Explosions dans une usine chimique

26 novembre 20193 min

Retour sur l’incident du site SNF Floerger d’Andrézieux-Bouthéon, survenu le 23 novembre 2009.

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23 novembre 2009

Un salarié de SNF Floerger à Andrézieux-Bouthéon (Loire), usine classée Seveso seuil haut fabriquant des polymères employés notamment dans le traitement des eaux, prépare les produits nécessaires à une synthèse. Mais, vers 11 h, il verse par erreur 2 à 3 kg d’hypophosphite de sodium (un puissant réducteur) dans un bac réservé au persulfate d’ammonium (un puissant oxydant). Ces deux substances, incompatibles entre elles, se présentent toutes deux sous forme de poudre blanche et il est difficile de les distinguer.

L’opérateur s’aperçoit rapidement de son erreur et en informe sa hiérarchie. Celle-ci décide de séparer le mieux possible les deux substances. La première est reversée dans un sac en plastique sur lequel est indiqué qu’il contient de l’hypophosphite de sodium avec un peu de persulfate d’ammonium. Le reste du bac de persulfate d’ammonium est placé dans un fût, lui aussi identifié comme contenant un peu d’hypophosphite de sodium.

Vers 17 h 40, un autre opérateur utilise ce fût et c’est alors qu’une première déflagration se produit, le blessant ainsi qu’un autre salarié. Puis, vers 18 h 15, alors qu’un technicien et un ingénieur chimiste observent le contenu du sac en plastique, celui-ci explose, blessant grièvement les deux hommes. Ils sont transportés par hélicoptère vers un hôpital de Lyon spécialisé dans le traitement des grands brûlés.

Les sapeurs-pompiers effectuent des relevés chimiques mais ne détectent aucune fuite de matières dangereuses. Il n’y a donc pas de danger pour la population et en conséquence, pas de déclenchement d’un plan particulier d’intervention dans cet établissement Seveso. Le lendemain, l’atelier où a eu lieu l’accident reste fermé pour les besoins de l’enquête.

Le retour d’expérience

Les réactions entre produits solides sont rares. Après des tests effectués par l’entreprise puis par une société spécialisée, il s’avère que pour que le mélange des deux produits secs explose, il est nécessaire qu’il y ait un temps de maturation et une manipulation ou un choc. Ce qui s’est effectivement produit dans cette usine. Après l’accident et ce constat, la direction de l’établissement a mis en place plusieurs mesures de sécurité parmi lesquelles :

– la pesée des deux substances dans des lieux différents ;
– leur repérage par des codes couleur ;
– leur maintien dans les emballages d’origine ;
– la révision de la procédure de gestion des mélanges accidentels ;
– le remplacement du persulfate d’ammonium par un produit moins réactif ;
– la mise en place d’une installation dédiée à la dilution de l’hypophosphite de sodium.

(source : Barpi, Aria n° 37497)

Martine Porez, journaliste à FAR

Martine Porez
Journaliste

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