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Incendie du collège Pailleron à Paris, il y a 50 ans
Le 6 février 1973, un incendie criminel se déclare au collège Pailleron à Paris et embrase, en une trentaine de minutes, le bâtiment tout entier. La structure métallique du collège fond et s’écroule comme un château de cartes, faisant 20 morts dont 16 enfants.
Il est environ 19 h 40 ce mardi 6 février 1973 lorsqu’un garçon de 15 ans, élève du collège Édouard Pailleron à Paris, aidé par un de ses camarades, met volontairement le feu à une corbeille à papier dans une salle d’étude située au rez-de-chaussée de l’établissement scolaire. L’adolescent croit le collège vide à cette heure tardive et veut se venger de vexations de ses professeurs. Or, quatre salles dans les étages sont occupées par 38 élèves du conservatoire de musique du 19e arrondissement, âgés de 8 à 13 ans, et 4 professeurs.
La propagation de l’incendie
L’extension du feu est fulgurante. Les vides verticaux et horizontaux de ce type de constructions métalliques et le polystyrène utilisé comme isolant facilitent la propagation des flammes et des fumées toxiques.
L’une des élèves sort momentanément de sa classe et voit de la fumée dans l’escalier. Elle avertit son professeur qui demande à ses élèves d’évacuer les lieux. Les trois autres classes sont alertées. Mais tout à coup, les lumières s’éteignent. Dans le noir et avec les fumées, il n’y a plus aucune visibilité. En outre, comme c’est la première fois que le conservatoire utilise le collège pour ses cours de musique, personne ne connaît les lieux… Certains élèves avec leur professeur parviennent jusqu’au toit terrasse du hall d’entrée du collège.
Lorsque les pompiers arrivent à 19h50, ils dressent une échelle et sauvent des flammes et des fumées la vingtaine d’élèves et leur professeur coincés sur le toit terrasse.
À 20 h, une aile du collège s’effondre et le feu se propage à tout le bâtiment. Quelques minutes plus tard, l’édifice s’écroule.
À 21 h 30, l’incendie est maîtrisé.
Les pompiers pensent alors que le pire a été évité. Mais en progressant dans les ruines, ils découvrent des corps.
L’incendie aura fait 20 morts : 3 professeurs, la gardienne venue porter secours et 16 enfants.
Des collèges construits en toute hâte
C’est dans l’urgence que le CES Édouard Pailleron a été construit à la fin des années 1960. Celui-ci et près de 60 autres. Il fallait accueillir un nombre grandissant d’élèves (depuis 1959, la scolarité obligatoire s’est étendue de 14 à 16 ans).
Les structures métalliques modulaires sont utilisées par souci de rapidité. De nombreuses dérogations sont autorisées et les mesures de sécurité assouplies. Résultat : une résistance au feu de l’ossature acier de 15 minutes pour un bâtiment de quatre étages, des matériaux hautement inflammables, des plafonds et des cloisons non recoupés…
Les collèges de type Pailleron étaient à structures métalliques modulaires.
L’État renforce la réglementation des établissements scolaires
Dix-sept jours après le drame, le 23 février 1973, deux circulaires ministérielles précisent les obligations des chefs d’établissements scolaires relatives à la sécurité. Elles concernent notamment :
- les moyens d’alerte et d’évacuation (dispositifs d’alarme, issue et escaliers de secours, éclairages visibles de jour et de nuit, portes coupe-feu…) ;
- la constitution d’équipes de sécurité capables d’alerter les secours, d’organiser l’évacuation, de combattre les foyers d’incendie en attendant l’arrivée des sapeurs-pompiers et d’apporter les premiers soins ;
- la formation des élèves et du personnel au risque incendie par des conférences et des exercices ;
- les moyens de lutte (extincteurs, RIA…) ;
- les commissions de sécurité (rôle et compétence) ;
- l’interdiction de modifier les conditions de fonctionnement des locaux sans que les règles de sécurité n’aient été modifiées.
Faisant référence à l’occupation du collège Édouard Pailleron le soir par le conservatoire de musique, une nouvelle circulaire datée du 1er mars 1973 précise que le chef d’établissement demeure administrativement seul responsable de l’application du règlement de sécurité, quel que soit le motif d’occupation des locaux.
Que sont devenus ces établissements ?
Le combat acharné des familles des victimes a été déterminant concernant la sécurité des collèges de type Pailleron.
Après le sinistre, une campagne de réhabilitation et de mise en sécurité de ces collèges à structure métallique est menée : enlèvement du polystyrène, compartimentage des multiples espaces creux existants dans les structures…
Le rapport de 2013 de l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement comptabilisait 803 établissements (147 lycées et 656 collèges) comportant ou ayant comporté des bâtiments à structure métallique (dont 57 de type « Pailleron »). Parmi ceux-ci, 412 ont été réhabilités avec avis favorable de la commission de sécurité et 391 ont été détruits ou désaffectés.
Les procès de l’incendie du 6 février 1973
Le procès des deux mineurs incendiaires a lieu en novembre 1977 devant le tribunal pour enfants, à huis clos. Ils sont condamnés à 5 et 4 ans de prison avec sursis.
Puis c’est au tour du procès de l’Éducation nationale, des architectes et constructeurs du collège. Au total ce sont 9 inculpés qui comparaissent devant le tribunal. Ils sont condamnés à des peines de prison avec sursis. Mais elles ont toutes été amnistiées…
En savoir plus
Une vidéo (45min) sur le drame et le combat des familles des victimes est disponible ici.
Martine Porez – Journaliste
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