J.C. Chwat (FFSP) : Constituer l’équipe de France du continuum de la sécurité
Jean-Christophe Chwat a été élu à la présidence de la Fédération française de la sécurité privée (FFSP) début 2022. Auparavant vice-président de la FFSP et ancien président de GPMSE Fédération, nous l’avons interrogé mi-avril à propos de son prochain mandat, de la réforme du Cnaps et des grandes échéances à venir.
Présentez-nous la FFSP… A vos yeux, quelle est sa raison d’être ?
La FFSP est d’abord une institution qui a répondu sur le plan des organisations patronales à la naissance du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps). À l’origine, il s’agissait d’avoir une organisation qui représente l’ensemble des professions réglementées par le livre VI du code de la sécurité intérieure.
Nous avons fait du chemin depuis la création et aujourd’hui nous représentons l’ensemble de la filière de la sécurité privée. La FFSP est née de la volonté de valoriser une filière de la sécurité privée souveraine, économiquement forte et résolument engagée vers l’avenir. Elle représente un outil politique formidable auquel je crois puissamment.
Tel est le sens de mon engagement total pour la famille de la sécurité privée que j’ai l’honneur de représenter avec nos adhérents.
« Je mets toute mon énergie à rassembler l’ensemble de notre famille au sein de la FFSP. »
Jean-Christophe Chwat, président de la Fédération française de la sécurité privée (FFSP).
Quelques jours après l’annonce de votre élection, le GES et l’UFACS ont montré leur volonté d’adhésion à la FFSP. C’est un signe fort ?
Au lendemain de mon élection le 15 mars dernier, j’ai appelé de mes vœux un rassemblement large de nos métiers, sans aucun clivage partisan, parce que je suis convaincu que l’unité est plus que jamais nécessaire dans l’intérêt de notre filière tout entière. Alors oui, les récentes adhésions sont un signe très fort, c’est en ce sens que nous allons pouvoir travailler et proposer tous ensemble. Je mets toute mon énergie à rassembler l’ensemble de notre famille au sein de la FFSP. Rassemblés, nous serons plus forts !
Le GES et l’UFACS ont répondu favorablement à mon appel, tout comme le SESA, pour l’aéroportuaire, ou encore FEDESFI, pour le transport de valeurs. Avec l’ensemble des présidents des organisations patronales présentes au sein de la Fédération, nous sommes animés par la même flamme : celle de l’intérêt collectif qui est celui des entreprises de sécurité privée que nous représentons.
Rassemblement des acteurs de la filière, formation des agents, réglementation du secteur… quelles vont être les grands chantiers de votre mandat ?
Je ne ferai rien seul. Notre société connaît une crise de la démocratie et les corps intermédiaires n’y échappent pas. Les chantiers prioritaires seront dressés collectivement.
Mais je peux d’ores et déjà vous dire que la place des sociétés de sécurité privée dans le continuum de sécurité et les métiers repères seront au cœur de nos discussions.
« Je tire le signal d’alarme concernant les JO 2024. »
Jean-Christophe Chwat, président de la Fédération française de la sécurité privée (FFSP).
Que pensez-vous de la récente réforme du Cnaps ?
Le Cnaps est un jeune établissement public administratif. Il a été créé, à notre demande, pour renforcer la professionnalisation de notre secteur à une époque où le manque de réglementation ne servait pas l’intérêt collectif. Le Cnaps a permis, notamment à travers l’instauration de la carte professionnelle, d’asseoir les bases de beaucoup de nos métiers.
Mais au fil des années, nous sommes forcés de constater qu’il y a eu quelques événements qui ont conduit à instaurer de la défiance. Dix ans après sa mise en place, il est donc devenu nécessaire de le faire évoluer pour renforcer le lien de coopération qui existe entre l’institution, sa gouvernance et le monde de l’entreprise.
L’État a entendu nos revendications et elles ont été intégrées à la réforme. C’est une satisfaction pour nos organisations patronales qui ont démontré de manière concrète notre efficacité lorsque nous sommes rassemblés. Nous sommes particulièrement satisfaits du maintien des entreprises de sécurité privée au sein du Cnaps. Je vous rappelle qu’il avait été question de nous exclure purement et simplement, dans la première mouture des textes de la réforme.
La régulation de la profession ne se fera pas sans nous, et c’est heureux !
Quels seront vos points de vigilance par rapport à son fonctionnement futur ?
Nous serons vigilants à ce que le Cnaps ne trouble pas le jeu de la concurrence, qu’il continue à sanctionner les entreprises peu scrupuleuses.
Mais nous veillerons également à ce que le Cnaps ne soit pas seulement une autorité de sanction mais un véritable partenaire des entreprises de sécurité privée et que sa mission de conseil soit davantage exécutée.
Quels sont les enjeux pour la FFSP des grands événements sportifs qui se profilent à l’horizon 2023-2024 ?
Je tire le signal d’alarme concernant les JO 2024. En l’état actuel des choses, il sera difficile pour les sociétés de sécurité privée de faire face à la demande en raison notamment des manques de ressources nécessaires pour exercer durant cet événement majeur, car il n’y a pas assez de cartes professionnelles. L’Administration et les pouvoirs publics devront travailler avec nous pour que nous puissions construire une offre en capacité de répondre aux enjeux de 2024.
Au-delà de la gestion des ressources, le volet technologique a également une grande importance et viendra très utilement compléter la partie humaine des dispositifs de sécurité. Il a également été dit qu’il faudrait plusieurs centaines de portiques de sécurité et des barrières de 2,50 m et de 5 m. Ce ne sont pas des standards français. Nous devrons donc prévoir cet approvisionnement pour sécuriser les Jeux.
Ces JO vont être très certainement les JO de la sécurité privée ! Nous devrons nous préparer à ces épreuves comme les sportifs de haut niveau. Nous allons tout faire pour réussir. Et nous réussirons si l’État et les organisateurs nous impliquent dès aujourd’hui. Il nous faut constituer l’équipe de France du continuum de la sécurité, si nous voulons réussir ensemble !
Article extrait du n° 582 de Face au Risque : « POI-PDI : être opérationnel » (mai 2022).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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