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Incendie du cinéma Le Select, il y a 75 ans
Le 30 août 1947, le cinéma de Rueil-Malmaison prend feu en quelques minutes pendant la projection d’un film. C’est un trop grand nombre de manquements à la sécurité qui conduit à la catastrophe.
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Le film « Étoile sans lumière », avec Édith Piaf et Serge Reggiani en tĂªte d’affiche, est projetĂ©, en ce samedi soir du 30 aoĂ»t 1947, au cinĂ©ma Le Select de Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, aujourd’hui Hauts-de-Seine).
La salle, qui peut accueillir 600 personnes, est pleine Ă craquer. Des chaises ont mĂªme Ă©tĂ© ajoutĂ©es dans les allĂ©es si bien que 800 personnes sont entassĂ©es sur les trois niveaux – un rez-de-chaussĂ©e et deux balcons – de cette ancienne salle des fĂªtes transformĂ©e en cinĂ©ma 15 ans auparavant.
Il est 21 h 40 quand les tentures en velours rouges qui garnissent la salle s’enflamment.
Les spectateurs sont invitĂ©s Ă Ă©vacuer par le directeur. Malheureusement, l’issue de secours est bloquĂ©e. Seule la porte d’entrĂ©e peut servir d’échappatoire. C’est la panique. Les gens se bousculent. Et le feu se propage rapidement aux sièges, aux vĂªtements et Ă l’escalier en bois qui devient impraticable. C’est le piège pour les spectateurs qui se trouvent dans les balcons. Certains sautent par-dessus les rambardes mais se blessent ou se tuent. Et bientĂ´t, les balcons eux-mĂªmes s’écroulent.
Les secours
Les pompiers arrivent rapidement. Mais en Ă peine 20 minutes, le bĂ¢timent a entièrement brĂ»lĂ©. Il s’agit alors de porter secours aux victimes. Les pompiers, venus de diffĂ©rentes casernes, sont aidĂ©s par les volontaires de la Croix-Rouge et de plusieurs autres associations.
Une centaine de personnes gravement blessées sont hospitalisées. Au total, 89 personnes trouvent la mort dans ce sinistre. La moitié a moins de 20 ans.
De nombreux dysfonctionnements
L’enquĂªte met tout d’abord en lumière une installation Ă©lectrique dĂ©fectueuse. C’est un mauvais isolement des fils conducteurs qui serait Ă l’origine de l’incendie. Elle pointe ensuite une longue liste de manquements Ă la sĂ©curitĂ© qui ont menĂ© au drame :
- portes trop Ă©troites,
- issue de secours bloquée,
- absence d’un second escalier,
- extincteur et tuyau d’incendie inopérants,
- tentures non ignifugées,
- chaises ajoutées…
La responsabilité du directeur de l’établissement est établie. Il est condamné le 19 avril 1948 à 1 an de prison et 6 000 francs d’amende pour homicides et blessures involontaires.
Cependant, les charges pèsent également sur le maire. En effet, c’est lui qui préside la commission communale de sécurité qui aurait dû effectuer des visites semestrielles dans ce type d’établissement accueillant du public. La dernière visite de la commission remontait au 26 octobre 1946. Divers manquements à la réglementation avaient alors été signalés mais n’ont pas été suivis d’effets.
Les charges pèsent aussi sur le préfet qui doit contrôler l’action du maire, voire se substituer à lui. Cependant, selon la loi de 1790, les juges ne peuvent statuer sur les actes d’administrateurs si ces actes se rapportent à leurs fonctions. Ainsi, ni le maire, ni le préfet ne sont condamnés.
Des évolutions dans la réglementation
Les règles édictées par le décret du 7 février 1941 alors en vigueur, qui donne au maire un rôle essentiel dans la prévention incendie et définit les commissions et visites de sécurité, n’ont visiblement ici pas été suivies et ont conduit au drame.
Sept ans après ce sinistre, le dĂ©cret du 13 aoĂ»t 1954 est promulguĂ©. Il classe les Ă©tablissements par catĂ©gorie selon l’effectif total accueilli. Il faudra attendre encore 11 ans pour que soit publiĂ© le premier règlement de sĂ©curitĂ© des Ă©tablissements recevant du public (ERP). Il s’agit de l’arrĂªtĂ© du 23 mars 1965 contre les risques d’incendie et de panique.
Article extrait du n° 584 de Face au Risque : « Reconnaissance faciale » (juillet-août 2022).
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Martine Porez – Journaliste
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