Environnement. Renault transforme son usine de Flins en site dédié à l’économie circulaire

2 décembre 20206 min

Pour répondre aux enjeux économiques et à ceux liés à la transition écologique, Renault réoriente l’activité de son usine de Flins (Yvelines) en un site dédié à l’économie circulaire, avec un objectif de bilan carbone négatif à l’horizon 2030.

Les enjeux liés à la transition écologique

En matière d’environnement, l’étaux se resserre un peu plus ces derniers jours autour de l’Etat français. Il est renvoyé devant la Cour de justice de l’Union européenne pour pollution aux particules fines PM10. En effet, les seuils d’exposition à ces PM10 ont été dépassés dans certains endroits, notamment Paris et la Martinique. Ces particules fines proviennent essentiellement des émissions de l’industrie, de la circulation automobile et du chauffage domestique.

Par ailleurs l’Etat français doit justifier, avant la mi-février 2021, que la réduction de 40 % d’émissions de gaz à effet de serre (GES) sera respectée à horizon 2030.

Il presse les entreprises et les collectivités à s’engager vers des politiques de réduction d’émissions de GES et en particulier de leurs émissions de CO2.

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé le 18 novembre 2020 l’extension du dispositif des zones à faible émission (ZFE) aux 35 agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici à 2025. Dans ces zones, le droit de circuler en voiture variera selon le niveau de gaz polluants qu’elle rejette. En outre, 11 métropoles devront créer ce dispositif avant la fin 2021.

Un site d’économie circulaire

Pour répondre à ces enjeux liés à la transition écologique, mais aussi à ses difficultés économiques, le groupe Renault a annoncé le 25 novembre 2021 son plan de transformation de l’usine de Flins (Yvelines).  Ainsi, l’assemblage de véhicules neufs (la Zoé et la Micra de Nissan) va être arrêté sur ce site en 2024. Et Flins va devenir le « premier site européen d’économie circulaire dédié à la mobilité ». Le groupe automobile vise un bilan carbone négatif en 2030 sur ce site historique créé en 1952.

Ce modèle d’économie circulaire, appelé Re-Factory, est basé sur trois axes :

  • favoriser l’usage d’un véhicule plutôt que sa possession ;
  • allonger sa durée de vie par la maintenance ;
  • réutiliser ce qui le compose pour d’autres usages.

« Ce projet s’appuie sur notre engagement pionnier dans l’économie circulaire, sur nos valeurs, sur nos savoir-faire et répond pleinement à notre ambition de transformer positivement notre industrie », a déclaré Jean-Dominique Senard, président du conseil d’administration du groupe Renault.

Luca de Meo, CEO du groupe Renault (à gauche)

Jean-Dominique Sénard, président du conseil d’administration du groupe (à droite)

Ils sont venus présenter le projet aux équipes de Flins le 25 novembre 2020.

A partir de 2021 et jusqu’en 2024, la production de véhicules neufs sera donc remplacée à Flins par ce nouveau modèle d’économie circulaire. Il s’articulera autour de quatre pôles d’activités : Re-Trofit, Re-Energy, Re-Cycle et Re-Start.

Prolonger la durée de vie des véhicules

Le premier pôle d’activité, appelé Re-Trofit, est destiné à l’allongement de la durée de vie des véhicules et de leurs usages. Renault prévoit « d’installer à Flins une Factory VO de 8 500 m2, en capacité de reconditionner plus de 45 000 véhicules d’occasion par an, à partir de septembre 2021 ».

Ainsi, le groupe automobile souhaite capitaliser sur son expertise des technologies électriques et gaz pour développer la conversion de véhicules thermiques vers d’autres énergies moins carbonées.

Produire, stocker et gérer les énergies vertes

Les batteries des véhicules électriques sont la nouvelle problématique de l’industrie automobile. Optimiser leur cycle de vie et limiter leur impact environnemental sont les enjeux du secteur. D’autant que le marché du véhicule électrique explose. 27% des immatriculations de novembre 2020 sont des voitures électriques soit 9 600 voitures électriques (+200% sur un an) et 23 575 hybrides (+101%), selon Le Figaro.

Réparer les batteries, développer les applications en seconde vie et gérer leur fin de vie sont les trois objectifs de ce deuxième pôle d’activité nommé Re-Energy.

En conséquence, la réparation des batteries continuera d’être traitée à Flins. Ce que l’usine effectue déjà depuis 2011. Avec pour ambition d’atteindre une capacité de 20 000 réparations à l’horizon 2030.

Le stockage d’énergie sera développé et notamment le stockage stationnaire. Il permet d’intégrer dans la batterie « l’électricité issue du solaire ou de l’éolien, à l’échelle d’une maison individuelle, d’un immeuble, d’une station de recharge ou d’un site industriel par exemple », explique le groupe.

Par ailleurs, la création le 9 septembre 2020 d’un consortium d’économie circulaire par Veolia et le chimiste Solvay va permettre d’optimiser le recyclage des batteries au lithium-ion de véhicules électriques et hybrides. La transformation des métaux en matières premières de haute pureté pourra permettre la production de nouvelles batteries.

Augmenter les matériaux recyclés dans la production de véhicules neufs

Le troisième pôle, appelé Re-Cycle, rassemblera les activités de gestion de la ressource et de ses flux.

« 95 % de la masse des véhicules est recyclable ou valorisable », affirme Renault.

Une ligne de démantèlement de véhicules hors d’usage (VHU) sera installée à Flins à partir de 2024. Avec un objectif de 10 000 véhicules démantelés par an en moyenne. Flins va donc accueillir les activités de l’usine de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), dont la fermeture est décidée.

Une fois démantelés, les pièces et matériaux peuvent être réemployés, remanufacturés ou recyclés. Ainsi, ils peuvent être réintroduits dans la maintenance et la production de véhicules ou être utilisés dans d’autres industries.

Rechercher, développer et innover

Enfin, le dernier pôle, Re-Start, s’attachera à « valoriser et développer les savoir-faire industriels » et à « accélérer la recherche et l’innovation, en matière d’économie circulaire ».

Pour ce faire, le site de Flins accueillera un incubateur d’entreprises. Il sera ouvert aux partenaires du groupe pour travailler sur des projets innovants autour de l’économie circulaire.

Par ailleurs, afin d’accompagner les collaborateurs dans ce plan de transformation, la marque au losange va mettre en place un pôle de savoirs et de compétences. On y trouvera des formations académiques mais aussi des formations appliquées aux besoins du groupe ou d’autres entreprises. L’entité développera également des partenariats avec des écoles et des universités pour dynamiser l’innovation dans le domaine de l’économie circulaire.

3 000 salariés à Flins en 2030

Renault prévoit d’employer 3 000 personnes à Flins en 2030. Un nombre légèrement inférieur à l’effectif actuel si on inclut les près de 1 400 intérimaires. Aujourd’hui Flins compte 2 400 salariés en CDI et l’usine de Choisy environ 260.

Martine POREZ

Martine Porez
Journaliste

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