Data center : le casse-tĂȘte de la dĂ©tection incendie

25 septembre 2018‱‱4 min‱

Les data centers produisent de la chaleur qu’il faut pouvoir tempĂ©rer. Les serveurs qui produisent et stockent les donnĂ©es doivent ĂȘtre constamment refroidis. Ces diffĂ©rents mouvements aĂ©rauliques crĂ©ent des instabilitĂ©s qui perturbent la dĂ©tection. L’assureur FM Global a rĂ©alisĂ© une sĂ©rie d’essais sur la dĂ©tection incendie dans les data centers. Neil Costello, ingĂ©nieur spĂ©cialisĂ© de FM Global Ă©voque avec nous les conclusions de cette Ă©tude.

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Face au Risque. ExtĂ©rieurement un data center ressemble Ă  un entrepĂŽt. À l’intĂ©rieur, c’est plutĂŽt l’image d’une centrale Ă©lectrique. Quels sont les principaux enjeux de la dĂ©tection incendie dans un data center ?

Neil Costello

Neil Costello. Une entreprise perd en moyenne 7 900 $ (6 850 €) par minute lorsque ses locaux informatiques sont hors service. Devant la cybercriminalitĂ© qui explose (18 %) et l’erreur humaine (22 %), la dĂ©faillance du systĂšme d’alimentation Ă©lectrique (24 %) reste la premiĂšre cause d’interruption de service dans les salles informatiques. DĂ©tecter au plus vite un incendie d’origine Ă©lectrique dans une salle fortement ventilĂ©e, balayĂ©e par des mouvements d’air susceptibles de dĂ©placer ou diluer la fumĂ©e est un dĂ©fi essentiel pour les entreprises.

Quelles peuvent ĂȘtre les principales sources d’incendie ?

N. C. Les deux incidents les plus marquants que nous ayons rĂ©cemment rencontrĂ©s – et qui ont coĂ»tĂ© chacun prĂšs de 40 M€ – Ă©taient d’origine Ă©lectrique. Le premier feu s’est rĂ©pandu par un chemin de cĂąbles Ă  travers les onze Ă©tages d’un centre de traitement de donnĂ©es. Le deuxiĂšme s’est dĂ©clarĂ© dans un local avoisinant la salle informatique conçu pour abriter l’équipement dĂ©diĂ© Ă  l’alimentation Ă©lectrique.

Les incendies d’origine Ă©lectrique se caractĂ©risent par un dĂ©marrage trĂšs lent et, dans les deux cas, ils n’étaient pas franchement spectaculaires mais extrĂȘmement dĂ©vastateurs en raison des importantes fumĂ©es dĂ©gagĂ©es. DĂ©celer au plus tĂŽt ces incendies est donc essentiel et nous nous assurons que le personnel de nos clients soit bien formĂ© pour rĂ©agir au plus vite.

FM Global a conduit une Ă©tude sur le sujet, quelles Ă©taient les conclusions ?

N. C. Nous avons rĂ©alisĂ© pendant deux mois plus d’une centaine d’essais grandeur nature en partenariat avec la National Fire Protection Association (NFPA). Plusieurs dĂ©tecteurs (par aspiration et ponctuels) ont Ă©tĂ© disposĂ©s dans les trois parties d’un local test avec allĂ©es chaudes et froides, sous-sol et faux-plafond, reconstituĂ© pour l’occasion dans notre centre de recherche de Rhode Island. 27 dĂ©tecteurs de fumĂ©es au total ont Ă©tĂ© soumis aux diffĂ©rentes variables susceptibles d’influencer leur performance comme le dĂ©bit de l’air, la concentration de la fumĂ©e ou le type d’incendie (cĂąbles plastiques d’isolation, cartes Ă©lectroniques, emballages de matĂ©riel).

Les essais concluent que les dĂ©tecteurs placĂ©s dans le faux-plafond, oĂč l’air s’échappe, restent les plus fiables. Ils se sont dĂ©clenchĂ©s quel que soit l’emplacement de la source de fumĂ©e. En revanche, ils se sont dĂ©clenchĂ©s moins rapidement que les dĂ©tecteurs des autres parties.
Cette expĂ©rience s’intĂšgre dans un programme de recherche bien plus vaste, consacrĂ© Ă  la propagation des fumĂ©es et des gaz chauds. Les dĂ©gĂąts de fumĂ©es reprĂ©sentent en effet une part de plus en plus importante des sinistres dĂ©clarĂ©s par les sociĂ©taires de FM Global.

L’étude a Ă©tĂ© conduite aux États-Unis, les rĂ©sultats sont-ils extrapolables Ă  la France oĂč les matĂ©riaux et la rĂ©glementation sont diffĂ©rents ?

N. C. Oui, la nature similaire de la configuration des data centers, des matĂ©riaux combustibles utilisĂ©s et des mĂ©thodes de dĂ©tection Ă  travers le monde fait que les tests et essais sont extrapolables Ă  la France et Ă  d’autres pays.

Le choix du type de dĂ©tection a-t-il un impact sur la typologie d’extinction retenue ?

N. C. Cela fonctionne plutĂŽt Ă  l’inverse : le choix de la typologie d’extinction a une influence sur le type de dĂ©tection. La dĂ©tection de fumĂ©e Ă  haute sensibilitĂ© (air sampling) permet l’avertissement le plus rapide, avant mĂȘme que la fumĂ©e ne soit visible, et peut ĂȘtre utilisĂ©e pour alerter le personnel formĂ©, qui peut rĂ©agir instantanĂ©ment.

Une autre possibilitĂ© est d’utiliser une dĂ©tection lĂ©gĂšrement moins sensible. Des dĂ©tecteurs de fumĂ©e classiques sont alors utilisĂ©s et l’extinction se fait Ă  l’aide de gaz. Ce qui permet de minimiser les dommages pour l’équipement informatique.

Enfin troisiĂšme possibilitĂ©, la protection par sprinkleurs ou par brouillard d’eau. Elle incorpore la dĂ©tection d’incendie par le biais d’élĂ©ments sensibles Ă  la chaleur dans chaque tĂȘte. Ces systĂšmes permettent une protection du bĂątiment efficace et fiable en contrĂŽlant la propagation de l’incendie, si leur conception et leur installation est appropriĂ©e.

David Kapp, journaliste

David Kapp – Journaliste

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