S’engager pour la santé mentale au travail

10 septembre 20255 min

L’Alliance pour la santé mentale et le Gouvernement ont lancé, fin août 2025, la charte d’engagement pour la santé mentale au travail. L’objectif : inviter les entreprises à s’engager pour faire de la santé mentale un levier de performance durable et de bien-être collectif. L’occasion pour Face au Risque de faire le point sur le sujet.

Photo couverture FAR 609 © iStock/zeljkosantrac

À l’occasion de la de la Rencontres des entrepreneurs de France le 28 août 2025, l’Alliance pour la santé mentale et le Gouvernement ont lancé la première charte d’engagement pour la santé mentale au travail.

La charte invite chaque signataire à s’engager, dans un délai de trois ans, autour de quatre axes :

  • sensibiliser pour démystifier le sujet de la santé mentale ;
  • développer le dialogue sur la prévention, la qualité de vie et les conditions de travail ;
  • améliorer en continu les organisations et l’environnement de travail ;
  • soutenir concrètement les travailleurs par des actions de prévention, de formation et d’accompagnement.

La santé mentale au travail, de quoi parle-t-on ?

La santé mentale est, d’après la définition de l’OMS, « l’état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». 

En France, un salarié sur quatre se déclare en mauvaise santé mentale en 2025, d’après le baromètre Qualisocial. Or, d’après ce même baromètre, une santé mentale dégradée divise par plus de deux la capacité de concentration et diminue de 40 % l’engagement au travail par rapport aux salariés en bonne santé mentale.

Intégrer la santé mentale dans la stratégie de l’entreprise

L’objectif de la charte est ainsi multiple : en intégrant la santé mentale dans leur stratégie, les entreprises préservent ainsi l’engagement et le bien-être de leurs collaborateurs, réduisent l’absentéisme, accroissent leur productivité et renforcent la dynamique collective.

Passer d’une prévention cosmétique à une prévention stratégique, c’est d’ailleurs l’un des conseils de Jean-Christophe Villette, psychologue du travail et vice-président de la Fédération des intervenants des risques psychosociaux (Firps), pour accompagner en profondeur le changement de l’organisation du travail et des pratiques de management.

« Deux séances de relaxation ne suffiront jamais à réparer une organisation qui épuise. Parler de santé mentale au travail, c’est parler de gouvernance, de justice organisationnelle, de conditions concrètes pour faire un travail de qualité », explique-t-il.

Santé mentale et risques psychosociaux

Le lancement de la charte s’inscrit dans un mouvement de prise de conscience de l’importance de la santé mentale au travail et plusieurs entreprises ce sont déjà emparées du sujet.

C’est par exemple le cas de Suez, acteur majeur de l’environnement, qui a lancé une réflexion sur la santé mentale en initiant une nouvelle politique de prévention au niveau international avec, dans un premier temps, une dynamique autour des risques psychosociaux.

Agir contre la mauvaise santé mentale

L’un des champs d’action sur lequel s’appuie la charte est l’accompagnement des situations individuelles, en déployant notamment des actions de sensibilisation et de formations.

On peut citer par exemple le secourisme en santé mentale, la promotion de l’activité physique mais aussi la sensibilisation aux addictions. Signes d’une santé mentale au travail dégradée, les problèmes d’addictions dans le monde du travail ont en effet fortement augmenté depuis la crise du Covid. C’est ce que nous confie Alexis Peschard, président de GAE Conseil, cabinet de conseil spécialisé dans la prévention des addictions en entreprise.

La santé mentale face à l’avenir incertain

Dans un contexte politique, économique et social incertain, il est d’autant plus urgent d’agir pour la santé mentale des salariés. Changement climatique, insécurité économique, instabilité politique française mais aussi impact de l’IA sur les métiers : le manque de confiance en l’avenir est, en 2025, le principal facteur dégradant du niveau de santé mentale, d’après le baromètre Qualisocial.

Signer la charte pour la santé mentale au travail

Les entreprises peuvent d’ores et déjà signer la charte. La communauté des entreprises déjà engagées sera réunie pour mobiliser largement le 20 novembre 2025 à Paris lors d’un événement intitulé “Cap pour la santé mentale”, co-organisé par l’Alliance, la Fondation Falret et la Fédération Santé mentale France.

En attendant, la rentrée est l’occasion d’adopter les bonnes pratiques et de peut-être revoir son rapport au temps, pour éviter un état de surmenage, et recréer du lien avec ses collègues.

“Reprendre, ce n’est pas seulement rouvrir sa boîte mail. C’est aussi reconnecter avec le collectif de travail, explique Christophe Nguyen, psychologue du travail et président du cabinet Empreinte Humaine. Prendre un café, partager un moment informel… Ces petits rituels renforcent le sentiment d’appartenance et facilitent la reprise en douceur.” Et participent à une bonne santé mentale au travail.

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Gaëlle Carcaly – Journaliste

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