Accidents technologiques. Les événements industriels de l’année 2020
Le Barpi, Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels, analyse les événements survenus en 2020 dans les installations classées pour la protection de l’environnement.
Base de données Aria. Les informations relatées dans cet article sont issues de la base de données Aria (analyse, recherche et information sur les accidents) du ministère chargé de l’environnement, accessible gratuitement. Elle dénombre, au 31 décembre 2020, plus de 55 000 événements. L’inventaire est à retrouver ici.
Une année marquée par la pandémie de Covid-19
L’année 2020 a été une année inédite avec la survenue de la pandémie qui se prolonge en 2021. Le fonctionnement normal des installations industrielles a pu être contrarié par des baisses d’activité ainsi que des perturbations et contraintes induites par cette crise (cf . Cf. Incendie dans un poulailler, Aria n° 56340) :
- ressources humaines indisponibles ;
- maintenance perturbée ;
- fragilisation des ventes et augmentation des stocks ;
- modification rapide des gammes de produits et de production ;
- arrêts de production non prévus.
Cela se traduit dans les chiffres :
Concernant les établissements Seveso, l’année 2020 enregistre une baisse significative des événements et une baisse plus légère des accidents.
Concernant les établissements non Seveso, le Barpi constate une baisse significative des accidents et des événements.
Le nombre d’accidents majeurs reste dans l’épure de la moyenne de ces dernières années (moyenne : 5,25 / écart-type : 1,8).
Les secteurs d’activité en cause
Les trois principaux contributeurs (déchets, chimie-pharmacie, agroalimentaire) n’ont pas changé par rapport à l’année précédente (voir graphique 3 ci-dessous).
Les phénomènes dangereux
Les incendies sont présents dans 80 à 93 % des accidents dans les secteurs des déchets, de la construction mécanique ou du travail du bois.
Les rejets de matières dangereuses sont présents dans 75 à 88 % des accidents des secteurs des déchets, de la chimie, de l’agroalimentaire, et de la logistique (voir graphique 4 ci-dessous).
Des conséquences humaines en baisse
Cinq salariés ont perdu la vie en 2020, en baisse par rapport à 2019.
En revanche, le nombre de blessés a été divisé par 2,5 passant de 631 à 245. La baisse est aussi forte pour les blessés recensés chez les sauveteurs ou les riverains.
Le nombre de blessés graves est également en forte baisse, passant de 46 à 16 (voir graphique 5 ci-dessous et cf. Incendie dans un centre de tri des déchets, Aria n° 56420.
Les conséquences environnementales, économiques et sociales
79 accidents ont eu des conséquences sur l’environnement contre 99 en 2019, en baisse de 20 % (cf. Pollution de l’Aisne par une usine de produits laitiers, Aria n° 55926).
En revanche, les conséquences économiques et sociales sont importantes. 76 % des accidents ont pour conséquences des pertes matérielles ou de production.
Le Barpi a connaissance des montants pour environ 13 % des accidents (contre 21 % en 2019).
On peut noter que dans environ 16 % des accidents, les employés sont mis au chômage technique, une partie de l’outil de production étant inutilisable (cf. feu dans un centre de traitement de déchets dangereux, Aria n° 55574).
Aller jusqu’au bout de l’analyse : une obligation pour progresser
Les perturbations (ou causes premières) sont les parties visibles des dysfonctionnements : panne matérielle, emballement de réaction, mauvaise manipulation.
Se limiter, par exemple, à changer un matériel en panne ne résoudra que ponctuellement le problème. Pour s’en prémunir, il faut aller jusqu’à l’identification des causes profondes ou causes racines qui sont à l’origine de ces perturbations et mettre en place les solutions correctives (tout comme le jardinier éradique la racine des mauvaises herbes pour éviter qu’elles ne repoussent).
Malheureusement, le taux de connaissance des perturbations est en forte baisse, redescendant aux niveaux de 2015 (voir graphique 6 ci-dessous).
Au niveau des perturbations émergentes, on retrouve les écarts matériels, les interventions humaines et les pertes de contrôle des procédés.
À noter que pour le Barpi, la notion d’écart matériel regroupe tout dysfonctionnement amenant un matériel à ne pas répondre à sa fonction initiale. Ainsi, un capteur mal positionné ou mal étalonné ne répondra pas à sa fonction initiale qui est de mesurer une valeur correspondant à la réalité.
Le taux de connaissance des causes profondes s’établit à 36 % pour les accidents survenus sur les ICPE en 2020.
Ces causes profondes regroupent différentes familles de défaillances (voir graphique 7 ci-dessous) telles que :
- organisation des contrôles ;
- formation et qualification du personnel ;
- ergonomie du poste de travail ;
- choix des équipements et procédés ;
- etc.
Article extrait du n° 576 de Face au Risque : « Sûreté des chantiers » (octobre 2021).
Vincent Perche
Responsable de la cellule chimie, informatique et équipements sous pression du Barpi (Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels)
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