Protection contre la voiture bélier et autres véhicules

25 septembre 20186 min

Risque identifié pour les commerces, les attaques au véhicule bélier sont devenues l’un des modes opératoires privilégiés des organisations terroristes ces dernières années. Pour l’entreprise commerciale ou industrielle, comme pour une collectivité, un obstacle physique permet d’établir une première ligne de défense contre l’intrusion d’un véhicule dans un périmètre donné.

Ceci est une légende Alt

Un véhicule représente une menace nettement identifiée. Il est en effet possible d’utiliser sa masse pour fracasser une vitrine, forcer l’entrée d’un site ou foncer sur une foule. Nice, Berlin, Londres, Stockholm, Barcelone, les exemples ne manquent pas en Europe. De nombreux dispositifs permettent d’assurer la maîtrise d’accès à une voie publique ou privée.

Bloc de béton, chaîne, barrière, portail, herse, poutre coulissante, borne fixe ou escamotable… : le choix de l’obstacle dépend de ce qui doit être protégé et contre qui ou quoi. Il peut être question de protéger :

  • l’accès à un distributeur automatique de billets, à la vitrine d’un magasin, à une galerie marchande ou à un parking extérieur ;

  • l’entrée d’un site ;

  • un couloir de circulation, notamment à proximité des zones sensibles d’une entreprise (zones de stockage, de distribution d’énergie, etc.) ;

  • un événement ou une manifestation qui rassemble du public ;

  • une aire de stationnement utilisée pour l’acheminement de fonds.

La protection fournie dépend des caractéristiques techniques du dispositif. Il faut mener une réflexion de protection qui intègre la configuration des lieux à protéger, les contraintes de mobilité, les flux de personnes… Des essais permettront de valider la solution technique la plus pertinente au regard de la situation du site. Les herses à pics, les bornes escamotables et les barrières constituent des exemples de systèmes anti-véhicules proposant aujourd’hui une sécurité renforcée.

Les herses à pics

La herse, ligne composée de dents d’attaque d’une dizaine de centimètres, empêche le franchissement d’un accès par une voiture ou un poids lourd en provoquant la crevaison de ses pneumatiques. Elle doit être installée à l’intérieur d’une propriété. Le dispositif est souvent associé à une barrière levante ou à un système de portail, par exemple coulissant, afin de permettre le contrôle du véhicule et de donner visuellement l’autorisation ou l’interdiction d’accès au conducteur. Posée sur le sol ou encastrée, d’une largeur adaptée en termes de passage utile, une herse à pics apporte une solution robuste et simple à poser dans les entreprises industrielles ou commerciales (entrepôts, usines, aires de stockage, grandes surfaces, stations- service, etc.), les zones à accès limité (centres de recherche, laboratoires, etc.) ou encore les établissements de détention, les zones militaires, etc.

Manuel et/ou assisté à distance, le fonctionnement d’une herse à pics peut autoriser trois positions : horizontale pour un passage ouvert dans les deux sens, verticale pour un passage fermé dans les deux sens et diagonale pour un passage fermé dans un seul sens. Concrètement, la perforation des pneumatiques est due au poids des véhicules et des capuchons plastiques peuvent équiper les pics afin de les rendre parfaitement inoffensifs pour les piétons. Il existe sur le marché des solutions garantissant un temps de sortie ou de rentrée des pics inférieur à la seconde.

Dans tous les cas, elle doit faire l’objet d’une signalisation appropriée qui explique son fonctionnement : radar détectant l’approche, système mécanique relevable dans un sens…

Les bornes escamotables

Les bornes escamotables (ou rétractables) peuvent également être employées pour empêcher un véhicule d’entrer dans un périmètre donné. L’utilisation de ce type d’obstacle physique, d’abord installé dans des endroits très sensibles comme l’entrée de l’Élysée, s’est banalisée en France. Elles peuvent être utilisées pour les parkings, les commerces, les administrations, les aires de stationnement de véhicules de transport de fonds, l’entrée d’un site…

Obstacle installé à la gare de Nanterre-Université pour protéger la voie convoyage de fonds. Lors des crash tests, il a stoppé une voiture de 1 t à 50 km/h puis un fourgon de 3,5 t à 30 km/h. Photo Amco-Les escamotables
Implantation d'un système de bornes escamotables. Source ERO Industrie

Elles peuvent être contrôlées à distance (RFID, badge, télécommande) mais doivent être pourvues d’un système mécanique en cas de coupure électrique. Depuis le 20 avril 2001, ces systèmes anti-véhicules doivent répondre aux exigences de la norme NF P 98-310, dont voici les principales caractéristiques :

  • passage forcé impossible sous peine de détérioration du véhicule ;

  • résistance à une charge de 1,5 t lancée à 40 km/h ;

  • hauteur de 500 mm pour un diamètre de 245 ou 159 mm ;

  • temps de manoeuvre – montée ou descente – de trois secondes pour une borne et de dix secondes pour deux bornes asservies, plusieurs bornes pouvant être gérées à partir d’une même centrale et d’une même logique de commande, une distance maximum de 1,5 mètre entre deux bornes étant préconisée ;

  • protection de toutes les pièces contre la corrosion, un joint caoutchouc assurant l’étanchéité entre la borne escamotable et le bâti.

Certaines bornes peuvent résister à la charge d’un camion de plusieurs tonnes lancé à une vitesse de 50 à 80 km/h et sont donc adaptées à des sites redoutant des attaques au véhicule bélier. Il faut veiller au scellement du système qui conditionne la résistance. Des systèmes analogues comme les obstacles escamotables, type rampe, permettent d’interdire l’accès à tous les véhicules motorisés (y compris les deux-roues) en interdisant la totalité de l’accès à une voie.

Les barrières

Les barrières levantes sont des obstacles physiques composés d’une lisse montée et d’un bras articulé. Différentes finitions et différents aspects sont possibles. Pour les sites à hauts risques d’intrusion, une lisse très lourde et un acier renforcé permettent à la barrière de résister aux véhicules béliers. Des bandes réfléchissantes rouges ou orange doivent permettre leur visibilité nocturne. Certaines sont complétées par un cadre en grillage. Dans cette configuration, elles se substituent aux barrières coulissantes ou aux portails électriques. Différents systèmes d’ouverture et de déverrouillage existent.

Pitagone a créé, suite aux attentats de Nice, une barrière mobile en trois parties avec bras de liaison. Elle est certifiée pour résister à un véhicule de 7,5 t lancé à 48 km/h. Photo HTDS/Pitagone

Face à la multiplication des attaques ciblées contre la foule, de nombreux fabricants se sont inspirés des barrières mobiles israéliennes contre les véhicules béliers, qui fonctionnent comme une mâchoire qui se referme, et proposent des barrières modulables amovibles. Les villes peuvent les installer provisoirement lors d’un festival, d’une manifestation, d’un marché de Noël par exemple.

Les barrières sont pour la plupart crash-testées et certifiées selon la norme britannique BSI PAS 68 ou l’accord IWA 14-1 : 2013 (Barrières de sécurité des véhicules – Partie 1 : exigence de performance, méthode d’essai d’impact du véhicule et taux de performance). Sont pris en compte l’angle d’impact, la vitesse d’impact et le type de véhicule (voiture, camionnette, poids lourd). Certaines barrières arrêtent un véhicule de 7,5 tonnes lancé à 80 km/h.

Source : Traité pratique de sûreté malveillance – 4e édition

Gaëlle Carcaly – Journaliste

Les plus lus…

Inscrivez-vous
à notre
newsletter

Recevez toutes les actualités et informations sûreté, incendie et sécurité toutes les semaines.