Explosion mortelle à la Raffinerie du Midi à Dijon : les onze recommandations du BEA-RI

4 septembre 20257 min

La Raffinerie du Midi à Dijon (Côte-d’Or), site classé Seveso seuil haut, a été touchée par une explosion mortelle le 26 septembre 2024. Le BEA-RI a rendu son rapport sur cet événement le 7 août 2025.

La Raffinerie du Midi de Dijon, site sur lequel a eu lieu une explosion mortelle le jeudi 24 septembre 2024 (capture Google Street).

Ce qu’il faut retenir du rapport du BEA-RI sur l’explosion mortelle survenue à la Raffinerie du Midi à Dijon, publié le jeudi 7 août 2025 :

  • une explosion a touché la Raffinerie du Midi le jeudi 26 septembre 2024 à Longvic, près de Dijon ;
  • le site touché est classé Seveso seuil haut ;
  • l’explosion a fait un mort et un blessé, qui effectuaient des travaux de maintenance ;
  • dans son rapport, le BEA-RI donne onze recommandations dont cinq à la Raffinerie du Midi de Dijon ;
  • le BEA-RI fait un rappel important concernant les atmosphères explosives (Atex) dans les environnements pétrochimiques.

Explosion mortelle à la Raffinerie du Midi de Dijon : que s’est-il passé le jeudi 26 septembre 2024 ?

Le jeudi 26 septembre 2024, une explosion survient à la Raffinerie du Midi de Dijon (Côte-d’Or) – site classé Seveso seuil haut – peu après 15h selon Le Bien Public.

Cette explosion fait un mort : un homme de 49 ans « qui réalisait des travaux de maintenance dans une cuve de stockage d’hydrocarbure vide » et faisait de la soudure au moment de l’incident.

Le média Ici ajoute que la victime « se trouvait à l’intérieur d’une cuve vide pour y effectuer des travaux de maintenance décennale ».

Il s’agit de l’une des deux personnes décédées au sein d’une ICPE recensées par le Barpi dans son « Inventaire des accidents et incidents survenus en 2024 ».

Une autre personne est par ailleurs blessée lors de cette explosion du jeudi 26 septembre 2024 à Longvic, près de Dijon.

Dans son rapport d’enquête de 78 pages publié le jeudi 7 août 2025, le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI) donne davantage de précisions sur les circonstances de cette explosion mortelle survenue à la Raffinerie du Midi de Dijon.

Au moment des faits, « six opérateurs d’une entreprise de sous-traitance effectuaient des travaux de chaudronnerie dans le cadre d’une maintenance décennale et d’un projet de réaffectation du bac à l’essence ».

La Raffinerie du Midi située à Dijon est un site classé Seveso seuil haut appartenant à la société Raffinerie du Midi, elle-même filiale du groupe du même nom.

Le groupe compte 16 dépôts pétroliers dans ses actifs en France, à travers une présence au sein de douze sociétés.

Comme il est mentionné sur son site internet, où il se présente comme étant le « premier acteur de la distribution pétrolière en France » – le groupe « possède à 100 % et exploite deux dépôts à Coignières (Yvelines) et à Dijon (Côte-d’Or)» à travers le nom de société Raffinerie du Midi.

Parmi les onze autres entreprises (regroupant quatorze sites) au sein desquelles il est présent, le groupe Raffinerie du Midi est par ailleurs actionnaire majoritaire de deux sociétés (qui comptabilisent trois de ces quatorze sites) :

  • « DPHS (Dépôt pétrolier de Haute-Savoie), qui exploite le dépôt d’Annecy (Haute-Savoie) ;
  • et DPO (Dépôts de pétrole d’Orléans), qui possède et exploite les dépôts de Saint-Jean-de-Braye et de Semoy (Loiret) ».

Les conclusions du BEA-RI sur l’explosion mortelle à la Raffinerie du Midi de Dijon

Le BEA-RI confirme dans un premier temps que « l’explosion, survenue lors de la découpe d’un caisson de flottaison sur l’écran flottant, a causé un décès et d’importants dégâts matériels ».

Selon l’organisme, « l’explosion s’est déclenchée dans le caisson n°21 de l’écran flottant, qui contenait une atmosphère explosive (Atex) ».

Entrant dans le détail, le BEA-RI confie que « cette Atex résulterait de la contamination ancienne du caisson par de l’essence, probablement infiltrée durant une précédente période d’exploitation, et piégée pendant plus d’une décennie ».

Concernant les atmosphères explosives, le rapport rappelle « l’importance de considérer systématiquement tout corps creux comme potentiellement Atex dans les environnements pétrochimiques, de mieux adapter les documents de prévention aux situations concrètes, et de revoir la pertinence des écrans flottants à caissons étanches dans les réservoirs à toit fixe ».

À lire également

Atmosphères explosives (Atex) : prévenir l’explosion (extrait de notre grand dossier “Atex : éviter l’explosion”).

Plusieurs facteurs ayant contribué à cette explosion ont été identifiés :

  • une découpe de caisson « effectuée sans avoir au préalable ouvert les bouchons pour aération ni vérifié l’absence de gaz explosifs, contrairement au protocole prévu » ;
  • « une réorganisation non formalisée du chantier liée à la météo » ;
  • « une vigilance possiblement diminuée des opérateurs en raison du temps écoulé depuis la vidange du bac, de l’absence de signes visuels de danger, du produit précédemment stocké et d’un certificat de dégazage ne couvrant en fait pas l’ensemble des travaux à réaliser ».
  • « des conditions de travail difficiles et un corpus documentaire lourd, générique et peu exploitable ».

Les 5 recommandations du BEA-RI à la Raffinerie du Midi de Dijon

Le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels a adressé dans son rapport une première liste de cinq recommandations à l’encontre de la Raffinerie du Midi de Dijon, exploitant du site sur lequel est survenu cette explosion mortelle du 26 septembre 2024.

Le BEA-RI recommande ainsi :

  • lors de travaux dans des capacités ayant contenu des produits dont la tension de vapeur saturante est susceptible de conduire à une Atex, considérer tout corps creux comme renfermant potentiellement une Atex ;
  • lors de l’arrêt ou du changement d’affectation d’une installation, veiller au dégazage de tout corps creux ayant pu être en contact avec des produits potentiellement générateurs d’Atex. Dans la mesure du possible conserver ces capacités ouvertes ;
  • réaliser un retour d’expérience sur l’efficacité du corpus documentaire encadrant les travaux (descriptif des travaux à réaliser, plan de prévention, permis de feu et permis de travaux) ;
  • engager une réflexion sur les travaux à mener sur l’ensemble des caissons de flottaison étanches équipant des écrans flottants ;
  • lors de commandes complémentaires, systématiser la vérification de la nécessité ou non d’amender les documents de prévention associés aux travaux.
À lire également

Les autres recommandations du BEA-RI en réponse à l’explosion mortelle

Le BEA-RI adresse par la suite une liste de plusieurs recommandations à trois organisations différentes.

Trois d’entre elles sont à destinations de l’entreprise en charge des travaux de chaudronnerie. Dans ce rapport du jeudi 7 août 2025, il lui a ainsi été recommandé de :

  • s’assurer que les passages de consignes sont réalisés en dehors d’ambiances physiques de travail non propices à la bonne compréhension des instructions, et que le vocabulaire employé ne peut pas prêter à confusion entre deux opérations ;
  • réaliser un retour d’expérience sur l’efficience du corpus documentaire entourant les travaux en lien avec l’exploitant du site ;
  • tenir informés en temps réel les responsables de l’établissement dans lequel sont réalisés les travaux du déroulement du chantier et de tout changement dans l’organisation des tâches, notamment lors de l’établissement des permis de travaux et permis de feu.

Deux autres recommandations ont par la suite été adressées par le BEA-RI à l’entreprise en charge des travaux de nettoyage du bac. Il lui est recommandé de :

  • mentionner explicitement sur le certificat délivré les zones qui n’ont pas été nettoyées, les actions qui n’ont pas pu être réalisées ou les restrictions du cadre de la prestation ;
  • réaliser un retour d’expérience sur l’efficience du corpus documentaire entourant les travaux en lien avec l’exploitant du site.

Enfin, le BEA-RI recommande à la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) de « diffuser le rapport d’enquête auprès du réseau des correspondants “Liquides inflammables” et notamment l’enseignement de sécurité sur la présence des caissons de flottaison étanches équipant des écrans flottants dans les réservoirs à toit fixe ».

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Eitel Mabouong – Journaliste

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