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Un risque incendie à maîtriser dès la conception
Depuis plus de 20 ans, Cap Ingelec conçoit des data centers. Au total, le groupe français a déjà réalisé plus de 1 500 projets. Coralie Pasdeloup, responsable des opérations data centers, nous explique en quoi la sécurité incendie fait partie intégrante de ces projets.
OVH, quelles leçons ?
La sécurité incendie chez Cap Ingelec
Le marché des data centers est porteur. Il connaît une croissance d’environ 15 % par an à l’échelle mondiale.
Cap Ingelec, l’un des acteurs français du secteur, conçoit et rationalise les infrastructures des data centers avec des solutions globales en maîtrise d’œuvre ou en réalisation clés en main. Concrètement, le groupe pilote des missions d’ingénierie variées, depuis l’analyse du terrain d’implantation (sismicité, risque routier, trafic aérien…), jusqu’à l’aménagement intérieur des salles informatiques réalisées. Les projets sont diversifiés, de la conception construction d’un data center neuf, à la réhabilitation et la sécurisation de sites existants. L’intégralité des prestations est traitée par le groupe : la structure du bâtiment et les ouvrages extérieurs, le second œuvre, l’aménagement des salles et les lots techniques, dont la sécurité et la protection incendie…
Pour tous les projets, « nous considérons toujours la sécurité et la protection incendie comme des fonctionnalités essentielles, qui sont très normées et réglementées en France », assure Coralie Pasdeloup, responsable des opérations data centers chez Cap Ingelec. La sécurité et la protection incendie sont donc intégrées dès la phase de conception – tout comme la sûreté et la cybersécurité.
Ce sont les chefs de projets, spécialistes en systèmes de sécurité incendie (SSI) – souvent titulaires d’une qualification de coordinateur SSI – et en systèmes de protection incendie (SPI) qui réalisent les analyses des risques en considérant la nature des infrastructures techniques, l’organisation du bâtiment et les attendus de l’exploitation.
Sinistres chez des acteurs du data center
Chez Cap Ingelec, la sécurité incendie est une constante permanente dans la conception des data centers.
« Nous avons, des critères très élevés concernant la sécurité et la protection incendie, nous explique Coralie Pasdeloup. Si nous nous permettons d’insister autant sur ces questions auprès de nos clients, c’est que le sujet n’est pas anecdotique. Et ce n’est pas juste pour répondre formellement aux exigences générales des référentiels APSAD ou FM Global ou aux prescriptions particulières des assureurs. Il y a un vrai risque pour l’exploitation des données par nos clients, d’où la nécessité de protéger leurs ouvrages en cas de sinistres, sans jamais négliger leurs personnels. »
Si nous insistons autant sur la sécurité et la protection incendie auprès de nos clients, c’est que le sujet n’est pas anecdotique.
Coralie Pasdeloup
Responsable des opérations data centers
chez Cap Ingelec
Les technologies de protection incendie utilisées
Cap Ingelec conçoit des systèmes de protection incendie pour tous types de locaux et infrastructures techniques intégrés dans les centres informatiques. Ceci, depuis les locaux de production/distribution d’énergie jusqu’aux salles informatiques, sans oublier les locaux de support – comme ceux dédiés au stockage. Il ne faut pas négliger le risque que ces derniers représentent, même s’ils sont moins critiques pour la production informatique. Des analyses par typologie et taille de projets ont été élaborées avec les avantages et les inconvénients de chaque technologie : brouillard d’eau, extinction automatique à gaz et sprinkleurs. Ceci bien sûr au regard de l’expression des besoins formulée par les clients et de l’analyse de risques produite au début de la conception.
« Le sprinklage dans les salles serveurs, c’est très américain, note la responsable des opérations data centers. Certains grands hébergeurs qui arrivent chez nous demandent des installations sprinkleurs dans les salles informatiques. Nous leur expliquons que nous avons en France d’autres solutions qui permettent de protéger les infrastructures techniques tout en évitant les pertes d’exploitation que peut induire le noyage des équipements, comme le permettent le brouillard d’eau et le gaz. »
Concernant l’extinction automatique à gaz, « cela fonctionne bien sur des petites et moyennes superficies. Pour les plus grandes, le brouillard d’eau est plus rentable », estime notre interlocutrice. Elle nous indique par ailleurs qu’avec le gaz, il faut également penser à l’étanchéité des locaux et au stockage des réservoirs de rechange en termes d’encombrement, voire de disponibilité de l’installation d’extinction si cette recharge n’est pas déjà présente sur site ou intégrée à l’installation d’extinction « C’est plus compliqué que l’eau. »
Les réhabilitations de sites, des sujets plus complexes
Dans le cas de réhabilitation ou de transformation d’un site existant, la problématique incendie peut être un vrai casse-tête. « Nous travaillons par exemple actuellement sur un petit data center d’environ 500 m² pour un opérateur téléphonique. Il est implanté en plein cœur de Paris dans la crypte d’une cathédrale, un monument historique », indique Coralie Pasdeloup. Ce site est un ERP (établissement recevant du public) et si le désenfumage est obligatoire, il n’y est techniquement pas possible. « Dans ce type de bâtiment, on ne sait pas désenfumer. De plus, les évacuations de fumées seraient trop proches des habitations ou de la voie publique. Nous avons donc installé de la protection incendie pour éviter tout départ de feu. Le maître d’ouvrage, qui avait missionné un coordinateur SSI à part, a demandé une dérogation sur le désenfumage à la commission de sécurité. Celle-ci est en cours d’instruction auprès des autorités compétentes.
Sur un autre site, dans un autre département francilien, la dérogation a été validée dans un ERP. Nous devions là aussi installer du désenfumage mais comme des installations de protection incendie sont déployées, la commission de sécurité a validé l’absence de désenfumage. »
Une formation continuelle en sécurité
Coralie Pasdeloup insiste aussi sur l’importance de la formation de ses équipes. En sécurité et en protection incendie, elles sont continuelles et concernent les systèmes de sécurité incendie – la détection, la mise en sécurité et la protection incendie – et l’extinction automatique à eau et à gaz…
Mais les formations portent également sur les autres risques touchant les data centers. En l’occurrence, les prochaines sessions de formation prévues porteront sur le risque cyber, un sujet éminemment d’actualité.
Article extrait du n° 583 de Face au Risque : « OVH, Quelles leçons ? » (juin 2022).
Martine Porez – Journaliste
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