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Explosions à la raffinerie Total de La Mède, il y a 30 ans
Le 9 novembre 1992, une terrible explosion se produit dans la raffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône). Par effet domino, elle provoque d’autres explosions et des incendies. Bilan : 6 morts et 38 blessés.
Il est 5 h 20 ce lundi matin quand une violente détonation suivie d’un embrasement se produit à la raffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône) située sur les bords de l’étang de Berre. Les unités « gas-plant » et « cryogénie » ainsi que la salle de contrôle sont pulvérisées.
Immédiatement, les trois pompiers de garde du site sont à l’œuvre. Le responsable sécurité de la raffinerie arrive en 10 minutes et engage une première reconnaissance. Les pompiers du département se présentent 30 minutes après l’explosion qui a réveillé la population dans un rayon de quarante kilomètres.
D’autres explosions se produisent par effet domino. Et le feu se propage notamment à deux réservoirs et à deux racks de canalisations d’hydrocarbures.
Les plans d’urgence sont déclenchés
Le POI (plan d’opération interne) est déclenché à 5 h 48. Puis, en raison d’un nombre potentiellement important de victimes, le plan rouge est activé, suivi du PPI (plan particulier d’intervention). Quatre cents sauveteurs sont engagés avec une soixantaine d’engins, dont ceux, spécifiques et puissants, des sites pétrochimiques voisins.
Deux corps sont rapidement sortis des décombres de la salle de contrôle. À 9 h 15, un troisième corps est découvert près de l’unité « gas-plant ».
Des difficultés d’approvisionnement en eau
De multiples foyers occupent les pompiers et réclament de grandes quantités d’eau et d’émulseurs. Cependant, le réseau d’eau est endommagé. Une réserve de 10 000 m³ d’eau est alors employée mais elle nécessite d’installer 3,6 km de tuyaux de gros diamètres, ainsi que l’explique René Dosne dans Face au Risque n° 293.
À 9 h 50, une nouvelle explosion se produit au niveau d’un réservoir rempli de soude et d’essence.
Ce n’est que vers 12 h 30 que les différents incendies sont maîtrisés. Mais les sapeurs-pompiers laissent brûler quelques foyers afin de parer à toute propagation de gaz non enflammé.
Au cours de l’après-midi et le lendemain matin, trois autres corps sont découverts, portant à six le nombre de décès. 38 personnes sont blessées dont une grièvement.
Durant encore trois jours, les pompiers de Total surveillent les foyers résiduels et mettent le site en sécurité.
Peu de dommages environnementaux
Selon le Barpi (fiche Aria n° 3969), les eaux d’extinction ont été collectées dans les bassins d’orage d’une capacité de 30 000 m³ de la raffinerie. Une fois traitées, elles sont rejetées vers le Rhône. Six barrages flottants ont été disposés sur l’étang de Berre et les canaux voisins du site.
Côté qualité de l’air, les mesures réalisées par le réseau Airfobep n’ont pas détecté d’augmentation significative de polluants atmosphériques.
Enquêtes et responsabilités
Les conclusions des enquêtes techniques, administratives et judiciaires stipulent que l’accident est dû à une importante fuite de gaz sur une canalisation de l’unité « gas-plant ». Un nuage de gaz s’est alors formé et a trouvé, 100 m plus loin, une source d’allumage sur le four de l’unité « craqueur catalytique » provoquant la première explosion, les autres explosions étant dues à un effet domino.
Les enquêteurs ont relevé de nombreux manquements graves à la sécurité et mis en évidence des défaillances dans les contrôles et l’entretien des installations. Ils ont conclu que la catastrophe était « parfaitement prévisible ». Selon eux, la canalisation en cause était corrodée, vieille de trente-six ans et… jamais contrôlée pendant douze ans !
Le 24 avril 2002, après neuf années de procédures et plusieurs actions en nullité engagées par Total, trois anciens dirigeants et quatre cadres du groupe sont condamnés par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence entre 4 et 18 mois de prison avec sursis et à des amendes de 1 500 à 4 500 €. Quatre autres prévenus (deux fonctionnaires de la Drire et deux autres cadres de Total) sont relaxés.
La reconstruction
Trois mois après le sinistre, le site redémarre. Mais c’est en juillet 1994 que la raffinerie de La Mède reprend complètement ses activités. 18 mois de travaux ont été nécessaires pour reconstruire, moderniser et sécuriser le site. Le Barpi énonce, parmi les nouveaux dispositifs :
- des détecteurs de gaz plus nombreux et placés au plus près des risques ;
- une nouvelle salle de contrôle construite pour résister aux ondes de choc ;
- des automates qui gèrent les systèmes de sécurité ;
- des contrôles réguliers des canalisations.
Article extrait du n° 587 de Face au Risque : « Sûreté des JO 2024 : le grand saut » (novembre 2022).
Martine Porez – Journaliste
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