Cambriolage au Louvre : ce que l’on sait
Quatre malfaiteurs ont cambriolé en quelques minutes la galerie d’Apollon du Louvre le dimanche 19 octobre 2025 au matin, en plein jour, volant huit bijoux d’une valeur estimée à 88 millions d’euros [MàJ 24/10/2025 ]

Le musée du Louvre a été cambriolé le dimanche 19 octobre 2025 matin, peu après son ouverture. Il n’y a eu aucun blessé, ni parmi le public, ni parmi les agents du Louvre.
Vol au Louvre : les faits
Vers 9h30, quatre malfaiteurs, visages dissimulés, arrivent sous les fenêtres de la galerie d’Apollon côté Seine, deux sur des scooters et deux autres, vêtus d’un gilet orange et d’un gilet jaune, dans un camion monte-charge.
Ces derniers, après avoir installé des cônes de signalisation, utilisent le monte-charge pour accéder au balcon du premier étage du musée et découpent une fenêtre à l’aide d’une disqueuse avant de s’introduire dans la galerie d’Apollon. Ils s’attaquent à deux vitrines de haute sécurité, installées en 2019, et volent neuf objets d’une haute valeur patrimoniale de la collection de bijoux de Napoléon et de l’impératrice Eugénie. Ils laisseront tomber l’un eux dans leur fuite.
D’après la procureure de Paris, Laure Beccuau, interrogée sur BFM-TV, les malfaiteurs ont menacé les agents de sécurité avec les disqueuses utilisées pour fracturer les vitrines.
Selon l’audition de la présidente du musée Laurence des Cars au Sénat le 22 octobre, tel qu’elle est relatée sur Public Sénat, “un agent posté en salle a pris contact avec le poste de commandement pour signaler l’intrusion, détectée à 9 h 34”.
L’alarme de la plateforme de sécurité Ramses qui relie Le Louvre au ministère de l’Intérieur a été “activée depuis le poste de commandement central par un chef d’équipe à 9h36”, , et les voleurs se seraient enfuis à scooter à 9h38, sans réussir à incendier le camion nacelle grâce à l’intervention de “plusieurs agents du Louvre”.
Les alarmes du Louvre ont-elles fonctionné ?
« Les alarmes respectivement situées sur la fenêtre extérieure de la galerie d’Apollon ainsi que sur les deux vitrines concernées se sont déclenchées. Au moment de l’effraction, particulièrement rapide et brutale, les cinq agents du musée, présents en salle et dans les espaces adjacents, sont immédiatement intervenus afin d’appliquer le protocole de sécurité : prise de contact avec les forces de l’ordre et protection prioritaire des personnes », explique le ministère de la Culture dans un communiqué de presse.
Une version que remet en cause le journaliste d’art Didier Rykner dans La Tribune de l’Art. Il explique que l’alarme ayant vraisemblablement retenti à 9h37, cela laisse penser que l’alarme reliée à la fenêtre donnant sur le balcon n’aurait pas fonctionné au moment de son ouverture. “Cela se recoupe avec des informations que nous avons pu avoir de plusieurs sources internes au Louvre […] sur le dysfonctionnement de l’alarme reliée à la porte-fenêtre”, écrit-il.
« Est-ce que les dispositifs de sécurité du musée du Louvre ont été défaillants ? Non, ils n’ont pas été défaillants ! C’est une réalité. Les dispositifs de sécurités du musée du Louvre ont fonctionné », a réaffirmé la ministre de la Culture Rachida Dati à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement le 21 octobre.
D’après les propos de la procureure Laure Beccuau rapportés par Le Figaro, les alarmes étaient bien en fonctionnement et le PC sécurité les a bien reçues. Il « reste la question de savoir si les gardiens ont entendu ces alarmes » et de déterminer si ces alarmes ont bien retenti dans la galerie d’Apollon.
Les suspects toujours en fuite
Cinq jours après les faits, les enquêteurs étaient toujours à la recherche des quatre suspects ayant pris la fuite à scooters. Selon Le Parisien, un casque de moto et un gant auraient été retrouvés dans la nacelle, ainsi que les clés du camion équipé d’un élévateur utilisé par les malfaiteurs pour atteindre le premier étage du musée.
Les malfaiteurs ont abandonné dans leur fuite deux disqueuses, un chalumeau, de l’essence, un walkie-talkie, une couverture, un gilet jaune, ainsi que la couronne de l’impératrice Eugénie, selon l’AFP. Le camion monte-charges aurait par ailleurs été volé à un vendeur sur Leboncoin.
Des failles de sécurité au Louvre
D’après un pré-rapport de la Cour des comptes que Franceinfo a pu partiellement consulter, dont la version complète doit être publiée début novembre, le musée du Louvre présenterait plusieurs failles de sécurité, et des retards « considérables » et « persistants » dans la mise aux normes des installations techniques.
Plusieurs salles seraient par exemple dépourvues de système de vidéosurveillance. Des équipements auraient été installés au cours des dernières années au Louvre dans les espaces d’expositions temporaires qui accueillent nombre de prêts venus de l’étranger, au détriment des salles qui abritent les collections permanentes.
Lors de son audition au Sénat, Laurence des Cars a considéré que le musée n’avait pas « repéré suffisamment à l’avance l’arrivée des voleurs ». « Les faiblesses de notre protection périmétrique sont connues […] C’est là que le bât blesse, depuis longtemps » a évoqué la dirigeante, pointant en particulier le caractère « vieillissant » de caméras périphériques, et surtout, l’insuffisance du parc, « qui ne couvre pas l’ensemble des façades du Louvre ».
Un manque de moyens humains?
Yvan Navarro, le cosecrétaire général de la CGT Culture a pour sa part dénoncé le manque de moyens humains sur France Culture. “Les collections ne sont pas en sécurité, les visiteurs ne sont pas en sécurité, et les agents ne le sont pas non plus. […] On recrute de moins en moins de fonctionnaires qui sont formés à la sécurité des personnes et à la sûreté des biens. […] Le corps des agents d’accueil, de surveillance et de magasinage du ministère de la Culture a été diminué de près de 25% en moins de dix ans.”
À cette remarque, la présidente du Louvre a opposé l’augmentation des effectifs dédiés à la sécurité depuis son arrivée à la tête du musée en 2021 : « La réduction des effectifs entre 2014 et 2024 est de 50, passant de 838 ETPT (équivalents temps pleins travaillés) à 788 ETPT, soit -6 %. À mon arrivée [en 2021], ils étaient de 747. En 2024, ils sont de 788 ETPT. C’est donc, mon action et notamment, l’organisation d’un concours exceptionnel de recrutement avec le soutien du ministère de la Culture, qui a permis cette amélioration sensible de 5,5 % ».
Lors de l’audition au Sénat, à la suite d’une question sur l’armement des agents, Dominique Buffin, directrice de la Direction de l’accueil du public et de la surveillance, a souligné que les agents relèvent du code du Patrimoine, et non du code de la Sécurité intérieure. « La possibilité d’armement n’est pas envisageable », a-t-elle affirmé.
À ce sujet, la présidente Laurence des Cars a fait savoir qu’elle solliciterait le ministère de l’Intérieur pour étudier la possibilité d’une installation d’un commissariat de police au sein du musée : « Cette présence serait de nature à nous permettre d’intervenir avec plus d’efficacité, et peut-être aussi avec une forme de dissuasion. »
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Notre article “La protection du patrimoine à l’heure des restrictions budgétaires“.
Le point sur la sécurité des établissements culturels
Le vol au Louvre a déclenché une polémique autour de la sécurité des établissements culturels français. Les ministres de l’Intérieur et de la Culture ont envoyé lundi aux préfets une note pour faire le point sur les dispositifs déjà déployés autour des établissements culturels et renforcer les mesures de sécurité le cas échéant.
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, des voleurs s’étaient introduits au Muséum d’histoire naturelle à Paris en forçant une porte de secours à l’aide d’une disqueuse puis une vitrine blindée avec un chalumeau pour emporter 6 kg de pépites d’or.
Une dizaine de jours auparavant, trois œuvres en porcelaine de Chine classées « trésors historiques » avaient été dérobés en pleine nuit au musée national Adrien Dubouché de Limoges. Un préjudice de plusieurs millions d’euros. Les voleurs avaient fracturé une fenêtre située sur le côté de l’établissement.

Gaëlle Carcaly – Journaliste
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