Nanomatériaux : peut-on faire confiance aux appareils de protection respiratoire ?
Les nanomatériaux représentent l’un des dix principaux risques sanitaires émergents sur les lieux de travail, selon l’EU-Osha, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. L’INRS a effectué une étude sur l’efficacité des masques de protection respiratoire en cas d’exposition professionnelle aux nanoparticules qui sera prochainement publiée et dont voici les premiers éléments.
Les nanomatériaux, qui sont entre 10 000 à 50 000 fois plus petits qu’un cheveu, sont utilisés dans de nombreux domaines : médecine, pharmacie, agroalimentaire, cosmétique, électronique… Myriam Ricaud, expert à l’INRS, en charge du programme sur les nanomatériaux rappelait dans nos colonnes (Face au Risque n°508, décembre 2014) : « Diminuer la taille de la matière permet de faire apparaître des propriétés nouvelles. » Ce sont ces nouvelles propriétés qui sont recherchées pour permettre de nouvelles applications. Mais elles sont également sources de risques pour la santé.
Les risques pour la santé des travailleurs
Le CSRSEN (Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux), créé en 2004 par la Commission européenne pour étudier les questions relatives aux risques émergents sur la santé publique, a publié un avis en janvier 2009 démontrant que certains nanomatériaux représentaient des risques pour la santé et pour l’environnement. Les scientifiques ont notamment noté des effets sur les poumons, le système cardiovasculaire, mais aussi sur d’autres organes tels que le foie, les reins, le cœur, le cerveau et même sur le squelette.
Les travailleurs peuvent être exposés à toutes les étapes du cycle de vie des nanomatériaux. De leur fabrication à l’élimination des produits qui en contiennent, mais aussi lors du nettoyage des locaux ou de la maintenance des installations.
La protection des salariés
La législation en matière de protection des travailleurs s’applique bien sûr aux nanomatériaux puisqu’ils sont considérés comme étant des produits chimiques. Les employeurs doivent évaluer les risques liés à leur emploi et, si leur utilisation ne peut être remplacée par d’autres matériaux présentant moins de risques pour la santé, ils doivent d’abord limiter l’exposition collective des travailleurs par des mesures de prévention et de protection puis fournir des protections individuelles pour les risques résiduels et les former aux risques encourus.
L’étude de l’INRS
Dans ce contexte, l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) a mené, jusqu’en septembre 2017, une étude en laboratoire sur les performances des masques de protection respiratoire utilisés pour se prémunir des expositions aux nanomatériaux. Présentée en avant-première dans quelques colloques internationaux, cette étude va prochainement être publiée.
« L’objectif était de tester les performances de divers appareils de protection respiratoire lors d’une exposition aux nanomatériaux, en fonction de la taille des particules et d’autres contraintes liées au poste de travail comme le rythme respiratoire, mais aussi de mettre en évidence l’apport des bonnes pratiques d’utilisation. » précise Sandrine Chazelet, responsable d’études à l’INRS.
Les résultats de cette étude ont mis en avant :
- une augmentation de la protection respiratoire quand la taille des particules diminue (en dessous de 100 nm) ;
- une très forte dégradation de la protection respiratoire si le masque est mal ajusté ;
- une dégradation de la performance de certains masques, même bien ajustés, en cas d’augmentation du rythme respiratoire, ce qui peut être le cas dans certaines activités physiques intenses.
L’étude a montré qu’il existe des solutions de protection individuelle pour bon nombre de situations d’exposition. Cependant, il en ressort que l’ajustement du masque est essentiel dans la garantie d’un niveau de protection respiratoire minimum. L’INRS a d’ailleurs publié un guide technique (ED 6273) dédié à l’ajustement des masques respiratoires.
Martine Porez
Journaliste
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