Grand dossier Face au Risque
Photovoltaïque et risque incendie
Dans le contexte de la demande croissante d’énergie au niveau mondial et de nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre, le développement des énergies renouvelables, dont le photovoltaïque représente un enjeu fort.
Comment fonctionne le photovoltaïque?
Une cellule photovoltaïque exploite l’effet photoélectrique pour produire du courant continu par absorption du rayonnement solaire. Pour obtenir un courant alternatif, on utilise un onduleur.
En France, le solaire photovoltaïque est en plein essor depuis 2010. En 2024, la part du solaire photovoltaïque représentait 5,8 % de l’électricité produite en France. Dans l’Union européenne, la production solaire photovoltaïque a dépassé pour la première fois en 2024 celle des centrales à charbon.
Photovoltaïque : les principales causes d’incendie
S’il n’existe pas de séries statistiques, en accès libre, permettant d’apprécier la fréquence et la gravité des feux affectant le solaire photovoltaïque, les connaissances sont parcellaires. Ainsi, d’après une étude Axa 2020-2024 portant sur le photovoltaïque en toiture de 36 kW et plus (y compris les ombrières), les incendies représentent 6 % des sinistres survenant sur des installations photovoltaïques en toiture, mais 60 % de la charge pour l’assureur.
Parmi les sources de départs de feu, on trouve des sources internes aux composants et systèmes photovoltaïques (défauts de modules, défauts de connectique et de câblage, défauts du système de protection ou de l’onduleur) et des sources externes, comme la foudre, des agressions mécaniques ou des rongeurs notamment.
“Les causes les plus probables sont des surcharges et des courts-circuits qui vont engendrer des points chauds et des départs de feu”, a notamment expliqué Pascal Vanhulle, directeur technique chez Efectis, lors d’une matinale sur le photovoltaïque organisée par le Cepi en avril 2025.
Photovoltaïque : quels bâtiments sont concernés ?
Bâtiments à usage commercial, industriel, administratif, entrepôt, bureaux, hôpitaux ou encore parcs de stationnement, de nombreux bâtiments sont concernés par l’obligation d’installation de panneaux ou ombrières photovoltaïques, ou de végétalisation. Selon les surfaces d’emprise au sol et si le bâtiment est neuf ou existant, les dates d’application et taux de couverture minimaux diffèrent.
À noter que des dérogations (exemption ou report de l’obligation) sont possibles, pour des contraintes techniques, de sécurité, architecturales, patrimoniales, des raisons économiques ou pour certaines ICPE (points V du L.171-4 et III du L.171-5 du CCH).
Le référentiel Apsad D20
CNPP Éditions a publié en septembre 2025 la nouvelle version du « Référentiel Apsad D20 : installations photovoltaïques ». Il s’agit d’un document technique dédié à la prévention de l’incendie ayant pour origine l’installation photovoltaïque et à la protection des bâtiments et structures la supportant.
Parmi les évolutions notables, cette version du référentiel Apsad D20 apporte notamment :
- la prise en compte de nouvelles configurations (fermes solaires, autoconsommation, installations avec stockage d’énergie) ;
- l’accessibilité pour les opérations d’entretien, de maintenance et de contrôle.
Chaque installation photovoltaïque doit par ailleurs disposer d’une fiche d’identité qui permet d’identifier les parties prenantes (propriétaires et/ou exploitants) et les caractéristiques techniques principales.
Les bonnes pratiques du Barpi pour le photovoltaïque en toiture
Les sinistres passés permettent par ailleurs de faire ressortir des bonnes pratiques. La base de données Aria du Bureau d’analyse des risques et des pollutions industriels (Barpi) recense 138 incendies impliquant des panneaux photovoltaïques implantés en toiture d’installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Le retour d’expérience de ces événements a permis de tirer des enseignements concernant :
- l’implantation et la conception des installations photovoltaïques en toiture;
- les commandes;
- la signalétique;
- les dysfonctionnements électriques;
- l’intervention des secours.
Détecter les dysfonctionnements
La présence de panneaux photovoltaïques constitue en effet un facteur aggravant pour l’intervention des pompiers à cause du risque de propagation, du risque électrique, du risque de chute ou encore de percement de la toiture.
Outre l’installation et la maintenance, c’est l’un des points qui nécessite une vigilance particulière, avec également la détection des dysfonctionnements électriques. Deux dispositifs spécifiques permettent ainsi d’affiner la détection des dysfonctionnements : des détecteurs d’arcs électrique, pour couper le courant en cas de dysfonctionnement et un monitoring des données électriques qui permet de repérer les anomalies.

Gaëlle Carcaly – Journaliste
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