Éblouissement solaire et sécurité aérienne : création d’un collectif français
En juin 2025, un Bureau Prévention et Vigilance – Risques d’Éblouissement Solaire sur le Transport a vu le jour. Il regroupe des pilotes d’avion, des contrôleurs aériens, des experts, des développeurs photovoltaïques, des avocats et des assureurs. Son objectif : trouver des solutions aux perturbations causées par l’éblouissement lié aux panneaux solaires.

Créé en juin 2025, le Bureau Prévention et Vigilance – Risques d’Éblouissement Solaire sur le Transport (PV-REST) regroupe un collectif de pilotes, de contrôleurs aériens, d’experts, de développeurs photovoltaïques, d’avocats et d’assureurs. À ce jour, le collectif regroupe environ 200 membres, il s’est constitué à la suite de l’incident survenu à l’aéroport International d’Amsterdam-Schiphol. Parmi les plus grands d’Europe, l’aéroport a été contraint à la fermeture de sa piste principale en raison de l’éblouissement causé par les reflets sur les panneaux solaires d’une centrale à proximité. Des pilotes se sont plaints d’une gêne visuelle importante lors des phases critiques d’atterrissage, les empêchant de voir la piste principale et de manœuvrer en sécurité. Il a été convenu la fermeture de cette piste de 10 heures à midi les jours ensoleillés, préalablement au démantèlement partiel des panneaux.
« Cela témoigne des conséquences opérationnelles et sécuritaires que peut entraîner l’absence de précaution adaptée. Ce risque dû à l’éblouissement par des panneaux solaires est bien réel et devrait être pris en considération par la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) qui a la responsabilité de maintenir le meilleur niveau de sécurité pour les équipages », déclare Anthony Madern, pilote de ligne et porte-parole du Bureau PV-REST. En octobre 2024, la Direction Générale de l’Aviation Civile a levé l’obligation de réaliser des études d’éblouissement, en vigueur depuis 15 ans, pour les projets solaires à proximité des zones aéroportuaires, sous motif de simplification administrative. « Cette décision prise sans consultation des parties prenantes est totalement injustifiée. Elle ne prend pas en compte les préconisations du Parlement Européen ni de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) concernant le maintien d’une vigilance accrue pour les grandes surfaces réfléchissantes aux abords des aérodromes. De nombreux professionnels, développeurs, pilotes, contrôleurs aériens, assureurs, avocats ou exploitants aéroportuaires, redoutent qu’en l’absence d’une réglementation préventive un incident majeur survienne », explique François Versini-Campinchi, avocat spécialisé dans les énergies renouvelables, cabinet CGR Avocats.
Un appel officiel aux pouvoirs publics
« Début septembre, nous avons adressé une lettre au Ministre des Transports, à la DGAC, ainsi qu’aux Commissions parlementaires du Sénat et de l’Assemblée Nationale et qu’aux institutions Européennes, demandant le rétablissement immédiat de l’obligation d’études d’éblouissement systématique pour tout projet photovoltaïque proche des aérodromes. Alors que le photovoltaïque traverse une période de contestation sur plusieurs fronts, tout incident ou accident affectant la sécurité aérienne serait largement exploité pour mettre en cause sa légitimité, ainsi que la crédibilité de la DGAC dans sa capacité à maintenir le meilleur niveau de sûreté pour l’aviation, ainsi que des institutions qui l’encadrent », déclare le Bureau PV-REST.
Les développeurs présents dans le groupement indiquent qu’il est impératif de concilier les objectifs de transition énergétique et le développement de la filière avec les exigences de sécurité aérienne. « La DGAC a fait le choix d’aller à contresens du principe de précaution alors que la réglementation se durcit aux abords des réseaux ferré et routier, et de ses voisins européens qui renforcent leur vigilance. Aucun représentant de la filière photovoltaïque, assureur ou expert indépendant n’a été consulté pour caractériser l’impact réel de cette déréglementation », ajoute Marceau Leroux, porte-parole et Directeur France d’Enerparc. Le collectif souligne que la réalisation d’une étude d’éblouissement est une démarche peu contraignante pour les développeurs de projets photovoltaïques. Le collectif a pris contact avec un expert de l’éblouissement photovoltaïque pour aborder les enjeux techniques de ces études.
PV-REST soutient pleinement le développement de l’énergie solaire, mais rappelle qu’il est indispensable d’assurer une stricte compatibilité avec les impératifs de sécurité aérienne, sur le territoire national et dans l’Union européenne. « Nous demandons donc une concertation nationale et européenne sur une réglementation respectant le principe de précaution de sûreté aérienne et définissant des prescriptions techniques pertinentes », concluent les contrôleurs aériens membres du Bureau PV-REST.
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