Feu de batteries lithium sur le site Sopave : les neuf recommandations du BEA-RI

2 juin 20256 min

Le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI) a rendu ses conclusions concernant l’incendie du site Sopave à Viviez (Aveyron), survenu le samedi 17 février 2024.

Le plan d'intervention : quand l'établir ?

Ce qu’il faut retenir du rapport du BEA-RI sur l’incendie du site Sopave à Viviez (Aveyron) :

  • un incendie est survenu le samedi 17 février 2024 sur le site Sopave ;
  • le site Sopave est soumis à déclaration avec contrôle, mais non Seveso ;
  • au moins 900 tonnes de batteries lithium étaient stockées et ont été détruites ;
  • auprès de l’Ineris, le BEA-RI a fait mener des essais dans 3 configurations différentes sur des batteries d’électromobilité Li-Ion ;
  • neuf recommandations ont été émises, dont une destinée à l’autorité réglementaire.

Retour sur l’incendie du site Sopave à Viviez

Le site de l’entreprise Sopave – Société Plastiques Aveyron, situé à Viviez (Aveyron), est spécialisé dans le traitement des déchets.

Un rapport d’inspection post-incendie de la Dréal Occitanie, publié le 28 février 2024, à la suite d’une visite d’inspection réalisée le 19 février 2024, précise qu’il s’agit d’un site soumis à déclaration avec contrôle mais non Seveso.

Il est en outre ajouté dans ce document, qu’à travers une déclaration en date du 4 décembre 2018, l’exploitant a déclaré ses activités sous les rubriques ICPE 2560, 2713, 4510, 4511 et 2714.

Dans ce même rapport, il est par ailleurs précisé que les activités du site sont :

  • le stockage de déchets non dangereux/dangereux ;
  • le traitement mécanique d’accumulateurs (AS, NimH, Lirec) ;
  • la séparation mécanique des fractions métalliques non-ferreuses ;
  • le stockage de matières premières et produits finis pour les activités de Snam (Société nouvelle d’affinage des métaux).

Le BEA-RI a ouvert deux nouvelles enquêtes.

La première fait suite à une fuite de brouillard d’acide sulfurique survenue sur le site ExxonMobil Chemical France à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime).

La deuxième concerne une fuite de chlore survenue sur le site Kem One à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), classé Seveso seuil haut, le 28 avril 2025.

Notons enfin que le BEA-RI a par ailleurs publié la réponse de la société Arlanxeo, qui avait fait l’objet d’un rapport d’enquête à la suite d’une explosion survenue au sein d’un réservoir de stockage sur le site située à La Wantzenau (Bas-Rhin), classé Seveso seuil haut.

L’incendie sur le site Sopave de Viviez survient le samedi 17 février 2024 à 13h59, “alors qu’aucun salarié n’est présent (…) l’alarme incendie se déclenche” explique dans un premier temps le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI) dans son rapport d’enquête publié fin mai 2025.

Par la suite, le BEA-RI précise que :

“l’opérateur d’astreinte se rend sur le site pour une levée de doute, et constate un incendie dans le bâtiment B2 au niveau de caisses de stockage de petites batteries grand public. Les services d’incendie et de secours sont appelés à 14h18, ils arriveront sur site à 14h33. Les sapeurs-pompiers quitteront le site Sopave le jeudi 22 février à 14h”.

Incendie du site Sopave à Viviez : au moins 900 tonnes de batteries au lithium étaient stockées

Dans un communiqué daté du 23 février 2024, le Services départemental d’incendie et de secours de l’Aveyron (Sdis12) précise que 1276 tonnes de batteries étaient stockées dans le bâtiment touché par les flammes.

Quelques jours plus tôt, dans un article daté du 21 février 2024, la presse locale expliquait que “900 tonnes de batteries au lithium” ont été détruites, de même que le bâtiment dans lequel elles étaient stockées.

Les conclusions du BEA-RI à la suite de l’incendie

“L’analyse des enregistrements effectués par la vidéosurveillance a rapidement permis de considérer que la cause la plus vraisemblable de l’incendie était l’emballement thermique d’un accumulateur portable stocké en contenant plastique conclut le BEA-RI dans son rapport, avant toutefois d’ajouter que “l’importance de l’incendie ne permettra pas d’investiguer ou de déterminer la cause de cet emballement thermique”.

Faute de cela, le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI) a toutefois mené des essais en collaboration avec l’Ineris afin de tenter de connaître “l’impact du mode de stockage de ce type de batterie sur la propagation d’un incendie”. Trois configurations ont été testées :

  • batteries d’électromobilité Li-Ion stockées en palox (un contenant plastique) ;
  • batteries d’électromobilité Li-Ion stockées en fûts métalliques ;
  • batteries d’électromobilité Li-Ion stockées en fûts métalliques avec sprinklage.

D’après les conclusions du BEA-RI suite à ces essais : “le contenant de type palox plastique a un impact négatif sur la vitesse de développement du feu, tandis que “le contenant de type métallique a lui permis lors des essais de ralentir sensiblement voire de stopper la propagation de l’emballement thermique des batteries, et de diminuer l’intensité des effets thermiques mesurés”.

Les neuf recommandations du BEA-RI

Dans son rapport, le BEA-RI a émis une neuf recommandations à la suite de l’incendie du site Sopave à Viviez.

Les huit premières sont à destination de l’exploitant du site. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels recommande ainsi de :

  • équiper ses installations de stockage de batteries d’un système de détection incendie permettant de détecter au plus tôt la présence de fumées puis de flammes au-dessus d’un stockage de batteries ;
  • accélérer la procédure de levée de doute et améliorer la gestion de l’alerte en cas de détection incendie ;
  • adopter une organisation permettant d’intervenir dans les premiers instants sur le départ d’incendie (personnels formés, moyens d’intervention opérationnels et moyens de protection adaptés) ;
  • réévaluer et adapter si nécessaire les besoins en eau d’extinction d’un feu de batteries et les capacités de confinement de ces eaux ;
  • décharger au maximum les batteries de véhicule électrique avant stockage (si possible en amont du transport) ;
  • stocker les batteries de type « consumer market » en fûts métalliques ;
  • limiter la durée de stockage des batteries ;
  • réexaminer les modalités de stockage (en hauteur et en superficie) au regard de la stratégie incendie retenue et de son efficacité.

Une évolution réglementaire souhaitée par le BEA-RI

Une neuvième et dernière recommandation est par ailleurs émise à destination de l’autorité réglementaire. Le BEA-RI affirme ainsi que :

“dans un contexte d’électrification des usages et des mobilités, (il faut) faire évoluer la réglementation pour mieux encadrer l’implantation, les dispositions constructives, l’exploitation et la gestion en cas d’accident, des sites de stockage des batteries neuves ou usagées en fonction des typologies de batteries et compte-tenu notamment des enseignements techniques tirés de la présente enquête”.

En savoir plus

Retrouvez le rapport complet du BEA-RI à la suite de l’incendie du site Sopave de Viviez (Aveyron).

Tous les rapports du BEA-RI sont également disponibles dans notre rubrique “Rapports“.

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Eitel Mabouong – Journaliste

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