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Construction bois : l’avis des sapeurs-pompiers
Pierre Prévost est animateur de la commission prévention et évaluation des risques d’incendie au sein de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Pour lui, les annonces faites lors du Forum vont dans le sens de la sécurité. Mais difficile de dire si elles seront suffisantes.
« Il est très ambitieux de vouloir écrire une réglementation « bois » pour tous les bâtiments dont les usages sont multiples et les stratégies de préservation des vies parfois opposées (évacuation ou confinement) », explique Pierre Prévost.
Pour lui, face aux textes qui dépendent de différents ministères et aux nombreuses innovations et campagnes d’essais, « réaliser une réglementation robuste, compréhensible de tous, applicable de façon réaliste – tant en phase construction qu’en phase d’exploitation – et évolutive constitue un défi aussi important que celui de poser des règles techniques efficaces. Ce qui est certain, c’est que la volonté de cadrer la construction « bois » semble partagée par la majorité des acteurs. Les derniers retex n’y sont sans doute pas pour rien. »
Les points problématiques
Les échanges lors du Forum international bois construction ont ainsi montré, d’après lui, que tout le monde a identifié les points problématiques, à savoir notamment :
- la fragilité au niveau de la phase chantier ;
- la rapidité de progression du feu ;
- la prise en compte du feu extérieur ;
- le rayonnement par rapport aux tiers, vraie problématique pour les secours. « À Grésy-sur- Aix, le flux thermique à huit mètres de distance était le double du seuil réglementaire des effets létaux, illustre Pierre Prévost. Jusqu’à présent, ces feux se produisent pour la plupart dans des écoquartiers, avec des tiers éloignés. Quand ce sera en cœur d’îlot, en milieu urbain dense, cela risque d’être plus compliqué. » ;
- la défense extérieure contre l’incendie et le difficile accès des secours à cause du rayonnement ;
- la réalité des chantiers « dont les malfaçons prévisibles sont susceptibles de rendre l’immeuble très vulnérable. La chasse aux vides de construction est primordiale à la conception », prévient-il ;
- le contrôle et la maintenance dans le temps des protections passives ;
- les conditions d’intervention difficiles dans un bâtiment aux structures potentiellement fragilisées par des feux pleinement développés ou couvants et qui nécessitent un engagement de moyens humains et matériels sur une longue durée, que tous les services incendie ne pourront pas assurer ;
- les constructions bois dans les zones à obligation légale de débroussaillement.
La 2e famille collective d’habitation
Pour le pompier, le gros point noir reste la 2e famille collective d’habitation. « La doctrine en habitation collective précise que si le feu est au-dessus du logement, on évacue, s’il est en dessous on se confine et on ne s’engage surtout pas s’il y a de la fumée. Sauf qu’avec des immeubles en bois, mais aussi pour les immeubles à façades combustibles, on commence à se dire qu’il va peut-être falloir évacuer rapidement une tour d’habitation. C’est la leçon douloureuse de Grenfell. On change complètement de paradigme. On va peut-être devoir réfléchir à la présence d’alarmes en habitation collective, ce qui n’est pas du tout dans notre culture. On a déjà du mal à préserver nos colonnes sèches dans ces bâtiments, comment faire pour que l’alarme ne soit pas neutralisée à cause de déclenchements intempestifs ? », s’interroge-t-il.
Et que se passera-t-il avec l’existant ? Dans l’attente de solutions, il demande un recensement opérationnel des immeubles potentiellement problématiques afin de mettre à disposition des primo-intervenants les éléments qui conditionneront les reconnaissances et la stratégie d’intervention. La phase de consultation autour des principes communs présentés lors du Forum a commencé le 27 mars. Ces points qui restent en suspens seront certainement au cœur des échanges. À suivre donc.
À lire également
Notre interview de Pierre Prévost en 2023 : « Le bois est combustible, c’est donc un matériau de construction particulier ».
Article extrait du n° 607 de Face au Risque : « Réglementation incendie et construction bois » (mai-juin 2025).

Gaëlle Carcaly – Journaliste
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