Transport maritime : augmentation des risques liée aux tensions géopolitiques

Les points clés à retenir :

• La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, ainsi que l’augmentation de la flotte fantôme aggravent les défis importants auxquels le secteur maritime est confronté. Un secteur déjà aux prises avec la transition énergétique et les conséquences de la pandémie de Covid.

• Malgré les difficultés géopolitiques, seuls 27 grands navires ont été perdus en 2024, le chiffre le plus bas jamais enregistré, représentant une baisse de plus de 20 %.

• Principales causes de sinistre, les risques traditionnels, tels que les incendies, les collisions et les échouements, sont en recul, mais peuvent encore donner lieu à des dommages majeurs.

L’environnement opérationnel, de plus en plus complexe et instable, est marqué par les attaques en mer, les immobilisations de navires, les sanctions et les incidents sur des câbles sous-marins essentiels. Parallèlement, le renforcement des mesures commerciales protectionnistes pourrait bouleverser les chaînes d’approvisionnement et perturber des relations commerciales établies de longue date.

Ces éléments sont alarmants, sachant que 90 % des marchandises échangées dans le monde sont transportées par mer. En outre, les risques traditionnels, tels que les incendies, les collisions et les échouements, principaux responsables des pertes totales de grands navires, peuvent encore entraîner des sinistres majeurs.

Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Ces dernières années, d’importants progrès ont été réalisés en matière de sécurité maritime. Au cours des années 1990, la flotte mondiale perdait plus de 200 navires par an. Ce chiffre a été réduit de moitié il y a dix ans et a atteint son plus bas, soit 27 pertes, à la fin 2024 (contre 35 en 2023).

La Chine a été la principale cible des mesures protectionnistes des États-Unis, dont les droits de douane ont atteint 145 %, avant que les deux pays ne conviennent d’une réduction pendant une période de 90 jours. Cette situation a eu des effets importants sur le volume du commerce international, dont environ 18 % était soumis à des droits de douane à la mi-avril 2025, contre 4 % début mars. Le transport maritime a ainsi enregistré une baisse spectaculaire à la suite des annonces faites lors du Liberation Day.

Mais si l’avenir des politiques commerciales américaines reste incertain, un autre phénomène soulève un défi croissant pour le transport et l’assurance maritimes : les navires fantômes. Depuis le début de la guerre en Ukraine, leur nombre a considérablement augmenté. Aujourd’hui, environ 17 % des pétroliers naviguant dans le monde appartiendraient à la flotte fantôme : on estime que près de 600 navires seraient dédiés au transport de pétrole russe. Ces bâtiments ont été impliqués dans des dizaines d’incidents à travers le monde, notamment des incendies, des collisions et des marées noires.

Les incendies à bord des grands navires restent un sujet de préoccupation majeure pour les assureurs de corps et de marchandises. Le nombre de pertes totales, tous types de navires confondus, a été de sept en 2024, le même que l’année précédente. Celui des incidents a augmenté jusqu’à atteindre le record de la décennie, avec 250 événements, tous types de navires confondus. Environ 30 % des incendies sont survenus sur un porte-conteneurs, un cargo ou un roulier (69). Au cours des dix dernières années, plus d’une centaine de pertes totales ont été causées par un incendie.

Des mesures ont été adoptées pour atténuer les risques, notamment des changements réglementaires et des dispositifs techniques visant à lutter contre les irrégularités de déclaration de marchandises, l’une des principales causes d’incendie. Cette question est essentielle, car l’électrification de l’économie mondiale entraîne de nouvelles difficultés, avec l’augmentation des batteries lithium-ion et des systèmes de stockage d’énergie par batteries qui sont transportés.