Covid-19 : l’impact de la crise sanitaire sur les conditions de travail

28 juin 20215 min

La pandémie de Covid-19 a fortement impacté le monde du travail qui a dû faire évoluer ses pratiques pour s’adapter. La Dares a publié, fin mai 2021, les résultats de son enquête Tracov qui dresse un premier bilan des conséquences de ces changements sur les conditions de travail.

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Activité réduite pour certains, intensifiée pour d’autres, télétravail, réorganisation de l’espace et des flux : les mesures mises en place pour freiner la propagation du virus ont entraîné de nombreux changements au sein du monde du travail.

Menée du 25 janvier au 7 mars 2021 en France métropolitaine auprès de 17 216 individus, l’enquête Tracov de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) vise à décrire les conséquences concrètes de la crise sanitaire sur les conditions de travail.

L’enquête Tracov, menée par Ipsos pour la Dares, a interrogé les individus occupant un emploi actuellement ou ayant occupé un emploi pendant la crise sanitaire et l’ayant quitté ou perdu depuis. Les individus de toutes les régions, de toutes les professions et de tous les statuts dans l’emploi étaient concernés par l’enquête.
L’enquête avait pour objectif de décrire :

  • les conséquences de ces changements sur les conditions de travail (télétravail et usage des outils numériques, rythmes de travail, insécurité économique, exigences émotionnelles, (ré)organisation des collectifs de travail, coopération, conflits éthiques, articulation vie privée/vie professionnelle…) ;
  • les conséquences de ces changements sur l’état de santé, la prévention sur le lieu de travail, la perception du risque sanitaire en lien avec le travail ;
  • le vécu et la santé des personnes ayant occupé un emploi pendant la crise sanitaire et l’ayant quitté ou perdu avant l’enquête.

L’enquête montre, de manière générale, une intensification du travail et une hausse de l’insécurité de l’emploi, mais aussi souvent un sentiment d’utilité accru. Elle révélé également une forte disparité des situations de travail pendant la crise sanitaire.

Peu d’impact du Covid-19 pour un travailleur sur deux

Pour un peu plus de la moitié des travailleurs interrogés, les conditions de travail ont peu changé avec la crise sanitaire, seule l’insécurité de l’emploi s’est accrue.

Il s’agit principalement d’ouvriers de plus de 45 ans, travaillant dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de la construction. L’activité y a été plus stable et le télétravail moins répandu. Les gestes barrières ont moins souvent représenté une gêne pour travailler. Les répondants rapportent aussi beaucoup de coopération et de soutien au sein de collectif de travail.

Intensification du travail pour un travailleur sur trois

Pour un tiers des personnes interrogées, le travail s’est intensifié (horaires plus longs, plus atypiques, travail plus intense) et les exigences émotionnelles ont augmenté, mais le sens du travail s’est renforcé.

Il s’agit majoritairement des secteurs de la santé et de l’action sociale, de l’enseignement et du commerce de détail. Les femmes, les cadres et les professions intermédiaires sont également surreprésentés. Ces travailleurs ont déclaré une plus grande autonomie, plus d’aide de leurs chefs et collègues et du respect pour le travail réalisé.

Dégradation des conditions de travail pour un travailleur sur dix

Pour un travailleur sur 10, les conditions de travail se sont nettement dégradées, avec une surcharge de travail par rapport à l’avant crise, et les RPS ont sensiblement augmenté.

Sont surreprésentés dans cette catégorie les femmes, le secteur de l’enseignement et certains services comme le secteurs bancaires et d’assurances, et les télétravailleurs. Un manque de moyens pour effectuer correctement son travail, des difficultés à maîtriser les outils numériques pour le télétravail et un affaiblissement du collectif sont souvent rapportés.

Accalmie pour un travailleur sur 25

4 % des actifs interrogés ont connu une relative amélioration de leurs conditions de travail.

Il s’agit principalement d’hommes de moins de 34 ans, ouvriers ou employés dans des secteurs fortement affectés comme les activités culturelles, l’hébergement, la restauration. La coopération et le soutien social se sont maintenus voire renforcés et le sentiment d’utilité de leur travail s’est amélioré.

Toutefois, l’insécurité socio-économique a souvent progressé, entraînant une grande exposition aux risques psychosociaux.

Liens entre conditions de travail et santé des travailleurs

Début 2021, l’état de santé psychique des travailleurs s’est fortement dégradé, avec un doublement du risque dépressif et une forte détérioration de la santé perçue.

L’enquête révèle que plus les conditions de travail sont mauvaises et dégradées par la crise, plus l’insécurité sanitaire (la peur d’être contaminé dans le cadre du travail) est forte.

État de santé déclaré par les actifs interrogés

En janvier 2021, 30 % des actifs occupés déclarent avoir un état de santé dégradé, 23 % ont un risque élevé de dépression (selon le score WHO-5, questionnaire développé par l’Organisation mondiale de la santé. Il comporte cinq questions permettant d’évaluer le bien-être psychologique des personnes interrogées).

Source : Dares, enquête Tracov.

Contaminations au Covid-19

18 % des actifs interrogés ont signalé avoir contracté le Covid-19 depuis le début de l’épidémie, dont 5% (plus d’un actif contaminé sur quatre) attribuent leur contamination à leur travail.

La contamination attribuée au travail est plus fréquente en cas de contacts avec d’autres personnes, y compris durant les trajets en transport. Elle est également associée à certaines conditions de travail qui semblent rendre plus difficile le respect des gestes barrière, comme une intensité élevée du travail, un environnement professionnel bruyant, un manque de moyens ou des tensions avec le public.

Gaëlle Carcaly – Journaliste

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