s’y forgent.

L’apparition d’une menace endogène

Chef du service spécialisé du Haut fonctionnaire de Défense et de Sécurité (SHFDS) du ministère des Solidarités et de la Santé, le Général Arnaud Martin est revenu sur ces menaces protéiformes : terrorisme et cybersécurité notamment et la difficulté à la fois à les reconnaître, les prévenir et les contrer.

L’apparition d’une menace endogène, c’est-à-dire à l’intérieur même de la société, n’exclut pas les menaces exogènes, a-t-il rappelé. La santé cumulant l’ensemble des problématiques de la société, elle est aussi propice à la remontée d’informations et à la détection des signaux faibles.

Un de ses confrères de l’unité de coordination de la lutte anti-terroriste (UCLAT) apportait de son côté l’expérience de la lutte anti-terroriste et de la prévention de la radicalisation. Son exposé, difficile à résumer en quelques lignes, montrait toute la difficulté de la détection des signaux faibles face à des potentiels terroristes qui ont fait vœux de dissimulation.

Montée de la malveillance et de la sûreté

La sécurité dans le secteur médical s’abordait essentiellement à travers le spectre incendie. Elle voit son périmètre s’étendre pour aller de plus en plus vers des missions sûreté, sans pour autant voir ses effectifs ou ses moyens augmenter. Il faut informer, former et pouvoir convaincre et montrer l’intérêt d’une démarche globale.

C’est le message que portait Sébastien Caminade, responsable sécurité du centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde. Ses différentes présentations qui ont ponctué la journée, plans et photos à l’appui, montraient ainsi la manière dont ses services ont géré des thématiques comme l’agression pour les porter et les partager avec l’ensemble des personnels.

Le risque cyber

Le risque est bien évident protéiforme et les hôpitaux ont subi, certains en France, mais avec un peu plus d’acuité en Grande-Bretagne, des attaques informatiques d’ampleur. Stéphane Moneger, responsable du système d’information du centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde, présentait quant à lui le retour d’expérience sur la mise en œuvre d’un projet de sécurité des systèmes d’information.

Devant un public de non-spécialistes, il s’est fait pédagogue pour montrer à la fois les dangers de l’ouverture numérique mais également ses opportunités. Tout ne peut pas être fait mais on peut aménager au fur et à mesure pour pouvoir travailler avec les meilleurs outils, a-t-il dit en substance. Et sa présentation montrait bien qu’entre les différents risques, les grilles de lectures – points de vulnérabilités, risques acceptables, entre autres – sont les mêmes.

L’importance du référentiel

Pour guider ces réflexions, mener à bien ces combats, les référentiels ne sont pas inutiles, quitte à les forger soi-même. Dominique Cotelle, responsable sécurité et sûreté du CHR d’Orléans, présentait ainsi une auto-évaluation de la sûreté des établissements sociaux et médico-sociaux, à partir du retour d’expérience dans un Ephad.

Évaluation du risque

Ces derniers, établissements d’hébergements pour personnes âgées dépendantes, ne disposent pas toujours d’un service de sécurité, rappelait la directrice de l’une d’elle. Et devant l’ampleur de la tâche, ces directeurs, non-spécialistes, sont parfois perdus devant des injonctions contradictoires et des thématiques en dehors des spectres administratifs classiques. L’utilité des associations et des relais d’informations ne font plus débat. Gilles Bigare, référent sûreté venu présenter la préservation des preuves dans le cadre du protocole “santé-sécurité-justice” rappelait l’intérêt de sa profession pour des conseils et une première évaluation du risque.

Information et formation

Si l’information est essentielle, la formation n’est pas non plus à négliger. Mais elle doit s’adapter à son environnement et faire l’objet préalable d’une analyse fine. Souvent les problématiques, comme l’agression, recouvrent des réalités complexes qui peuvent trouver leur origine dans l’organisation de l’établissement, la disposition des lieux, etc. Des facteurs qu’il faut prendre en compte et analyser, expliquaient pour leur part Bruno Ayrault, directeur conseil et formation sûreté CNPP et Michel Lec’hvien, consultant expert.

Soutenu depuis plusieurs années par des partenaires, Siemens, Assa Abloy et CNPP, l’Acses a d’ores et déjà prévu de reparler de ces sujets lors de son congrès annuel qui aura lieu en juin 2019 à La Rochelle.

David Kapp
Rédacteur en chef

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