La France en retard sur l’imprévisibilité et la gestion des risques

17 septembre 20196 min

Une fois encore, la France est mise à l’honneur pour son pessimisme. Ce stéréotype à la dent dure est ce coup-ci mis sur le devant de la scène par l’Australie… Plus précisément par l’intermédiaire de l’assureur QBE, à travers une étude – déléguée au cabinet d’études de marché britannique Opinium – sur l’imprévisibilité et les stratégies de gestion des risques.

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C’est après une large enquête menée auprès de 1 314 décisionnaires d’entreprises que le constat est tombé : les entreprises françaises sont plus alarmistes que leurs consœurs européennes sur leurs perspectives d’avenir. Mais également en matière d’imprévisibilité.

Selon cette étude Opinium pour QBE, les entreprises françaises ont un besoin urgent d’accompagnement dans la gestion de leurs risques. Cette conclusion est tirée par Renaud de Pressigny, directeur général de QBE France.

Voici quelques chiffres dévoilés par cette enquête européenne, pour laquelle 1 314 décisionnaires d’entreprises issus de 9 pays différents (dont le Canada…) ont accepté de répondre.


3 entreprises sur 4 incapables de faire face à l’imprévisibilité

75 %… c’est le taux des décisionnaires européens sondés lors de cette enquête qui estiment que leur entreprise n’est pas prête à faire face à l’imprévisibilité. Une fois n’est pas coutume, cette vague de pessimisme n’est pas exclusive aux acteurs français interrogés.
Seuls 25 % des sondés voient leur entreprise capable d’affronter un imprévu.

Le facteur politique en tête des facteurs les plus préoccupants

Outre l’imprévisibilité, la question est également de savoir ce qui pourrait provoquer cet événement… Autrement dit, de connaître les facteurs d’instabilités. L’étude Opinium liste 5 catégories de « facteurs d’instabilité préoccupants à court terme » aux yeux des sondés.

Pour 26 % d’entre eux, les plus préoccupants sont les facteurs politiques. Suivent les facteurs macroéconomiques (22 %) puis les microéconomiques (21 %). Deux autres facteurs – sociétaux et environnementaux – sont également listés… Sans pour autant que ces taux n’aient été révélés par cette enquête.


Une barrière psychologique à 3 ans…

Bien que les entreprises européennes soient en très large majorité incapables de répondre à un imprévu, si l’on se fit aux réponses accordées par les 1 314 décisionnaires sondés pour cette enquête, une large partie d’entre elles se montre tout de même optimiste sur les perspectives d’avenir.

66 % des sondés jugent ainsi leur entreprise « confiante » en vue de succès futurs. Contre 34 % de pessimistes. Ce « futur » semble cependant se dessiner sur le court terme… 68 % estiment en effet que leur entreprise « dispose d’une bonne visibilité » sur les 12 mois à venir… Lorsque seuls 29 % semblent en mesure de se projeter sur les 10 prochaines années.

À noter que le stade des 3 ans semble faire office de barrière psychologique puisqu’elle regroupe autant projections optimistes (50 % des sondés) que dubitatives (50 % également).

On peut ainsi en déduire que la très grande majorité des sondés estiment que leur entreprise dispose d’une feuille de route viable sur 36 mois… Mais que très peu d’entre eux peuvent par la suite se projeter avec certitude au-delà de ces 3 ans.

La taille, ça compte… pour la gestion des risques

Si 3 entreprises européennes sur 4 se déclarent incapables de répondre à l’imprévisibilité, c’est notamment car elles ne disposent pas toutes d’une stratégie capable de répondre efficacement à ces risques. Seules 17 % ont par exemple réalisé des tests de résistance face aux événements imprévus… Et 23 % des responsables sondés affirment que leur entreprise a souscrit une assurance pour se prémunir de ce phénomène d’imprévisibilité.

En outre, chez les petites entreprises interrogées, seules 25 % annoncent avoir mis en place une stratégie de gestion des risques. Cette part représente 35 % chez les entreprises de tailles intermédiaires. Et 45 % pour les grandes entreprises.

Autrement dit : plus l’entreprise est importante en effectif, plus la part dédiée à la gestion des risques est développée. Ce qui revient à dire que la gestion des risques, d’après les sondés, fait davantage office d’option conjoncturelle que de priorité structurelle pour une large majorité des entreprises européennes à l’heure actuelle.

À noter par ailleurs que, face à l’imprévu, 3 stratégies de protection sont généralement adoptées :

  • L’épargne (pour 34 % des sondés) ;
  • La diversification des services (33 %) ;
  • Et la diversification de la clientèle (31 %).

Les autres stratégies, qui ne représentent que 2 %, n’ont pas été détaillées par cette étude Opinium pour QBE.


L’éternel optimisme des Français en guise de conclusion

1 314 responsables d’entreprises issues de 9 pays européens ont répondu à cette enquête. Si les noms des entreprises n’ont fort logiquement pas filtré, ceux des pays sont en revanche connus. Il s’agit du Danemark, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Suède, de la Finlande, de la France et du Canada…

qui a visiblement eu moins de mal à intégrer l’Union européenne que la Turquie si l’on en croit cette étude.

Toujours est-il que, dans une ultime partie, cette enquête sur l’imprévisibilité sépare la France du reste de l’Europe. Et visiblement, l’éternel optimisme qui caractérise tant les Français se traduit dans les chiffres…

Pour 12 % des responsables français sondés, leur entreprise est sur le déclin… Lorsque la moyenne sur la totalité des 1 314 « européens » sondés (français inclus) est fixée à 8 %.

Optimisme toujours lorsqu’il est question de « stabilité de l’entreprise »… Où en réponse aux 59 % des sondés européens qui pressentent une certaine stabilité dans leur entreprise, seuls 51 % des sondés français y perçoivent une équivalence.

Enfin, pour ce qui est de la gestion de l’incertitude, 50 % des sondés français se déclarent « à l’aise ». Un résultat encourageant… mais toujours en deçà de la moyenne des sondés européens, qui sentent leur entreprise – pour 61 % d’entre eux – « à l’aise avec l’incertitude ».

À l’heure du bilan, Renaud de Pressigny (directeur général de QBE France) n’hésite pas à dresser un constat limpide : « Cette étude démontre qu’un grand nombre d’entreprises françaises ont besoin d’être accompagnées dans la gestion de leurs risques ». Que les entreprises françaises se rassurent… il y a fort à parier que les constats de l’assureur australien sont similaires pour l’ensemble des entreprises des autres pays européens présents dans cette étude.

Eitel Mabouong, journaliste à FAR

Eitel Mabouong
Journaliste

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