Environnement et biodiversité : pourquoi les entreprises doivent s’en soucier?
Les Entretiens du risque, organisés le 3 décembre 2019 par l’IMdR, avaient pour thème « Prendre en compte la dimension éthique pour mieux maîtriser les risques ». L’occasion d’aborder une multitude de sujets différents dont celui de l’environnement, qui n’est plus seulement une considération éthique mais un enjeu de survie de l’humanité.

« Nous sommes en train de détruire la planète. » C’est sur ces mots que Rita Fahd, administratrice de France Nature Environnement, a débuté sa présentation sur la prise en compte de l’éthique dans l’approche environnementale de l’entreprise lors des Entretiens du risque 2019 organisés par l’Institut pour la maîtrise des risques (IMdR).
Une affirmation qu’elle a étayé de chiffres : un million d’espèces animales et végétales sont menacées, les trois quarts de l’environnement terrestre et 66% du milieu marin sont significativement modifiés par l’activité humaine, la pollution plastique a été multipliée par 10 depuis 1980, 300 à 400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus de sites industriels sont déversés chaque année dans le monde!
Risques opérationnels, financiers et d’image
Des chiffres qui font froid dans le dos et qui montrent à quel point les entreprises jouent un rôle dans la destruction de la planète. « Pourtant, le sujet de la biodiversité n’est pas pris en compte par les entreprises », se désole Rita Fahd. Si un quart des entreprises reconnaissent que leur activité a un impact fort sur l’environnement, ces dernières travaillent davantage sur des sujets comme la pollution de l’air, les déchets ou les nuisances sonores.
Mais quel intérêt auraient les entreprises à se soucier de la biodiversité ? « C’est grâce à la biodiversité qu’on se nourrit, qu’on boit, qu’on crée des médicaments…, énumère Rita Fahd. Elle permet aussi une meilleure régulation climatique et apporte des services culturels et touristiques.»
Pour les entreprises, la destruction de la biodiversité représente également des risques non négligeables. À commencer par des risques opérationnels, comme des ruptures d’approvisionnement. Mais aussi des risques financiers, à travers par exemple l’augmentation des primes d’assurance. Sans oublier le risque d’image, les entreprises étant désormais soumises à la pression d’ONG et d’associations, voire de leurs clients et actionnaires, sur ces questions environnementales.
L’entreprise, partie de la biosphère
Alors comment faire ? Comment les entreprises peuvent-elles agir en faveur de la biodiversité en particulier et de l’environnement en général ? Rita Fahd invite les entreprises à adopter une vision holistique, à se voir comme étant une partie de la sphère économique, elle-même une partie de la sphère des activités humaines, elle-même incluse au sein de la biosphère. « Cette vision permet de se rendre compte que l’entreprise n’existera plus si la biosphère n’existe plus », souligne Rita Fahd.
« Il ne s’agit plus, comme le prône la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE) de trouver un compromis entre l’aspect environnemental, l’aspect social et l’aspect économique mais de protéger la nature pour protéger l’homme et l’ensemble de ses activités dont font partie les entreprises. »
Le problème avec la biosphère, c’est qu’elle ne se mesure pas, ou difficilement. « Comment mesurer la valeur intrinsèque de la nature ? », questionne Rita Fahd. C’est difficile… Or, les entreprises aiment les chiffres. Si des initiatives çà et là cherchent à traduire en chiffres les questions environnementales, Rita Fahd propose de changer la manière de gouverner les entreprises, de ne plus s’intéresser aux profits à court terme mais de se poser la question des impacts à 10, 20, 30 ans, voire plus.
Revoir la gouvernance de l’entreprise
« Il s’agit avant tout de se demander quels impacts les décisions prises auront sur les générations futures », résume-t-elle. L’administratrice de France Nature Environnement reconnaît que l’entreprise n’est pas adaptée à un temps aussi long mais invite à essayer, à changer de vision, à produire tout en maintenant un équilibre naturel. Et à ne surtout pas détruire pour ensuite compenser. « C’est un leurre ! Une forêt primaire ne se compense pas », s’insurge-t-elle.
La question de la biodiversité pose finalement la question de la gouvernance de l’entreprise, afin que ses activités soient davantage en harmonie avec la nature. « Jusqu’à présent, l’entreprise devait maximiser ses profits afin de distribuer des dividendes aux actionnaires tout en répondant aux besoins de ses clients. Aujourd’hui, elle doit faire la même chose mais dans le respect de l’écosystème », conclut Rita Fahd.
Ève Mennesson
Journaliste
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