Vol au Diamond center d’Anvers, il y a 20 ans

13 février 20235 min

Le 16 février 2003, un incroyable casse se déroule au Diamond center d’Anvers en Belgique, sans effraction, sans déclenchement d’alarmes, sans images de vidéosurveillance et sans violence.

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Les faits

Antwerp World Diamond Center (AWDC) est un immeuble de 10 étages situé dans le quartier des diamantaires d’Anvers (Belgique). Il accueille les bureaux de courtiers, grossistes et négociants en diamants.

À 7 h du matin le lundi 17 février 2003, un agent de sécurité commence son service en faisant le tour des étages de ce bâtiment réputé inviolable. En arrivant à la salle des coffres au 2e sous-sol, il découvre que la lourde porte blindée est ouverte. À l’intérieur de la salle, c’est le chaos : environ 110 coffres sur les 189 qu’elle contient sont ouverts et vidés. Au sol se trouve un amoncellement de documents, de boîtes et même de l’argent et des diamants.

Au total, ce sont environ 118 M€ de diamants, de bijoux et de billets qui ont disparu (certaines sources parlent de 400 M€), le tout, sans effraction, sans déclencher d’alarmes, sans images de vidéosurveillance et sans violence...

La sécurité du Diamond center

L’accès de la rue de ce quartier protégé des diamantaires est contrôlé par un poste de police qui ne fait entrer que les personnes munies d’un badge. Le bâtiment lui-même est truffé de caméras, de détecteurs et d’alarmes. Une dizaine d’agents en assurent la sécurité, mais uniquement pendant la semaine. Aucun d’eux n’est présent le week-end.

L’accès à la chambre forte du 2e sous-sol, interdit du vendredi soir au lundi matin, est contrôlé par des détecteurs de mouvements, de chaleur et de lumière. La porte blindée de la salle forte, qui s’ouvre avec un code et une clé spéciale, est reliée à une alarme activée par des serrures magnétiques. Derrière cette porte, une grille s’ouvre avec une autre clé. Les coffres sont bien-sûr eux-mêmes sécurisés.

Une opération minutieusement préparée

En novembre 2000, un Italien, Leonardo Notarbartolo, loue un bureau, une place de parking et un coffre au AWDC pour, officiellement, installer sa société et faire du commerce de diamants entre Anvers et l’Italie. Tous ses documents semblent en ordre. L’administration du centre n’a pas la possibilité de vérifier le passé judiciaire hors Belgique de ce nouveau locataire. Pendant plus de deux ans, l’homme surveille, à l’aide d’une caméra cachée dans sa mallette, les systèmes de sécurité ultra sophistiqués du bâtiment et du quartier.

Dans la soirée du 15 février 2003, avec trois complices, il passe à l’action. Selon un reportage diffusé sur M6, le gang entre par le parking dont l’ouverture a été trafiquée quelques jours plus tôt par l’un de ses membres. Il neutralise les détecteurs de l’entrée de la salle des coffres : vaseline sur le détecteur de chaleur, adhésif sur les détecteurs de lumière, boîtier en polystyrène sur le détecteur de mouvement. L’alarme magnétique de la porte blindée est elle aussi neutralisée : les malfaiteurs aimantent ensemble les deux plaques magnétiques puis les dévissent. Elles restent ainsi solidaires, le contact magnétique est maintenu et ainsi, l’alarme ne se déclenche pas à l’ouverture de la porte. La clé pour ouvrir celle-ci est cachée dans un local voisin, ce qui avait été découvert par Notarbartolo... Quant au code, il avait été enregistré auparavant grâce à une caméra miniature qu’il avait positionné au-dessus de la porte. La grille est forcée avec un pied de biche. Une fois dans la salle, les malfaiteurs ouvrent les coffres à l’aide d’un outil spécialement fabriqué en amont. En partant, ils emportent les cassettes de vidéosurveillance qui ont filmé leur forfait. Un casse parfait… ou presque !

L’enquête

La police, arrivée sur les lieux à 7h30 le 17, commence sans tarder son enquête. Par chance, vers 10 h, à une trentaine de kilomètres de là, un agriculteur trouve en bordure de son champ 14 sacs-poubelle dont certains sont éventrés. Il constate qu’ils contiennent des écrins à bijoux vides et autres billets de banque. Il alerte la police qui analyse leur contenu et fait le lien avec le casse du Diamond center. La fouille des sacs permet de prélever de nombreux indices et de remonter la piste menant aux malfaiteurs. Les enquêteurs y trouvent notamment un document au nom de la société de Leonardo Notarbartolo dont le coffre n’a pas été ouvert lors du casse. La police découvre que le propriétaire de cette société a des antécédents criminels en Italie (drogue, vols de voitures et... de diamants).

D’autres documents trouvés dans les sacs-poubelle permettent d’identifier trois autres Italiens, dont un spécialiste en électronique.

Quatre jours après le casse, Leonardo Notarbartolo revient au Diamond center, sans savoir qu’il est suspecté. Il se présente en tant que victime et souhaite savoir si son coffre a été fracturé. Arrêté par la police, il est jugé deux ans plus tard comme étant le cerveau de l’affaire et est condamné à 10 ans de prison et 2 M€ d’amende.

Ses trois complices sont retrouvés en 2007 par la police italienne et extradés en Belgique. Ils sont condamnés à 5 ans de prison et 5 000 € d’amende.

Quant au butin, il n’a pas été retrouvé.

Au Diamond center, la sécurité a été renforcée, notamment la sécurité humaine avec des patrouilles plus fréquentes et des contrôle plus sévères. Côté électronique, le matériel suit l’évolution des nouvelles technologies.


Article extrait du n° 589 de Face au Risque : « anticiper les délestages » (février 2023).

Martine Porez – Journaliste

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