Transition écologique et conditions de travail : une prise de conscience à améliorer

27 juin 20234 min

Dans le courant du mois de mai 2023, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a mené une consultation sur ces deux thèmes auprès de 1396 salariés. Si les répondants semblent conscients des enjeux stratégiques liés à la transition écologique et aux conditions de travail, les actions de prévention et le dialogue au sein des institutions peuvent être améliorés.

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Organisée dans le cadre de la Semaine pour la qualité de vie et des conditions de travail 2023 (qui fêtait sa 20e édition), cette consultation de l’Anact visait à mesurer l’importance, du point de vue des salariés, des interactions entre la transition écologique (changement climatique, raréfaction des ressources, multiplication des risques sanitaires et altération de la biodiversité) et les conditions de travail.

La consultation, effectuée en ligne entre le 2 et le 21 mai 2023, a réuni 1396 répondants. L’Anact précise que cette consultation n’étant pas un sondage, certaines catégories sont surreprésentées parmi les salariés actifs français : les CSP + (67 %), les femmes (67 %), les agents de la fonction publique.

Les résultats sont disponibles en ligne, de même que le rapport complet.

Une prise de conscience, des actions limitées

Pour 81 % des répondants, la transition écologique constitue un enjeu stratégique pour leur structure, et 83 % pensent que son activité va être impactée.

Si le sujet est bien ancré dans les mentalités, les passages à l’action paraissent perfectibles : 52 % des répondants estiment qu’il s’agit « seulement de quelques actions ». Et dans le détail, ces actions semblent cantonnées à l’acte 1 du plan de sobriété énergétique présenté par le gouvernement à l’amorce de l’hiver 2022-2023, puisqu’elles sont relatives aux éco-gestes (82 %), aux questions de mobilité (69 %) et à la sensibilisation des salariés (63 %).

Les mesures plus structurelles concernant l’environnement de travail, la politique d’achats et les investissements sont moins systématiques, tout comme « la prévention des risques (44 %), pourtant engageante dans la durée et utile dès à présent du fait de l’augmentation des températures ».

L’Anact en conclut que « les actions de nature préventives, organisationnelles et stratégiques demandent à être renforcées ».

Des interactions positives attendues

L’impact de la crise écologique sur leurs conditions de travail n’est pas facile à appréhender par les répondants : 38 % pensent qu’elle va les dégrader, 35 % estiment que l’effet sera neutre ou favorable, tandis que 27 % ne savent pas se prononcer.

Cependant, 51 % des répondants estiment que les actions en faveur de la transition déjà en œuvre dans leur organisation ont, ou vont avoir, un effet favorable sur l’amélioration des conditions de travail. Au travers de trois registres principaux : l’environnement de travail (pour 72 %), la politique de déplacement (pour 72 %), l’organisation du travail (70 %).

En parallèle, 86 % pensent aussi que l’amélioration des conditions de travail peut contribuer de façon positive à la transition écologique (via des actions portant sur la qualité du travail, la qualité des produits, l’évolution des modes de production, l’amélioration du dialogue social).

L’Anact souligne l’écart entre la vision des professionnels (Anses, Cese) sur « l’augmentation des risques professionnels liés au réchauffement climatique » et la perception d’une majorité de répondants qui ne se sent pas plus exposée.

Un dialogue social qui peine à s’élever dans la hiérarchie

91 % des participants à la consultation déclarent échanger sur le sujet de la transition écologique au travail. Ces échanges se déroulent principalement entre collègues (pour 75 %), plus rarement dans des réunions avec la direction (47 %) et avec les manageurs (42 %).

Par ailleurs, parmi les 21 % de répondants exerçant une fonction de représentant du personnel, 60 % déclarent avoir déjà traité d’un sujet relatif à la stratégie ou la politique environnementale. La négociation d’un accord ou d’une clause (23 %), ou la prise de décision stratégique sur le sujet de la transition écologique (17 %) sont moins fréquents.

L’Anact considère que des marges de progression existent dans « le recours à la négociation et la participation des répondants du personnel à des décisions stratégiques » afin de « trouver les compromis entre prévention, activité et protection de l’environnement ».

Bernard Jaguenaud, rédacteur en chef

Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef

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